Le Parti québécois détaille son plan en habitation
Le Parti québécois (PQ) pro‐ fite de son Conseil natio‐ nal, cette fin de semaine à Drummondville, pour mettre la touche finale à un plan d'action contre la crise du logement. « On ne peut pas attendre 2026 avant d'avoir des proposi‐ tions », insiste la porte-pa‐ role de la formation, Mé‐ ganne Perry Mélançon, au terme d'une tournée pro‐ vinciale.
Mme Mélançon a par‐ couru le Québec du 14 fé‐ vrier au 28 mars, six se‐ maines au cours desquelles elle a rencontré plus de 120 intervenants, dont des élus municipaux.
Elle présentera samedi le bilan de cette tournée habi‐ tation.
On a recueilli beaucoup de pistes de solutions, as‐ sure-t-elle en entrevue avec Radio-Canada. On ne peut pas attendre, en pleine crise du logement, on veut pou‐ voir agir dès maintenant.
Ça pourra être notre offre pour les prochaines années, voire la prochaine élection, dit-elle des propositions qui seront soumises aux délé‐ gués.
On y retrouve des me‐ sures de la dernière plate‐ forme électorale du PQ ou encore de son Plan d'accès à la propriété, présenté en fé‐ vrier, telles qu'interdire les locations de type Airbnb pra‐ tiquement partout où sévit une crise du logement, à l'ex‐ ception des zones de villégia‐ ture, établir un registre pu‐ blic des loyers, étendre la protection contre les évic‐ tions aux aînés de 65 ans et plus à bas revenus et offrir un taux d'intérêt réduit aux premiers acheteurs de mai‐ sons.
L'ex-députée de Gaspé in‐ siste toutefois sur la néces‐ sité de venir en aide aux mu‐ nicipalités nouvellement aux prises avec le phénomène de l'itinérance.
Comme on a présente‐ ment très peu de logements abordables au Québec, ça crée une pression sur le loge‐ ment dit transitoire, explique Méganne Perry Mélançon. On voit qu'il y a vraiment une chaîne de services qui est dé‐ faillante dans beaucoup de municipalités et, donc, on de‐ mande à ce qu'il y ait une augmentation de cette offre d'hébergement pour une clientèle avec des besoins particuliers.
Elle donne l'exemple de la ville de Dolbeau-Mistassini, au Lac-Saint-Jean, et de la MRC de Montcalm, dans la région de Lanaudière, où l'iti‐ nérance est maintenant très visible, alors que les res‐ sources d'hébergement d'ur‐ gence sont insuffisantes.
La porte-parole du PQ soutient par ailleurs avoir senti beaucoup de grogne. J'aurais aimé que la ministre [de l'Habitation, FranceÉlaine] Duranceau soit là pendant les échanges, ditelle.
Le gouvernement de la
CAQ en fait trop peu, selon elle, notamment pour ac‐ croître l'offre de logements.
L'immigration en trame de fond
En entrevue à l'émission Les coulisses du pouvoir, le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, convient qu'il n'a pas de solutions magiques à la crise du logement, mais promet de se distinguer de ses adversaires en ayant l'honnêteté intellectuelle d'aborder la question de la demande en matière d'habi‐ tation.
Un certain nombre de po‐ liticiens, que ce soit [Pierre] Poilievre et [ Justin] Trudeau à Ottawa, ou que ce soit Ga‐ briel Nadeau-Dubois, Marc
Tanguay, ici au Québec, vont vous dire que si on construit plus, tout va s'arranger, dé‐ plore-t-il au cours d'un entre‐ tien qui sera diffusé di‐ manche à ICI Télé et à ICI RDI.
Il faut être capable d'abor‐ der la question du nombre de personnes accueillies par année, et ça, plusieurs partis politiques ne le mentionnent pas.
Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois
Le chef du PQ fait valoir que le nombre de mises en chantier ne suit pas la courbe de l'immigration au Québec. Pourrait-il lier le nombre de nouveaux arrivants à la construction de logements?
On profite du Conseil na‐ tional pour arriver avec des mesures plus spécifiques, se contente-t-il de répondre.
De la quarantaine de pro‐ positions qui feront l'objet de débats, aucune ne porte spé‐ cifiquement sur l'immigra‐ tion. La question a pourtant bel et bien fait partie des dis‐ cussions durant sa tournée, assure Méganne Perry Mé‐ lançon.
Ce qu'on me dit, c'est que oui, ça fait partie des causes, dit-elle. C'est évident que ça accentue cette crise-là, ça met une pression énorme sur les ressources dont je parlais qui ont déjà de la dif‐ ficulté à réaliser leur mis‐
sion.
On a beau trouver toutes les solutions possibles pour stimuler l'offre, s'il n'y a rien qui est fait pour contrôler la demande, on ne sera pas avancé.
Méganne Perry Mélançon, porte-parole du Parti québé‐ cois, à propos de la crise du logement
Même à Gaspé, d'où elle est originaire, certains sou‐ lignent l'importance de cette question. On voit certains grands employeurs qui vont acheter beaucoup de mai‐ sons pour essayer de loger leur main-d'oeuvre, expliquet-elle, souvent des tra‐ vailleurs étrangers.
On ne fait pas exception, conclut-elle. On essaie de trouver une façon de com‐ bler la pénurie [de maind'oeuvre], mais ça ne vient pas régler tout, parce qu'on est aux prises avec le même problème de logement ici à Gaspé qu'ailleurs au Québec.