Débat sur les éoliennes : la démission de Bernard Thompson fait réagir
Les réactions sont divisées à la suite de la sortie de Bernard Thompson, qui s’est vidé le coeur après sa démission comme maire d’Hérouxville jeudi. Il a écorché au passage l’Union des producteurs agricoles (UPA) et les opposants aux éoliennes avec qui selon lui il est rendu impossible d’avoir une discussion constructive.
Bernard Thompson avait affirmé en entrevue que l’UPA, avec sa sortie intimant les élus municipaux à prendre position à propos des éoliennes, avait instru‐ mentalisé les élus.
Martin Marcouillier, pré‐ sident de la Fédération de l'UPA de la Mauricie, rejette ces critiques. C'était simple‐ ment ce qu'on peut considé‐ rer comme une étude qui pourrait permettre aux muni‐ cipalités de voir qu’il y avait des citoyens qui sont pour la protection du territoire, dit-il.
Il rejette également que les adversaires des éoliennes ne soient pas ouverts à la discussion.
Je pense qu’il y a encore de la place à beaucoup de discussions, dit-il.
On est allé rencontrer les élus justement à Saint-Nar‐ cisse pour leur présenter le point de vue de l’UPA, toutes les conséquences, parce que souvent je pense que le pro‐ jet est présenté beaucoup en survol, ajoute-t-il.
Il rappelle que l'UPA sou‐ haite d’abord et avant tout protéger les terres agricoles et souhaite que le gouverne‐ ment tranche pour mettre fin aux divisions au sein de la population.
J’ai hâte que justement le gouvernement mette ses cu‐ lottes et qu’ils mettent un rè‐ glement en place. Nous, de notre côté, le ministre de l'Agriculture l’a dit, si c'est en zone agricole, ce sont des ac‐ tivités agricoles qu'il veut. Donc il reste qu'il y a une loi qui devra être adoptée et qu'on protège nos terres, conclut-il.
Un constat qui est partagé par le propriétaire de la ferme Le Campanile à SaintMaurice, Jean Guilbert, qui déplore que l’ancien maire se soit attaqué à l’UPA et aux autres conseillers pour justi‐ fier sa démission.
Ça m'a déçu parce que les membres de l'UPA, les pro‐ ducteurs agricoles, ce qu'ils défendent, c'est le territoire là alors que c'est aussi son rôle de défendre le territoire, dit-il.
Je pense que quelqu'un qui a fait le choix d'être élu doit s'attendre à des cri‐ tiques. C'est sûr que présen‐ tement les élus sont très criti‐ qués. C'est le seul moyen que les citoyens ont de se dé‐ fendre, c'est d'aller voir leurs élus, dit-il.
Quelqu'un qui dit que c'est de la faute de mes col‐ lègues, c'est la faute de ma population, c'est de jouer un peu la victime dans ce senslà, ajoute-t-il.
Un climat tendu dans les municipalités
Le maire de Saint-Narcisse et préfet de la MRC des Che‐ naux, Guy Veillette, s’est dit surpris du départ de M. Thompson, mais voit quand même plusieurs similitudes avec des enjeux auxquels il fait aussi face dans sa région.
On est visé par le même projet, puis on entend les mêmes vents d'opposition qui existent de la part de la population. Alors ça repré‐ sente une pression assez im‐ portante que vivent les élus municipaux, dit-il.
Il déplore que le débat di‐ verge hors des champs de compétence des municipali‐ tés. Le débat a notamment divergé vers des questions comme celle du mandat d’Hydro-Québec.
Ce sur quoi on doit sta‐ tuer, c'est si on veut cette en‐ treprise-là et comment on balise l'implantation ou pas des éoliennes sur nos terri‐ toires. C'est le véritable enjeu qui touche les municipalités. Mais on n'a pas à se ques‐ tionner sur la privatisation d'Hydro-Québec, dit-il.
Il appelle au calme dans la teneur des débats en ce qui concerne le projet.
Je pense qu'il faut demeu‐ rer toujours civilisé. Il faut être capable de se parler. Il faut être capable d'argumen‐ ter sur les points, faire la part des choses, de déterminer quels sont les vrais enjeux, quels sont les éléments de préoccupation qu'on doit adresser, conclut-il.
TES Canada a également commenté la démission de M. Thompson.
Dans une déclaration écrite, l'entreprise estime qu'il est normal que son pro‐ jet génère des discussions nécessaires et des débats. Mais qu'il importe que le dé‐ bat se fasse sur des bases factuelles et dans le respect.
TES Canada se dit consciente de ne pas avoir réponse à toutes les ques‐ tions dès maintenant, mais c’est ce qu'elle souhaite faire en collaboration avec les ac‐ teurs de la région.
L'entreprise conclut en mentionnant être engagée dans un processus rigoureux qui sera évalué par de nom‐ breux experts gouvernemen‐ taux et qui permettra à la po‐ pulation de s’exprimer. Ce processus mènera à la tenue d’un BAPE d'ici 18 mois.
Avec les informations d'Alexandre Painchaud