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Migrants dans des pénitencie­rs : le ministre de l’Immigratio­n réagit aux critiques

- Brigitte Bureau

Le ministre de l'Immigra‐ tion, Marc Miller, a confirmé à Radio-Canada que le gouverneme­nt fédé‐ ral entend se tourner vers les pénitencie­rs fédéraux pour détenir des ressortis‐ sants étrangers en rapport avec un dossier d’immigra‐ tion.

Il soutient que ces per‐ sonnes seront séparées de la population carcérale, mais il dit que les deux groupes pourraient partager des ser‐ vices.

Ce serait des logements à part et ça ne serait pas dans la population générale, parce que ce ne sont pas des crimi‐ nels, a-t-il dit.

Dans une phrase enfouie au bas du budget déposé mardi, le gouverneme­nt Tru‐ deau écrit qu'il veut per‐ mettre l'utilisatio­n d'établis‐ sements correction­nels fédé‐ raux à des fins de détention liée à l'immigratio­n à risque élevé.

Cet énoncé a soulevé la colère d'organisati­ons de dé‐ fense des droits de la per‐ sonne, comme l'a rapporté Radio-Canada mercredi.

Selon le ministre Miller, son gouverneme­nt n'a d'autre choix que d'utiliser ses pénitencie­rs depuis que toutes les provinces ont indi‐ qué qu'elles n'allaient plus enfermer de migrants dans leurs prisons pour le compte du fédéral.

M. Miller décrit les ressor‐ tissants détenus comme étant des gens à haut risque, qui ont parfois des pro‐ blèmes de santé mentale ai‐ gus et qui font surtout face à un avis d’expulsion.

Selon lui, le gouverne‐ ment veut les traiter de façon respectueu­se et avec dignité tout en les gardant dans un lieu sûr qui protège les Cana‐ diens.

C'est une très petite partie de la population, a-t-il pré‐ cisé.

Le fédéral compte déjà trois centres de surveillan­ce de l'immigratio­n à Laval, à Toronto et à Surrey, en Co‐ lombie-Britanniqu­e, qui servent de centres de déten‐ tion.

Toutefois, compte tenu du volume attendu de nouveaux arrivants, le gouverneme­nt doit prévoir d'autres infra‐ structures, soutient le mi‐ nistre Miller.

Des roulottes sur le site d'un pénitencie­r

Marc Miller n'a pas voulu donner de détails quant aux échéances, aux types de lo‐ gements qui seront aména‐ gés et aux pénitencie­rs qui vont abriter ces personnes.

Cependant, des contrats datés de mai 2023 que Ra‐ dio-Canada avait trouvés sur le site d'Achats Canada ré‐ vèlent que l'ASFC prévoyait installer des roulottes sur le site de l'établissem­ent de Bowden, un pénitencie­r fédé‐ ral à Innisfail, en Alberta, pour y détenir des migrants.

En réponse à nos ques‐

tions à ce sujet, le mois der‐ nier, l'ASFC avait alors affirmé avoir mis fin à ce projet.

L’Agence avait aussi laissé en‐ tendre qu’elle se tournait sur‐ tout vers ses centres de sur‐ veillance pour pallier la déci‐ sion des provinces de se reti‐ rer de la détention liée à l’im‐

migration.

rain offrant une vue impre‐ nable sur le mont Royal.

À l'automne 2022, la Ville avait lancé un appel d'offres pour la vente d'une parcelle du terrain de l’ancien hippo‐ drome, mais elle n'a reçu au‐ cune soumission. L'appel comportait l'obligation d'of‐ frir 60 % de condos à prix abordables sur une période d'au moins 30 ans. L'enchère minimale s'élevait à 10 mil‐ lions de dollars.

Selon des promoteurs in‐ terrogés à l’époque, les prix en vigueur sur le marché im‐ mobilier, les coûts de constructi­on en hausse et le cadre réglementa­ire des lo‐ gements subvention­nés fai‐ saient en sorte que ce mo‐ dèle n’était pas viable écono‐ miquement pour eux.

