Radio-Canada Info

Premiers royaumes, une expo spectacula­ire sur les inégalités sociales

- Aïda Semlali

Après New York et Chicago, Gatineau accueille Pre‐

miers royaumes d’Europe.

Le MCH est l’écrin de cette exposition conçue par le Field Museum de Chicago. Pour cette ultime étape nord-américaine, les visi‐ teurs pourront survoler 6 500 ans d’histoire grâce à 700 objets et artéfacts. En filigrane, l’exposition re‐ trace les origines de la mo‐ narchie, du pouvoir et de la constructi­on des inégalités sociales.

Je crois qu’on n’est pas prêt de revoir une telle expo‐ sition. C'est déjà quasi mira‐ culeux que tout ça ait pu être monté et exposé ensemble. C’est une chance unique à ne pas rater, encourage Pierre Desrosiers, conservate­ur au MCH.

Au fil de la visite, on dé‐ couvre des lames, des haches et des épées, mais aussi des figurines, des ar‐ mures et des bijoux, datés pour les plus anciens de 8 000 ans. Tous découverts dans l’ancien sud-est de l’Eu‐ rope, les objets et artéfacts présentés ont été prêtés par 26 institutio­ns muséales de 11 pays, dont la Bulgarie, la Croatie, la Macédoine et la Serbie.

Conservate­ur-hôte de cette exposition, Pierre Des‐ rosiers souligne l’intérêt his‐ torique de cette région du Vieux Continent. Souvent, à l'école par exemple, on va avoir appris qu’en Europe, il y a la préhistoir­e, puis les Grecs et les Romains. Mais en réalité, c'est beaucoup plus riche que ça, fait valoir Pierre Desrosiers.

Dans certains domaines, l'Europe du Sud-est est même précurseur sur d'autres régions euro‐ péennes, avec une avance al‐

lant jusqu'à 1 000 ans.

Un voyage à travers le temps

Dans ce voyage épique à travers le temps, les artéfacts se racontent et parlent de l'évolution de ces sociétés sur une période de 6 500 ans, di‐ visée en quatre chapitres : le Néolithiqu­e, l’âge du cuivre, l’âge du bronze et l’âge du fer.

Fil conducteur de cette odyssée temporelle : démon‐ trer comment les inégalités sociales se sont construite­s au fil du temps.

Car contrairem­ent à ce que pourrait laisser penser le titre de l’exposition, Premiers royaumes d’Europe n'est pas à propos de l'histoire de la monarchie, tient à préciser Pierre Desrosiers. L'exposi‐ tion cherche à identifier les origines des inégalités so‐ ciales en Europe et dans le monde en général.

On est parti de l'époque du Néolithiqu­e, donc il y a 8 000 ans, de sociétés qui étaient égalitaire­s, rappelle le conservate­ur.

Mais avec la découverte puis la maîtrise des métaux, vient la quête du pouvoir. Au fil de la visite, on saisit com‐ ment la société va se hiérar‐ chiser.

Qu’ils portent en eux des symboles de puissance ou de richesse, épées, armures, bi‐ joux et objets précieux de‐ viennent progressiv­ement des marqueurs sociaux.

Quatre thèmes demeurés éminemment actuels rythment par ailleurs l’exposi‐ tion, de la technologi­e au commerce, en passant par la guerre et les origines de la

religion, énumère Pierre Des‐ rosiers, citant pour ce dernier thème l'avènement des céré‐ monies et des rituels.

Une scénograph­ie astu‐ cieuse et adaptée

En plus des objets rares présentés, cette exposition spectacula­ire est agrémentée de panneaux explicatif­s, de questions, de jeux d’observa‐ tions et d’animations vi‐ suelles et sonores, plongeant les visiteurs tantôt dans une ambiance solennelle, tantôt dans un univers rappelant un village ou les débuts de la métallurgi­e.

L’exposition n’est toutefois pas la réplique exacte de celle développée par le Field Museum de Chicago, First Kings of Europe. Premiers royaumes d’Europe a été adaptée au public canadien.

Du côté des ajouts, en plus d’animations visuelles marquant les transition­s entre les âges, certains murs se parent de personnage­s re‐ présentant des figures clés de l’époque.

Par moment, certaines de ces illustrati­ons s’accom‐ pagnent d’une représenta‐ tion schématiqu­e horizontal­e de la personne, suggérant les rituels mortuaires et présen‐ tant les objets enfouis dans les sépultures.

Vous ne trouverez en re‐ vanche pas de restes hu‐ mains, contrairem­ent à la version présentée à Chicago qui incluait le squelette et les bijoux de la tombe d’une princesse.

On nous demande de ne pas présenter de restes hu‐ mains, par respect pour les groupes autochtone­s, éclaire Pierre Desrosiers pour justi‐ fier cette décision prise par le MCH et les groupes autoch‐ tones avec lesquels l’institu‐ tion collabore.

Au sujet de la scénogra‐ phie, Pierre Desrosiers fait remarquer que plus on avance dans l'exposition, plus les couleurs s'obscurciss­ent, reflétant un monde de plus en plus inquiétant, marqué par l'émergence d’une élite de rois, de reines, de figures religieuse­s et de guerriers.

Les artéfacts exposés pas‐ seront les prochains mois à Gatineau. Tous retrouvero­nt le chemin de l'Europe et des musées les ayant prêtés une fois l’exposition terminée, en janvier prochain.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada