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Théâtre : à la découverte de la petite soeur Grimm

- Lyne Barnabé

Dans son plus récent spec‐ tacle intitulé Little Sister Grimm, le dramaturge et marionnett­iste Kris Fleera‐ ckers se penche sur l’ori‐ gine des contes populaires des célèbres frères Grimm, avec comme personnage principal leur jeune soeur fougueuse, Charlotte Ama‐ lie.

Charlotte était intelli‐ gente, créative et elle aimait lire et écrire, explique Kris Fleeracker­s. Et surtout, elle ne se laissait pas faire, elle qui avait cinq frères plus vieux qu’elle!

Dans ce spectacle de ma‐ rionnettes pour petits et grands, l’artiste de Gibsons imagine l'apport fantaisist­e et ingénieux de la petite soeur Grimm auprès de ses frères désespérém­ent à la re‐ cherche de nouveaux contes de fées.

Il s’amuse à donner une voix à cette fillette qui, ado‐ lescente, a été cantonnée aux multiples tâches domes‐ tiques des membres de la fa‐ mille, suite au décès de leur mère.

Dans Little Sister Grimm, Charlotte choisit d'inventer la fin d’une histoire incomplète écrite par ses frères Jacob et Wilhelm, souligne le marion‐ nettiste.

C’est en parcourant des notes manuscrite­s des au‐ teurs allemands dans les‐ quelles ces derniers racon‐ taient leur processus de créa‐ tion que Kris Fleeracker­s a non seulement découvert ce conte inachevé, mais aussi l’existence de Charlotte Ama‐ lie Grimm.

J'ai trouvé sur Internet 11 lettres écrites par Charlotte. J'ai même dû apprendre l'écriture allemande du 19e siècle pour pouvoir les dé‐ chiffrer, dit l’artiste d’origine belge.

Ça a valu la peine parce que c'était la seule façon d'entendre la voix de mon personnage.

Kris Fleeracker­s, drama‐ turge et marionnett­iste

Contributi­on féminine

Ces manuscrits ont aussi permis à Kris Fleeracker­s de mieux comprendre la difficile réalité des femmes du 19e siècle.

Ces femmes vivaient dans l'ombre des hommes et avaient énormément de res‐ ponsabilit­és domestique­s.

Dans Little Sister Grimm, Kris Fleeracker­s donne ainsi une voix à une jeune femme qui a été oubliée par l’his‐ toire.

Charlotte prend le contrôle de l'histoire en y ajoutant sa propre fin, sa propre créativité.

Elle crée un conte de fées pour pouvoir survivre à son quotidien.

Kris Fleeracker­s, drama‐ turge et marionnett­iste

L’artiste poursuit en disant que les femmes ont d’ailleurs fortement contribué au tra‐ vail des frères Grimm.

Ces frères ont créé ce mythe qu’ils sillonnaie­nt le pays en quête de vieilles his‐ toires, mentionne l’artiste. Mais c'est faux. Ils ont plutôt demandé aux gens de venir leur raconter des histoires chez eux.

Plus de la moitié de ces contes a été racontée par des femmes!

Kris Fleeracker­s, drama‐ turge et marionnett­iste

Manipuler avec soin

Manipulant 14 person‐ nages, Kris Fleeracker­s, seul sur scène, a dû faire preuve d’ingéniosit­é pour la création de ses marionnett­es.

Pour les marionnett­es re‐ présentant Charlotte et Jacob Grimm par exemple, l’artiste s’est inspiré du bunraku, une tradition japonaise qu’on tra‐ duit aussi par marionnett­es de table.

Il y a des tiges qui contrôlent les bras et la tête et un sac de sable à la base. Les marionnett­es peuvent donc rester debout par ellesmêmes pendant que j’en ma‐ nipule d'autres.

Autre particular­ité de cette pratique japonaise : les marionnett­es sont manipu‐ lées à vue.

On ne veut plus tellement cacher les marionnett­istes maintenant. De nos jours, avec le cinéma et l’animation, on n’a plus besoin d'avoir cette illusion-là. Je préfère ex‐ poser la magie.

Pour les autres person‐ nages de son spectacle, Kris Fleeracker­s a opté pour des marionnett­es à fils, s’inspi‐ rant ainsi de sa propre culture flamande.

J’ai créé une version à cônes pour pouvoir les dépo‐ ser elles aussi. Elles sont un style qui évoque des cartes de tarot, spécifie le marion‐ nettiste.

Kris Fleeracker­s a toujours été fasciné par l'univers de la marionnett­e, lui qui a com‐ mencé à fabriquer des ma‐ rionnettes à l’âge de six ans dans sa Belgique natale.

Les marionnett­es per‐ mettent au public de collabo‐ rer dans la création d'une histoire sur scène. Ce n'est pas juste moi qui fais bouger les marionnett­es. C’est aussi le public qui projette son imaginaire et qui les fait vivre. C'est un beau travail de collaborat­ion.

Destinée aux enfants âgés de plus de cinq ans, la pièce Little Sister Grimm est pré‐ sentée en anglais du 12 au 14 avril au Presentati­on House de North Vancouver.

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