Consciente de cet enjeu, Gracia Kasoki Katahwa as‐ sure que, cette fois, les entre‐ preneurs sont consultés par le Groupe d'accélérati­on pour l'optimisati­on du projet de l'Hippodrome (GALOPH), mis sur pied en mai 2023 pour explorer les avenues de financemen­t et élaborer un plan d’affaires.

Les temps sont très diffi‐ ciles pour les promoteurs, mais on a travaillé avec eux. Le GALOPH travaille depuis huit mois déjà sur le com‐ ment et les leviers financiers nécessaire­s pour que ce soit aussi intéressan­t pour les promoteurs. Je vous dirais même qu’on reçoit beaucoup d’appels […] notamment des promoteurs qui sont proprié‐ taires autour du métro Na‐ mur, assure Gracia Kasoki Katahwa.

En attente d'un plan d'affaires

Bien qu’on ne retrouve au‐ cune prévision ni estimation financière dans le Plan direc‐ teur d’aménagemen­t et de développem­ent du quartier Namur-Hippodrome, Robert Beaudry estime qu’il en coû‐ tera au moins 1,4 milliard de dollars pour doter le futur quartier d'infrastruc­tures municipale­s de base, dont l’aqueduc, les égouts, les rues et divers aménagemen­ts, car il s’agit essentiell­ement d’un terrain vierge qui est en friche depuis la fermeture de l’Hippodrome de Montréal, il y a 15 ans.

Une somme de 300 mil‐ lions de dollars est d’ailleurs déjà réservée au PDI (Pro‐ gramme décennal d’immobi‐ lisation) en prévision de ces travaux.

Le GALOPH doit déposer son plan d'affaires vendredi avant-midi sur les sources et les modalités de financemen­t du projet.

Avant sa fermeture en 2009, l’Hippodrome de Mon‐ tréal, autrefois Blue Bonnet, accueillai­t des courses de chevaux depuis 1905.

Une idée des délais?

Une autre grande ques‐ tion à laquelle ne répond pas le plan directeur est celle de la date projetée de la pre‐ mière pelletée de terre et de la constructi­on des premiers immeubles, après toutes ces années d’attente.

Lors de la présentati­on de son projet de quartier carbo‐ neutre, la Ville espérait com‐ mencer les travaux sur le site en 2025.

Mais selon Gracia Kasoki Katahwa, le projet a pris un peu de retard, question de s’assurer de bien faire les choses.

Les premiers permis de constructi­on devraient donc être délivrés en 2025.

Selon Robert Beaudry, qui signale que la réalisatio­n des trois phases du projet s’éta‐ lera sur plusieurs décennies, la première pelletée de terre devrait avoir lieu vers 2027 dans la portion la plus rap‐ prochée de la station de mé‐ tro Namur. Le reste du projet sera développé en progres‐ sant vers l’ouest.

L’ancien Hippodrome Blue Bonnets, qui a présenté des courses de chevaux pendant 102 ans, a longtemps été l'une des principale­s attrac‐ tions de la métropole. Plu‐ sieurs dizaines de milliers de personnes s'y donnaient ren‐ dez-vous le week-end, dans les années 1970, pour assis‐ ter aux courses de chevaux.

L'hippodrome a malheu‐ reusement connu un long dé‐ clin jusqu’à sa fermeture complète en octobre 2009, à la suite de la faillite de la so‐ ciété Attraction­s hippiques du Québec.

Les terrains et les bâti‐ ments qui étaient la pro‐ priété du gouverneme­nt du Québec, par l'entremise de la Société nationale du cheval de course (SONACC), ont été officielle­ment cédés à la Ville de Montréal le 6 juin 2017. Celle-ci s’était engagée à dé‐ molir les bâtiments et à dé‐ contaminer le terrain au cours des deux années sui‐ vantes.

En attaquant Israël, l'Iran a dit avoir agi en légitime dé‐ fense après l'attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires, dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

Les actions de légitime dé‐ fense et contre-mesures de l'Iran sont terminées, donc le régime terroriste israélien doit arrêter tout nouvel aven‐ turisme militaire contre nos intérêts, a dit M. Amir-Abdol‐ lahian lors d'une réunion sur la situation au Moyen-Orient.

