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Une flambée des prix en immobilier se dessine en 2024, selon Royal LePage

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Anticipant une baisse des taux d'intérêt dès juin, les acheteurs canadiens sont de retour en force sur le marché immobilier. Or, cet engouement a fait bondir le prix des résidences lors du premier trimestre de 2024, explique la firme Royal LePage, qui révise à la hausse ses prévisions pour l'année.

La vigueur du marché au cours des trois premiers mois de l'année a surpris l'équipe de la firme de cour‐ tage. Les acheteurs sont re‐ venus vers le marché plus tôt que prévu, constate Marc Le‐ françois, courtier immobilier chez Royal LePage.

Au cours des derniers mois, plusieurs ménages avaient mis sur la glace leur projet d’achat d’une propriété face à la hausse rapide du taux directeur par la Banque du Canada.

Toutefois, calculant que les taux pourraient commen‐ cer à redescendr­e vers le mois de juin, les acheteurs se sont précipités et ont repris leurs démarches dans une course contre la montre, ex‐ plique Royal LePage dans un rapport publié vendredi.

Le problème est qu’avec un inventaire encore bien en deçà des besoins de la popu‐ lation grandissan­te, d’autres candidats ont eu la même idée, ce qui a eu pour effet de pousser les prix à la hausse de façon importante en l’espace d’un seul tri‐ mestre.

Dominic St-Pierre, viceprésid­ent sénior, développe‐ ment des affaires chez Royal LePage

Selon le rapport de la firme immobilièr­e, le prix de l’agrégat d’une propriété au Canada a augmenté de 4,3 % d’une année sur l’autre pour s’établir à 812 100 $ au pre‐ mier trimestre de 2024.

Initialeme­nt, on disait : quand les taux d'intérêt vont baisser, le marché va re‐ prendre son train d'aller vers le haut, explique M. Lefran‐ çois. À la lumière des don‐ nées du premier trimestre, c'est clair qu'on voit que le marché a déjà amorcé ça.

L'année 2023 a été plus calme, mais M. Lefrançois a observé un regain d'activité en décembre. Avec la hausse des taux d'intérêt, de nom‐ breux ménages propriétai­res ont décidé de repousser le moment où ils achèteraie­nt une maison plus grande.

Ce segment de marché a commencé à se dire : "OK, les taux vont baisser, je peux prendre [un prêt hypothé‐ caire à taux variable]. Je vais recommence­r à regarder."

Royal LePage révise donc à la hausse ses prévisions pour l'année 2024. À l'échelle nationale, la firme s'attend à ce que le prix des propriétés à la fin de l'année soit 9 % plus élevé par rapport à l'an dernier.

La prévision précédente [de 5,5 %] a été révisée à la hausse pour tenir compte d’un premier trimestre plus vigoureux que prévu, lit-on dans le rapport.

Et au quatrième trimestre de 2024, le prix d’une maison dans les grandes régions de Toronto et de Montréal de‐ vrait augmenter de 10 % et de 8,5 % d’une année à l’autre, soit les prévisions les plus élevées des principaux marchés au pays.

Même son de cloche du côté de l'Associatio­n cana‐ dienne de l'immobilier (ACI), qui a également mis à jour ses perspectiv­es pour l'an‐ née.

L'ACI indique qu'elle s'at‐ tend désormais à ce que 492 083 propriétés changent de mains cette année, soit une augmentati­on de 10,5 % par rapport à 2023.

Le prix moyen national devrait également grimper de 4,9 % sur une base an‐ nuelle pour atteindre 710 468 $ en 2024.

Dans ses prévisions pu‐ bliées en janvier, l'ACI s'atten‐ dait à une augmentati­on de 10,4 % des ventes de proprié‐ tés cette année et à une hausse de 2,3 % du prix moyen pour 2024.

Les ventes résidentie­lles étaient en hausse de 1,7 % en mars au Canada

L'ACI a affirmé vendredi que le nombre de ventes de propriétés en mars au pays a augmenté de 1,7 % par rap‐ port à l'année dernière.

Cette augmentati­on est survenue alors que le prix moyen d'une propriété ven‐ due le mois dernier s'élevait à 698 530 $, en hausse de 2 % par rapport à mars 2023.

D'un mois à l'autre, l'ACI affirme que les ventes de maisons en mars au pays ont augmenté de 0,5 %.

La TD prévoit un prin‐ temps plus tempéré

Pour sa part, l'économiste Rishi Sondhi, de la Banque TD, entrevoit un marché plus tempéré que les prévisions de Royal LePage. Il anticipe une modeste augmentati­on des prix au printemps sur le marché canadien.

De nombreux acheteurs et vendeurs vont probable‐ ment attendre d'avoir plus de visibilité sur le moment des prochaines baisses des taux de la Banque du Canada, ce qui mettra le marché dans une forme d'attente, écrit-il dans une note publiée le 8 avril.

M. Sondhi croit aussi que l'hiver plus doux à travers le pays a amené des acheteurs à devancer leurs recherches qu'ils auraient faites un peu plus tard au printemps.

L'économiste concède que le marché est particuliè­re‐ ment serré au Québec, mais il croit que la détériorat­ion de l'abordabili­té vient limiter la capacité du marché à mon‐ ter trop rapidement.

Peu de solutions de re‐ change

M. Lefrançois croit que les prévisions des économiste­s des grandes banques cana‐ diennes ne reflètent pas né‐ cessaireme­nt ce qu'il observe sur le terrain. Malgré les taux d'intérêt élevés, la solution de rechange, soit la location, n'est pas si attrayante au mo‐ ment où les loyers sont éga‐ lement très élevés.

Avec la constructi­on insuf‐ fisante, le courtier s'attend à ce que les prix augmentent à moyen terme et que le mar‐ ché penche à l'avantage des vendeurs.

Il n'anticipe tout de même pas un retour à l'intensité ob‐ servée durant la pandémie lorsque les taux d'intérêt étaient à un creux et que les locataires ne voulaient plus être confinés dans un petit appartemen­t. Les acheteurs n'auraient pas le même senti‐ ment d'urgence de changer d'air, selon lui.

Dans un contexte de hausse de prix, les premiers acheteurs qui ont une mise de fonds suffisante devraient faire leur calcul s'ils décident de repousser leur achat au moment où les taux seront plus bas, suggère M. Lefran‐ çois.

Il donne l'exemple d'un couple qui serait prêt à ache‐ ter une maison de 500 000 $ dans le grand Montréal. Pour cette propriété, une augmen‐ tation des prix de 8 % en un an représente­rait un prix d'achat supplément­aire de 40 000 $.

Si vous n'êtes pas capable d'épargner ce montant en un an, votre pouvoir d'achat va diminuer, prévient-il. Si vous êtes capables d'épargner beaucoup, la pression pour‐ rait être moins forte si vous attendez, mais si vous n'avez pas un gros taux d'épargne et que vous êtes capable d'acheter quelque chose maintenant, je dirais de fon‐ cer.

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