« Forte impression de favoritisme » d’Ottawa envers McKinsey, conclut un rapport
Romain Schué, Thomas Gerbet sionnement (BOA) constate que ces octrois « donnent une forte impression de fa‐ voritisme » et constituent « une menace grave à l'équité ».
L’ombudsman Alexander Jeglic a examiné dix minis‐ tères et agences dans le but de déterminer si les contrats attribués à McKinsey ces der‐ nières années avaient été établis dans le respect des règles et des lois.
Cet organisme de sur‐ veillance a été mandaté par le gouvernement Trudeau, après les révélations de Ra‐ dio-Canada, pour faire la lu‐ mière sur la hausse des mon‐ tants versés à ce cabinetconseil depuis l’arrivée au pouvoir du Parti libéral du Canada.
Le rapport constate, par exemple, des changements des stratégies d’approvision‐ nement pour permettre la participation de McKinsey, un manquement aux méthodes d'approvisionnement obliga‐ toires et une absence d'esti‐ mation de coûts avant d’enta‐ mer des discussions avec la firme.
Au total, 117 millions de dollars de contrats ont été at‐ tribués à McKinsey entre 2011 et 2023, que ce soit pour la Défense nationale, Immigration Canada, l’Agence des services frontaliers, Ex‐ portation et développement Canada ou encore la Banque de développement du Ca‐ nada.
« Menace l’équité » grave à
Dans le cadre de cet exer‐ cice, 32 contrats et une Offre à commandes principale et nationale (OCPN) attribués à McKinsey ont été examinés. La plupart étaient de la res‐ ponsabilité de Services pu‐ blics et Approvisionnement Canada.
L’OCPN avait causé la controverse puisqu’elle per‐ mettait au gouvernement de faire affaire avec la firme McKinsey jusqu’en 2100.
L’ombudsman conclut que Services publics et Approvi‐ sionnement Canada n’a pas été capable de justifier sa dé‐ cision de recourir à un four‐ nisseur unique, ni de démon‐ trer que les principes fonda‐ mentaux d’équité, d’ouver‐ ture et de transparence ont été respectés et que le minis‐ tère a fait preuve d’un manque de surveillance adé‐ quate.
Il est possible que l’OCPN pour les services d’analyse comparative de McKinsey ait été incorrectement établie dans le cadre d’un processus non concurrentiel.
Rapport du Bureau de l'ombudsman de l'approvi‐ sionnement
Il s’agit, selon le BOA, d’une lacune considérable et d’une menace grave à l’équité, à l’ouverture et à la transparence du processus d’approvisionnement.
Le rapport évoque aussi une réévaluation indue des offres de manière à ce que McKinsey soit finalement le seul soumissionnaire conforme et que l’entreprise obtienne le contrat.
Forte croissance des contrats à McKinsey après 2019
La valeur de ces contrats était relativement faible et constante entre 2011 et 2017. Or, elle a commencé à croître en 2018, et il y a eu des hausses importantes de 2019 à 2022, indique l’auteur du rapport, Alexander Jeglic.
Ce dernier déplore l’ab‐ sence de processus concur‐ rentiel dans plusieurs attribu‐ tions de contrats durant la pandémie. [À partir de 2021] les contrats ont été attribués à McKinsey principalement sans appel d’offres, assure-til.
L’examen de l’ombudsman démontre à plusieurs re‐ prises l’absence de justifica‐ tion du recours à un fournis‐ seur unique. On découvre même que SPACn’a jamais cherché à obtenir ces justifi‐ cations.
Des mesures doivent être prises rapidement pour éla‐ borer des processus afin que cette situation ne se repro‐ duise pas, écrit Alexander Je‐ glic.
Avant la diffusion de ce rapport, Ottawa avait déjà ac‐ cepté de revoir ses pratiques. Le gouvernement Trudeau a également considérablement réduit ses dépenses en consultants.
D'autres enquêtes sur McKinsey
D’autres enquêtes fédé‐ rales sont en cours. L'audit du Bureau du vérificateur gé‐ néral du Canada n'est pas terminé. Quant au Commis‐ sariat au lobbying, il avait été interpellé par des parlemen‐ taires, car McKinsey n'était inscrite au registre des lob‐ byistes, contrairement aux autres firmes de consultants.
Le cabinet-conseil a tou‐ jours indiqué avoir respecté les règles en vigueur. Nous respectons les lois, les règle‐ ments et les règles appli‐ cables sur les marchés pu‐ blics dans le cadre de tous nos mandats, avait affirmé l’an passé McKinsey Canada dans un communiqué, en af‐ firmant avoir mené un tra‐ vail non partisan.
L’influence de McKinsey a été au coeur d’une contro‐ verse politique, puisque la firme a longtemps été dirigée par Dominic Barton, proche de Justin Trudeau, avant qu'il ne soit nommé ambassadeur du Canada en Chine par le premier ministre.
Dominic Barton a égale‐ ment cofondé le groupe de pression intitulé Initiative du siècle, qui promeut une im‐ migration massive au Ca‐ nada. Même si Ottawa a mis en place des cibles d’immi‐ gration allant dans ce sens, le gouvernement Trudeau s’est également défendu de parta‐ ger ce modèle.