8 ans après la déclaration de l’urgence sanitaire en C.-B., la crise des surdoses perdure
Cela fait huit ans jour pour jour, ce dimanche, que la province a déclaré une ur‐ gence de santé publique liée à la crise des surdoses. Il s'agissait d'un sombre an‐ niversaire pour Brittany Graham, la directrice géné‐ rale de l'organisme com‐ munautaire VANDU, car comme beaucoup d'autres intervenants dans le do‐ maine de la santé pu‐ blique, elle pense aux mil‐ liers de décès.
Celle qui travaille depuis une douzaine d'années au‐ près des plus démunis ne compte plus les personnes qu'elle a vues succomber à des drogues toxiques en Co‐ lombie-Britannique.
La dernière fois que j'ai fait le compte, il y avait entre 65 et 75 personnes, et pour donner une idée aux gens, c'est plus qu'un autobus sco‐ laire jaune plein, confie Mme Graham, en faisant référence aux personnes qu'elle a connues qui sont mortes par surdose.
C'est beaucoup de gens qui n'existent plus, qui étaient gentils, attentionnés et tout simplement ado‐ rables.
Brittany Graham, direc‐ trice générale de VANDU
Le gouvernement et le médecin en chef de la Co‐ lombie-Britannique ont dé‐ claré l'urgence le 14 avril 2016 et, depuis, plus de 14 000 personnes sont mortes, la plupart à cause du fenta‐ nyl, un opioïde très puissant.
Selon le Service des coro‐ ners de la province, les drogues toxiques sont désor‐ mais la principale cause de décès chez les personnes âgées de 10 à 59 ans en Co‐ lombie-Britannique, repré‐ sentant plus de décès que les homicides, les suicides, les accidents et les maladies na‐ turelles combinés.
Deux Premières Nations ont également déclaré l'état d'urgence au niveau local à la suite de décès dus à des in‐ toxications médicamen‐ teuses, au cours des der‐ nières semaines. L'autorité sanitaire des Premières Na‐ tions a indiqué que le taux de mortalité des membres de leurs communautés était près de six fois supérieur à celui des autres habitants de la Colombie-Britannique.
Dans un communiqué pu‐ blié dimanche, le premier mi‐ nistre David Eby affirme que la crise des drogues toxiques avait eu un impact catastro‐ phique sur les familles et les communautés.
Il reste encore beaucoup à faire, déclare M. Eby. En‐ semble, nous pouvons mettre fin à une crise qui a emporté beaucoup trop de nos voisins, de nos amis et des membres de nos fa‐ milles.
Des intervenants de‐ mandent une réglementa‐ tion similaire à celle de l'al‐ cool
Brittany Graham croit qu'une réunion publique, à l'occasion de l'anniversaire de la déclaration de l'état d'urgence, permettrait aux membres de la communauté du quartier Downtown East‐ side, à Vancouver, de faire leur deuil collectivement et de discuter de la manière de construire leur chemin vers l'avenir.
Mais à l'approche des élections provinciales et fédé‐ rales, Mme Graham craint que la politique toxique soit la prochaine cause de décès, car les politiciens rivalisent pour gagner des voix en van‐ tant ce qu'elle considère comme des solutions ineffi‐ caces à une crise mortelle.
Selon elle, ce qu'il faut, c'est une réglementation des drogues similaire à celle de l'alcool. À bien des égards, l'alcool est l'une des sub‐ stances les plus toxiques que l'on puisse consommer, es‐ time-t-elle.
Mais parce que nous édu‐ quons les gens, parce que nous avons des normes de prix minimum, parce que nous avons des réglementa‐ tions sur les lieux d'accès et de consommation, ce sont toutes des façons de réduire les méfaits et d'utiliser la santé publique pour cette substance spécifique, ajoutet-elle.
Nous n'avons rien de tel pour les substances illicites à l'heure actuelle. Il s'agit d'une crise des drogues toxiques et, à moins d'une réglemen‐ tation, le nombre de décès dus à la drogue ne cessera d'augmenter.
Le premier ministre Eby mentionne que les décès liés aux drogues toxiques ont eu des conséquences néfastes sur les amis et les proches de ceux qui ont disparu, ainsi que sur les travailleurs de première ligne qui font face aux dommages continus cau‐ sés par la dépendance et les décès liés à la drogue.
Il soutient que la situation doit être reconnue comme