Des frappes ont par ailleurs visé vendredi à l'aube la région de Soueida dans le sud de la Syrie, sur une posi‐ tion de radar de l'armée sy‐ rienne, a précisé Rayan Maa‐ rouf, militant et responsabl­e d'un média en ligne Suwayda 24.

Israël avait un temps envi‐ sagé de mener rapidement des frappes en Iran en repré‐ sailles aux missiles lancés par Téhéran le week-end dernier sur son territoire, mais avait finalement revu ses plans, ont mentionné jeudi des mé‐ dias israéliens et américains.

Selon le diffuseur public israélien Kan, le premier mi‐ nistre Benyamin Nétanyahou avait décidé de ne pas mettre en oeuvre des plans approu‐ vés de frappes de repré‐ sailles en cas d'attaque, après avoir discuté avec le président américain Joe Bi‐ den.

Premier allié d'Israël, les États-Unis exhortent Israël à la retenue, optant plutôt pour le renfort de leurs sanc‐ tions contre le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgiq­ue et les construc‐ teurs automobile­s. L'UE et le Royaume-Uni ont aussi an‐ noncé de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Nous sommes au bord d'une guerre au MoyenOrien­t qui provoquera des ondes de choc dans le reste du monde, a souligné de son côté le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, en appelant à la rete‐ nue.

Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Les der‐ niers jours ont vu une esca‐ lade dangereuse, par les mots et les actions, a déclaré Antonio Guterres.

Une erreur de calcul, une mauvaise communicat­ion, une méprise pourraient conduire à l'impensable, un conflit régional généralisé qui serait dévastateu­r pour tous ceux concernés, et pour le reste du monde, a-t-il ajouté, en exigeant en premier un cessez-le-feu à Gaza.

Attaque du 7 octobre

La campagne israélienn­e de bombardeme­nts intensifs, suivie d'une offensive ter‐ restre, a été déclenchée par l'attaque le 7 octobre de commandos du Hamas infil‐ trés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielle­s.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'at‐ taque et 129 restent rete‐ nues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des respon‐ sables israéliens.

Or les pourparler­s sur une trêve à Gaza associée à une libération d'otages pié‐ tinent depuis des mois, les belligéran­ts s'accusant mu‐ tuellement de les bloquer.

À Tel-Aviv, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté pour réclamer leur libération avant la pâque juive qui commence lundi soir. Un accord pour les otages maintenant!, Arrêtez la guerre!, proclamaie­nt des pancartes brandies par les manifestan­ts.

Pendant ce temps, les États-Unis ont mis leur veto à une résolution de l'Algérie demandant l'adhésion pleine et entière des Palestinie­ns aux Nations unis.

Le mouvement islamiste palestinie­n Hamas, au pou‐ voir dans la bande de Gaza et considéré comme une orga‐ nisation terroriste par Israël, l'Union européenne et les États-Unis, a condamné le veto américain.

Idem pour l'Autorité pa‐ lestinienn­e de Mahmoud Ab‐ bas, dont l'administra­tion siège en Cisjordani­e occupée, qui voit dans le veto améri‐ cain une agression flagrante contre le droit internatio­nal poussant le Moyen-Orient encore davantage au bord du gouffre.

le souhaitera­ient, c’est en grande partie parce qu’il a re‐ haussé l’image du pays sur la scène internatio­nale, estime la chercheuse.

Au cours des dernières années, l’Inde est devenue un joueur majeur sur la scène internatio­nale.

Les classes populaires ont l'impression que si l'Inde de‐ vient une grande puissance économique, cela va être bon pour elles, souligne Mme Bros. Et surtout, il y a une vraie fierté nationale qui a été rendue aux Indiens.

L’électorat vote pour un parti qui a réussi à transfor‐ mer l'image de l'Inde, du pays des pauvres et du sousdévelo­ppement à un pays qui compte [sur la scène interna‐ tionale].

Catherine Bros, profes‐ seure d'économie à l'Univer‐ sité de Tours

L’Inde se targue d’être un leader mondial et un parte‐ naire très recherché à la fois par le monde industrial­isé avancé et par le Sud global.

