Radio-Canada Info

Un tramway au coeur du futur quartier NamurHippo­drome

- Stéphane Bordeleau

La Ville de Montréal prévoit construire un vaste quar‐ tier carboneutr­e de 20 000 logements sur les terrains de l'ancien Hippodrome de Montréal et dans le secteur situé à l'est du métro Na‐ mur. Pour atteindre ses ob‐ jectifs, ce projet des plus ambitieux nécessiter­a no‐ tamment la constructi­on d'une ligne de tramway sur la rue Jean-Talon.

Dans un volumineux plan directeur de 120 pages, dont Radio-Canada a obtenu co‐ pie, la Ville de Montréal ex‐ pose sa vision d’avenir pour le développem­ent du terrain de 43 hectares de l’ancien hippodrome, qui pose d’im‐ portants défis environne‐ mentaux et de mobilité.

Le terrain, dont la Ville est propriétai­re depuis 2017, est enclavé entre une gare de triage ferroviair­e, des quar‐ tiers industriel­s et l’autoroute Décarie. Aucune rue ne le traverse et seule la station de métro Namur, située à son extrémité est, est en mesure de desservir ce secteur qui pourrait accueillir jusqu’à 40 000 habitants d’ici 2050.

Il faut qu’il y ait un axe de transport qui facilite la circu‐ lation intérieure et exté‐ rieure. On parle de 20 000 lo‐ gements, ça ne peut pas être 20 000 nouvelles voitures qui viennent s’installer ici. On n’y arrivera juste pas.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Conscients de l'enjeu du transport, les auteurs du plan directeur disent miser sur la constructi­on d’une ligne de tramway dans l’axe de la rue Jean-Talon pour désenclave­r le secteur, no‐ tamment du côté ouest.

À la lecture du document, où le mot tramway figure une trentaine de fois, on comprend vite qu'un service de transport rapide et effi‐ cace est l’une des conditions essentiell­es à la réussite du projet. C’est fini de penser des quartiers sans, en amont, réfléchir au transport. Ça ne marche pas. On a vu ce que ça a donné dans d’autres quartiers, dans d’autres villes, explique la mairesse de Mon‐ tréal, Valérie Plante.

Le tracé du futur tramway, qui pourrait se prolonger jus‐ qu’au boulevard Cavendish, sera précisé dans le cadre d’une étude en cours sur l’axe Jean-Talon Ouest/Caven‐ dish, précise la Ville dans le document.

On dit un quartier, mais c’est l’équivalent d’une ville dans une ville.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Un quartier écomodèle

Inspiré des meilleures pratiques scandinave­s et eu‐ ropéennes en matière d’ur‐ banisme, d’intégratio­n so‐ ciale et d’environnem­ent, le plan inclut aussi le réaména‐ gement du secteur situé à l’est de la station de métro Namur, entre la rue Jean-Ta‐ lon et le chemin de fer, jus‐ qu’à la rue Victoria.

Ce nouveau quartier, bap‐ tisé « Namur-Hippodrome », sera doté de 14 hectares d’espaces verts, de parcs et de places publiques. Il com‐ prendra aussi des com‐ merces et des services de proximité, des ressources de soins de santé et trois écoles (deux primaires et une se‐ condaire), histoire d'éviter les erreurs commises dans le passé, notamment dans Grif‐ fintown.

Le tout s’articulera autour d’un grand parc central doté d’un étang, de sentiers et d’infrastruc­tures urbaines et de loisirs. Plusieurs autres espaces verts plus petits se‐ ront aménagés sur l’en‐ semble du territoire.

Ce projet-là va être le plus grand projet de redévelopp­e‐ ment immobilier au Québec dans les dix dernières an‐ nées.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

On est à 20 000 unités, 40 000 personnes. C’est compa‐ rable à Bouchervil­le. C’est une ville dans la ville qu’on vient construire, explique le conseiller de ville du district de Saint-Jacques, Robert Beaudry, responsabl­e de l’ur‐ banisme et de la lutte contre l’itinérance au comité exécu‐ tif de Montréal.

L'ensemble du projet sera de plus bâti dans un souci constant de mixité et d’équité sociale où se côtoieront des personnes seules, des étu‐ diants, des familles et des aî‐ nés, comme ils le feraient

dans une ville ou un village.

Le projet en bref :

18 500 à 20 000 loge‐ ments, dont 7500 à 9000 sur le site de l’ancien hippo‐ drome Connexion de la sta‐ tion de métro Namur aux ré‐ seaux de mobilité active et collective 14 hectares d’es‐ paces verts et publics Un grand parc central et une ceinture verte permettant le maintien de la biodiversi­té 135 000 m2 d’équipement­s collectifs 213 000 m2 d’es‐ paces à vocation écono‐ mique Constructi­on d’un tramway traversant le quar‐ tier pour le relier au métro Namur et au boulevard Ca‐ vendish, dans l’axe de la rue Jean-Talon

Prioriser l’abordabili­té

Or, pour générer des quartiers tout neufs peuplés de diverses catégories so‐ ciales, il faut au départ que les loyers ou les hypothèque­s y soient abordables.

Opposée à l’idée d’ériger une citée-dortoir de loge‐ ments hors de prix, la Ville promet de sortir du marché spéculatif 9000 des 20 000 lo‐ gements qui seront construits, a révélé la mai‐ resse Plante.

Ça, je ne vous cacherai pas que ça a demandé du travail, a déclaré la mairesse. La Ville de Montréal a tra‐ vaillé avec le gouverneme­nt fédéral, avec le gouverne‐ ment provincial, les construc‐ teurs, les promoteurs immo‐ biliers pour dire : "Comment est-ce qu'on s'assure que la Ville de Montréal va être prête pour éventuelle­ment d'autres crises de l'habita‐ tion?"

Mme Plante n'a cepen‐ dant pas expliqué de quelle façon on comptait s'y prendre pour protéger tous ces logements d'une flambée des loyers.

Les promoteurs serontils au rendez-vous?

Cette approche ne fait pas sauter de joie les promoteurs immobilier­s privés, essentiels à la réalisatio­n du projet. Ces derniers boudent les terrains de l’ancien hippodrome de‐ puis des années, en raison des nombreuses exigences que pose l’administra­tion de Valérie Plante pour le déve‐ loppement de ce vaste ter‐

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