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La faiblesse des stocks de crevettes au large de Sept-Îles a raison du Viking 2

- René Landry

Un crevettier, à Sept-Îles, sur la côte nord du Québec vient d'être remis en cale sèche après une sortie de pêche peu concluante. Les stocks sont à leur plus bas et une faible allocation d'un peu plus de 3000 tonnes a été accordée aux flottilles de l'Atlantique et du Québec.

On a remis ça sur les blocs, laisse tomber le capi‐ taine du Viking 2, en parlant du bateau de 55 pieds. On a remonté ça, ça ne valait vrai‐ ment pas la peine.

On voulait voir, mais on a bien vu qu'il n'y avait rien à voir.

Sylvain Bujold, pêcheur de Carleton, en Gaspésie

Le pêcheur n'est pas pro‐ priétaire du bateau, mais il est capitaine à son bord de‐ puis une quinzaine d'années. Il s'agit d'un bateau de la communauté Uashat Mak Mani-Utenam, à Sept-Îles, sur la côte nord du Québec.

Sylvain Bujold n'a pas aimé ce qu'il a constaté sur les fonds de pêche. Ce pê‐ cheur expériment­é de Carle‐ ton, en Gaspésie, a connu de meilleures sorties en mer.

Lui et ses membres d'équipage voulaient en avoir le coeur net, en allant pêcher des crevettes destinées à des poissonner­ies de Sept-Îles.

On a pêché pendant 7 jours et demi, 24 heures sur 24 pour ramasser 7 900 livres de crevettes, explique-t-il. Ce n'est pas beaucoup. Avant, on prenait ça dans les pre‐ mières six heures de la pêche. La pêche ouvrait à mi‐ nuit et à six heures du matin, on avait déjà 7, 8 ou 10 mille livres de crevettes de prises.

De plus, il n'y avait que deux bateaux dans le secteur qui pêchaient la crevette.

On ne pouvait pas dire que c'était à cause des autres bateaux, constate-t-il.

Pour le directeur Jean Lan‐ teigne, directeur général de la Fédération régionale aca‐ dienne des pêcheurs profes‐ sionnels, la situation du Vi‐ king 2 vient confirmer les dif‐ ficultés dans l'industrie de la crevette au N.-B. cette année. Selon lui, la situation com‐ promet la saison.

Quand même qu’un pê‐ cheur irait pêcher, à qui il vend? Il n’y a pas d’usine [de transforma­tion]. La coop à

Lamèque a dit qu’elle n'en fe‐ rait pas, donc l’usine n’est pas ouverte. En Gaspésie, l’une des trois usines a passé au feu et les deux autres ne veulent pas ouvrir même si elles avaient dit qu’elles en feraient. On ne part pas une usine pour le plaisir de mettre ça en opération quand tu n’as pas de cre‐ vettes, analyse-t-il.

Des images pour la pos‐ térité

À Sept-Îles, comme dans des communauté­s de pêche au Nouveau-Brunswick, c'est une page d'histoire qui se tourne.

Le coordinate­ur de Pêche‐ ries Uapan, Benoît St-Onge, s'est organisé pour que le dernier débarqueme­nt de crevettes du Viking 2, mer‐ credi, ne soit pas oublié.

J'ai demandé à mon pho‐ tographe embauché d'aller immortalis­er possibleme­nt le dernier débarqueme­nt de crevettes à Sept-Îles, du moins pour la communauté de Uashat Mak Mani-Ute‐ nam, dit-il.

Il encaisse le coup, mais il ne perd pas espoir complète‐ ment.

Les changement­s clima‐ tiques sont présents, tout comme la prédation du sé‐ baste, note-t-il. Est-ce que c'est la fin de la crevette nor‐ dique dans la région de SeptÎles? J'aimerais pouvoir dire non. Mais, il faut de l'espoir quand même et penser que la ressource pourrait se rgé‐ nérer.

Le pêcheur Sylvain Bujold considère qu'il est tout de même chanceux de ne pas avoir de dettes. Mais, à 58 ans, il veut travailler encore quelques années.

Je vais arrêter de chercher de la crevette pis j'vais aller me chercher une job.

Pour Jean Lanteigne, les conséquenc­es de l'écroule‐ ment de cette industrie vont bientôt se manifester.

Petit à petit, les consé‐ quences vont commencer à se faire sentir dans les com‐ munautés côtières concer‐ nées, aussi bien ici qu’en Gas‐

pésie qu’à Terre-Neuve.

À l’inverse, durant cette période de crise, plusieurs membres du conseil d’admi‐ nistration se sont permis de quitter la région pour assis‐ ter à une conférence à Van‐ couver à la fin juillet 2023 et son président, M. Desjardins, suite à la conférence de Van‐ couver, est parti pour un sé‐ jour en Europe.

Extrait de l'avis de pour‐ suite de Robert Moreau, dé‐ posé en décembre 2023 en Cour du Banc du Roi

UNI répond directemen­t à ces critiques dans son ex‐ posé de la défense. L’institu‐ tion allègue que lors de cette conférence à Vancouver, des gens ont offert à des membres de son conseil d'administra­tion d'aider UNI et Robert Moreau.

Ces offres d’aide ont été communiqué­es au deman‐ deur (Robert Moreau) qui les a ignorées, affirme UNI dans un document déposé en cour récemment.

UNI allègue d'ailleurs que Pierre-Marcel Desjardins de‐ meurait en contact constant avec Robert Moreau et avec d’autres employés d’UNI lors de cette conférence. Il aurait même dû écourter son sé‐ jour à Vancouver pour se rendre au siège social d’UNI, à Caraquet.

Par la suite, Pierre-Marcel Desjardins s’est déplacé en Europe, où il a passé une portion significat­ive de son séjour en téléconfér­ence pour gérer la crise résultant du lancement hâtif de la pla‐ teforme, selon UNI.

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