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L’industrie forestière est à la croisée des chemins

- Benoît Ferradini

L'industrie forestière en Colombie-Britanniqu­e tente de s'adapter aux changement­s incessants qui touchent son secteur.

Le premier ministre David Eby, invité pour prononcer un discours de clôture lors du congrès annuel du Conseil provincial des industries fo‐ restières (COFI), a tenté de rassurer en expliquant que, selon lui, le secteur forestier avait un brillant avenir.

David Eby a parlé devant 700 délégués, qui représen‐ taient l'industrie, mais aussi devant des représenta­nts des Premières Nations et des syndicats de travailleu­rs fo‐ restiers.

Le secteur forestier a un brillant avenir devant lui.

David Eby, premier mi‐ nistre de la C.-B.

Le premier ministre, qui fait face à des élections à l'automne 2024, a reconnu toutefois que les conditions actuelles sont difficiles.

Perte de 9000 emplois directs

Le secteur forestier en Co‐ lombie-Britanniqu­e est en crise, selon des données pu‐ bliées par le COFI, le secteur a perdu 9000 emplois directs depuis 2018, et 5 milliards de dollars de vente de produits.

Le COFI a également re‐ censé 13 fermetures ou ré‐ ductions de service dans des scieries et usines de pâtes et papiers dans la province, de‐ puis 2023.

Les causes? Un ralentisse‐ ment des constructi­ons de maisons à cause de la hausse des taux d'intérêt, la réduc‐ tion du nombre de journaux imprimés sur du papier, et surtout le manque de bois disponible pour les scieries.

La conseillèr­e municipale de Vancouver Lisa Dominato animait vendredi matin une table ronde sur le futur de l'industrie vu par les petites municipali­tés. Ce que j'ai en‐ tendu ce matin, dit-elle, c'est une inquiétude sur l'accès à la ressource, la fibre. Les mu‐ nicipalité­s ont vu des ferme‐ tures, et des pertes d'em‐ plois.

À Prince George, chaque scierie fournit 1 % des reve‐ nus fiscaux

Simon Yu, maire de la Ville de Prince George, dans le Nord de la Colombie-Britan‐ nique, explique que quand l'usine de pâtes et papiers de Canfor a arrêté sa produc‐ tion, nous avons automati‐ quement perdu 1 % de nos revenus fiscaux.

Nous n'avons pas un grand territoire et nous avons une population de 80 000 résidents. On dépend des industries qui sont sur notre territoire.

Simon Yu, maire de la Ville de Prince George

C'est la même situation du côté des petites communau‐ tés autochtone­s. La Nation Tl'esqox est proche de Williams Lake.

Jason Houde en est le co‐ ordinateur des ressources fo‐ restières : Notre petite scierie emploie 30 travailleu­rs lo‐ caux, dit-il. Ce sont des fa‐ milles qui dépendent de la ressource forestière. C'est im‐ portant pour moi de repré‐ senter mon peuple ici. On doit trouver des moyens in‐ novants pour maintenir la fo‐ resterie en vie.

Les feux de forêt de 2023, qui a été la saison la plus destructri­ce de l'histoire de la Colombie-Britanniqu­e, ont aussi réduit le volume d'arbres qui peuvent être uti‐ lisés par les compagnies fo‐ restières. Cette destructio­n s'ajoute à celle des conifères par le dendrocton­e du pin.

Dans les dernières an‐ nées, la province a aussi mo‐ difié les droits de coupe des compagnies forestière­s dans certaines régions pour proté‐

ger des forêts anciennes.

Trop de réglementa­tions à appliquer

On a trop de dossiers en même temps, dit Linda Co‐ ady, la PDG du COFI. Pendant qu'on a du mal à installer une nouvelle réglementa­tion, d'autres règles nous sont im‐ posées.

Certains membres du COFI reprochent aussi au gouverneme­nt de ne pas les prendre en compte.

Ron Paull, le maire de Quesnel, croit que le gouver‐ nement provincial considère que toutes les communauté­s de la province sont les mêmes.

Il pense que nous avons des arbres qui ont un mètre de diamètre, qui poussent dans les Caribous. Ce n'est pas le cas. Il n'y a pas une taille unique pour toute la province. J'attends que le pre‐ mier ministre le reconnaiss­e.

Ron Paull, maire de Ques‐ nel

Le bois, outil de la tran‐ sition énergétiqu­e

De son côté, David Eby dit avoir entendu l'appel de l'in‐ dustrie pour avoir un accès plus fiable à la fibre.

Selon lui, entre les em‐ plois et l'environnem­ent, les produits forestiers sont les outils de la solution.

Il a aussi expliqué les rai‐ sons de son optimisme, en parlant de son récent voyage en Asie, où plusieurs pays se sont montrés intéressés à devenir partenaire­s avec la Colombie-Britanniqu­e, dans le cadre de leur transition énergétiqu­e.

Nos produits forestiers ont une faible empreinte car‐ bone, a expliqué le premier ministre. Et ce genre de pro‐ duit est de plus en plus de‐ mandé en ce moment.

Mais Linda Coady a mis en garde David Eby : cela va prendre du temps pour at‐ teindre ces objectifs.

Certaines communauté­s n'ont plus beaucoup de temps disponible, a-t-elle ajouté.

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