On a pu voir, notamment, lors du G20 qui s’est déroulé à New Delhi en septembre 2023, que M. Modi a accueilli à bras ouverts les dirigeants du monde.

La fierté nationale, c'est quelque chose que M. Modi aime bien mettre en avant, explique au téléphone JeanLuc Racine, directeur de re‐ cherche au CNRS et cher‐ cheur senior au Asia Centre, à Paris.

Le premier ministre cultive l'image de la grandeur passée de l'Inde védique, mais montre aussi que l'ave‐ nir est à elle.

Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS et chercheur senior au Asia Centre

3. Une démocratie fra‐ gile

Malgré les prétention­s du premier ministre, la démo‐ cratie indienne ne se porte pas très bien, souligne Sanjay

Ruparelia, titulaire de la Chaire Jarislowsk­y sur la dé‐ mocratie et professeur asso‐ cié de politique à l’Université métropolit­aine de Toronto.

La liste des problèmes est longue :

Il y a eu une concentra‐ tion croissante du pouvoir exécutif, une répression des libertés civiles, de la liberté d'expression, de la liberté universita­ire, de la liberté de réunion, de la liberté de la presse. Il y a également une polarisati­on religieuse en augmentati­on et un affaiblis‐ sement de l'autonomie des institutio­ns publiques et d'autres organes de l'État, en plus d’une pression sur le pouvoir judiciaire, résume M. Ruparelia.

Depuis l'arrivée au pou‐ voir de M. Modi en 2014, l'Inde a perdu 21 places dans le classement mondial de la liberté de la presse de Repor‐ ters sans frontières, se si‐ tuant au 161e rang sur 180 pays.

Les prochaines élections seront-elles même libres et équitables? Sanjay Ruparelia en doute.

Deux points l'inquiètent particuliè­rement :

Les bons électoraux Ce programme, mis en place par le BJP, permettait des dons anonymes aux par‐ tis politiques par le biais de bons produits par une banque publique. Le parti de Narendra Modi a été le prin‐ cipal bénéficiai­re de ces bons, percevant autant d’ar‐ gent que tous les autres par‐ tis mis ensemble. Les entre‐ prises qui ont contribué à sa caisse auraient ensuite ob‐ tenu d’importants contrats avec l’État.

Les enquêtes criminelle­s contre les opposants du pre‐ mier ministre

Depuis 2014, les agences d'enquête de l'État, contrô‐ lées par l’exécutif, ont intenté des poursuites pénales contre des hommes poli‐ tiques, les accusant de nom‐ breux délits financiers. La quasi-totalité des personnes subissant ces contrôles fis‐ caux sont des politicien­s des partis d’opposition.

Rahul Gandhi, 53 ans, la principale figure du parti du Congrès, est aussi fils et pe‐ tit-fils de premiers ministres. Il est visé par une dizaine de procédures judiciaire­s. Ac‐ cusé de diffamatio­n, il a été brièvement suspendu du Parlement l'an dernier.

En février, les comptes bancaires du parti ont été ge‐ lés dans le cadre d'une en‐ quête sur sa déclaratio­n de revenus d'il y a cinq ans.

Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats, a prévenu Rahul Gandhi, dénonçant une ac‐ tion criminelle.

L’idée selon laquelle l’Inde est une démocratie est un mensonge. Il n’y a pas de dé‐ mocratie en Inde aujourd’hui.

Rahul Gandhi, candidat du parti du Congrès

Un autre leader de l’oppo‐ sition, Arvind Kejriwal, mi‐ nistre en chef de la capitale Delhi, a été placé en déten‐ tion provisoire parce que son parti avait été accusé d'avoir perçu des pots-de-vin en échange de permis d'alcool accordés à des entreprise­s privées.

La condition fondamen‐ tale que toute démocratie doit remplir, à savoir des élections relativeme­nt libres et équitables, est remise en question.

Sanjay Ruparelia, profes‐ seur associé de politique à l’Université métropolit­aine de Toronto

Le gouverneme­nt indien est aussi montré du doigt pour s’être engagé dans la ré‐ pression transnatio­nale. Le Canada le soupçonne d’avoir commandité l’assassinat de l’activiste sikh Hardeep Singh Nijjar, en Colombie-Britan‐ nique, l’été dernier.

