Trois questions pour comprendre le conflit entre Israël et l’Iran
Avec les quelque 300 drones et missiles lancés contre Israël, c'est la pre‐ mière fois que l'Iran at‐ taque l’État hébreu sur son territoire. Avec ces frappes, la République islamique souhaitait venger le bom‐ bardement de son ambas‐ sade à Damas, en Syrie, le 1er avril dernier, un acte attribué à Israël. Voici trois questions pour com‐ prendre les relations entre ces deux anciens alliés, de‐ venus depuis des ennemis jurés. Depuis quand le conflit dure-t-il?
Avant l’instauration de la République islamique en 1979, l’Iran et Israël étaient d’importants partenaires po‐ litiques et commerciaux. En 1950, deux ans après la créa‐ tion d’Israël, l’Iran est ainsi le deuxième pays musulman à reconnaître l’État hébreu et abrite alors la plus forte com‐ munauté juive au MoyenOrient.
À l’époque, l’Iran est dirigé par le shah Mohammad Reza Pahlavi, soutenu par les États-Unis. Cette alliance avec Israël n’est alors pas seulement politique : elle permet à Israël de satisfaire une grande partie de ses be‐ soins en pétrole, en échange de fournir des armes à l'Iran.
En 1979, le shah est forcé à l’exil et l'Iran devient une République islamique, sous l’égide de l’ayatollah Kho‐ meini. Les relations avec Is‐ raël sont rompues. C'est à partir de ce moment que l’Iran arme plusieurs organi‐ sations terroristes, comme le Djihad islamique (Gaza) ou le Hezbollah (Liban), qui sont ouvertement en guerre contre Israël.
Au tournant des années 1990, quand l'Iran affirme avoir testé un missile d’une portée de 1300 km capable d’atteindre Israël, ce dernier y voit une menace existen‐ tielle. D'autant plus que les rumeurs selon lesquelles l'Iran tente de développer son propre programme nu‐ cléaire s'accentuent.
Avec l’élection de Mah‐ moud Ahmadinejad à la tête de l'Iran en 2005, les tensions montent de plusieurs crans. Le nouveau président, un ul‐ traconservateur, prédit à de nombreuses reprises la dis‐ parition d’Israël et qualifie même l’Holocauste de mythe.
L’Iran fait alors l’objet d’un blocus économique, mais réussi à fédérer d’autres États comme la Syrie ou la Russie et en soutenant des milices en Irak (Résistance is‐ lamique) au Yémen (Houtis) et à Gaza (Hamas). L'Iran baptise l'unification de ces forces l’axe de la résistance.
Suivez les derniers déve‐ loppements sur notre cou‐ verture en direct. Quelles sont les al‐ liances sur le terrain?
Si Israël peut générale‐ ment compter sur les appuis des Occidentaux, l'État hé‐ breu a également des alliés au Moyen-Orient. Pour preuve : selon Reuters, la Jor‐ danie a elle aussi contribué à repousser l’attaque massive de drones et de missiles qui ont survolé son territoire en direction d'Israël.
À travers les années, l’État hébreu a en effet noué des liens avec plusieurs États mu‐ sulmans. Après l’Égypte (1979) et la Jordanie (1993), Israël avait signé en 2020 des traités de paix avec les Émi‐ rats arabes unis et Bahreïn, alliés de l’Arabie saoudite, qui partagent avec Israël une ani‐ mosité envers l’Iran.
De son côté, l’Iran bénéfi‐ cie du soutien de la Syrie, et elle a noué des liens straté‐ giques avec les Russie et la Chine. En mars dernier, la Chine, la Russie et l'Iran ont mené des exercices militaires conjoints dans les eaux du golfe d'Oman et de la mer d'Arabie qui visaient à main‐ tenir conjointement la sécu‐ rité maritime régionale.
L’Iran fournit par ailleurs des drones militaires Shaded à la Russie dans le cadre de la guerre avec l’Ukraine. Néanmoins, ni la Chine ni la Russie n’ont officiellement soutenu l’attaque iranienne de samedi contre Israël, pré‐ férant appeler à un apaise‐ ment des tensions dans la ré‐ gion.
Selon la politologue de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques de l’UQAM, Hanieh Ziaei, l’Iran est le grand perdant de cette attaque.
À la suite du bombarde‐ ment de son consulat en Sy‐ rie le 1er avril, si l’Iran n’avait pas donné de réponse, il au‐ rait été critiqué de l’intérieur. Mais aujourd’hui sa réponse va nécessairement déclen‐ cher toute une série de dé‐ stabilisations au niveau ré‐ gional mais aussi mondial et à une possible réponse israé‐