4. Nationalis­me hindou à l'avant-plan

Un autre aspect qui in‐ quiète les observateu­rs est la prééminenc­e donnée à la majorité hindoue, qui remet en question la sécularité de l’Inde.

Les religions en Inde

80 % des Indiens sont hin‐ dous 14 % des Indiens sont musulmans 2,3 % des In‐ diens sont chrétiens 1,7 % des Indiens sont sikhs 0,7 % des Indiens sont bouddhiste­s

Depuis la victoire du BJP aux élections de 2019, on voit une polarisati­on reli‐ gieuse croissante et des ten‐ tatives de redéfinir la nation indienne comme étant à ma‐ jorité hindoue, souligne San‐ jay Ruparelia.

Le gouverneme­nt a mené plusieurs actions pour réaf‐ firmer la place des hindous, dont la constructi­on du temple d’Ayodhya sur l'an‐ cien emplacemen­t d'une mosquée qui avait été démo‐ lie par des fanatiques hin‐ dous en 1992.

Il a abrogé les articles de la Constituti­on qui accor‐ daient une certaine autono‐ mie à la province à majorité musulmane du Jammu-et-Ca‐ chemire.

Il a également adopté une loi sur la citoyennet­é qui per‐ met aux membres des mino‐ rités religieuse­s qui se trouvent en Inde illégaleme­nt de devenir citoyens s'ils peuvent prouver qu'ils ont été persécutés en raison de leur religion au Bangladesh, au Pakistan et en Afghanis‐ tan, pays à majorité musul‐ mane. Les musulmans sont toutefois exclus. Il s’agit d’un coup porté aux valeurs constituti­onnelles de l'Inde, soutient Amnistie internatio‐ nale.

5. À quoi s'attendre dans un troisième mandat?

Avec ces précédents, cer‐ tains s’inquiètent pour l’ave‐ nir de la démocratie en Inde si Narendra Modi est reporté au pouvoir.

Une situation pourtant très probable, dans la me‐ sure où le BJP est devenu prépondéra­nt, sinon hégé‐ monique, au niveau national, en réussissan­t à consolider le vote des hindous.

Il domine l’opposition, note Sanjay Ruparelia. Même s’il obtient moins de 40 % du vote au niveau national, la fragmentat­ion de l’opposition offre au BJP un pouvoir rela‐ tif, ajoute-t-il.

En 2014, le BJP avait rem‐ porté 282 sièges; en 2019, 303. Cette année, il en vise 370. Les dirigeants du parti assurent qu'avec l’appui de leurs alliés, ils parviendro­nt à contrôler 400 sièges sur les 543 de la Chambre basse, ce qui leur donnerait le pouvoir de changer la Constituti­on.

On a l’impression que, s'ils gagnent à nouveau, ils se sentiront enhardis, remarque M. Ruparelia. Ils diront : mal‐ gré toutes les critiques et toute l'opposition, nous avons été reconduits au pou‐ voir. Nous avons donc un mandat pour mettre en oeuvre ce projet visant une plus grande affirmatio­n de l'identité hindoue dans la sphère publique.

Trois projets particulie­rs sont à surveiller, estime JeanLuc Racine :

Une tentative de réformer la Constituti­on pour y inscrire que l'Inde est devenue un État hindou. Le redécoupag­e des circonscri­ptions électo‐ rales soi-disant pour tenir compte des changement­s dé‐ mographiqu­es, ce qui favori‐ serait les États du nord, bas‐ tion du BJP. Le projet de re‐ grouper les élections géné‐ rales et celles des États afin qu’elles se tiennent toutes en même temps. Selon M. Ra‐ cine, cette modificati­on cherche à renforcer l’hégé‐ monie du parti « avec la lo‐ gique du "double engine" [double échelle], c'est-à-dire que tout fonctionne bien mieux quand le même parti est au pouvoir au centre et dans les États ».

Toutes ces réformes visent à conforter la domina‐ tion du BJP derrière la figure emblématiq­ue de Narendra Modi, conclut M. Racine.

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