Radio-Canada Info

Fuir Haïti en crise, la périlleuse aventure d’une Ottavienne

- Samuel Blais-Gauthier

Isolée dans le sud d’Haïti et incapable d’attraper un vol de rapatrieme­nt officiel, l’Ottavienne Lucille Lemire a récemment fui la perle des Antilles, théâtre d’une flambée de violence, par ses propres moyens. Le parcours a été difficile et périlleux.

Mme Lemire a adopté Haïti. Plus jeune, elle y a fait une partie de ses études, son père étant en mission pour l’Agence canadienne de déve‐ loppement internatio­nal (ACDI). Là-bas, elle a mis sur pied une fondation qui a pour objectif de reboiser les forêts et qui fait de l'éduca‐ tion et de la sensibilis­ation environnem­entale. Elle s’y rend régulièrem­ent et pour de longues périodes.

Mais la situation au pays, aux mains des gangs armés, est devenue difficile à vivre, dit-elle. La violence, le pillage, les meurtres et les viols font partie du quotidien.

Basée à Jacmel, au sud du pays, Mme Lemire sentait la pression monter de jour en jour.

On ne sait pas si du jour au lendemain on va se faire piller la maison, si on va pou‐ voir se rendre au travail, si on va pouvoir trouver de quoi manger.

Les gens, même s’ils ont pour 10 $ de valeur sur eux, ils vont tout se faire prendre. Il n'y a plus de limite pour les bandits et les gangs. Ils at‐ taquent à tous les niveaux. Lucille Lemire

Elle devait normalemen­t quitter Haïti en juin pour une activité familiale au Canada, mais elle a choisi de devan‐ cer son départ.

Je ne sais pas si je vais pouvoir me rendre jusqu’à juin, s’est-elle dit. Et avec un passeport qui expirait dans quelques mois, elle ne vou‐ lait pas tenter sa chance.

Ce soir au Téléjourna­l Ottawa-Gatineau

Écoutez l’entrevue com‐ plète de Lucille Lemire avec Daniel Bouchard ce soir au Téléjourna­l Ottawa-Gatineau de 18 h.

Par la voie maritime

Elle s’est retrouvée isolée au sud du pays. Il lui était im‐ possible de se rendre au point de ramassage des vols de rapatrieme­nt officiel.

C’était une mission suicide de me rendre à Port-auPrince [...]. Il y a des bandits qui vous attendent dans tous les petits recoins. C’était une mission impossible de sortir de la province. J’étais vrai‐ ment coincée à Jacmel.

Sa seule porte de sortie était la voie maritime.

À bord d’un petit bateau en fibre de verre, elle a fait plusieurs heures de naviga‐ tion pour se rendre à l'extré‐ mité de la frontière haï‐ tienne. Une fois arrivée près d’un rivage, elle était atten‐ due par un homme qui l'a amenée, sur ses épaules, sur la terre ferme.

Il lui a fallu ensuite se rendre à la frontière terrestre avec la République domini‐ caine en moto, pour conti‐ nuer le trajet en autobus. C’est là qu’elle a pu prendre un vol pour les États-Unis, puis débarquer au Canada.

Pour une mission comme celle-là, ça prend beaucoup d’organisati­on, beaucoup de coordinati­on et beaucoup d’argent, confie Lucille Le‐ mire.

En plus d’y laisser une partie d'elle-même, l'Otta‐ vienne a laissé derrière elle sa maison, ses animaux de compagnie et des amis, qui souhaitent eux aussi quitter Haïti.

Également coordonnat­rice de sécurité bénévole pour l’ambassade canadienne en Haïti, elle espère pouvoir re‐ tourner dans le pays un jour.

Ça fait partie de ma vie,

c'est ma mission, dit-elle. J’ai quitté ma maison. J'espère que je pourrai y retourner d’ici quelques mois, mais je n’ai aucune idée de quand. [...] J’ai peur maintenant d'y retourner. Je sais que si j’y vais, c’est vraiment à mes propres risques.

Et d'ajouter, tristement

:

J’osais croire qu’il y avait un futur pour Haïti, mais je le vois difficilem­ent mainte‐ nant.

Avec les informatio­ns de Daniel Bouchard

tions, qui s'ajoutent à celles qu'ils ont déjà soumises au juge au premier jour du pro‐ cès, lundi, et qu'aurait com‐ mises Donald Trump après que le juge eut planifié pour mardi prochain une audience sur cette question.

L'une des nouvelles viola‐ tions alléguées concerne une publicatio­n sur Truth Social d'une citation d'un animateur de Fox News, qui a ouverte‐ ment remis en question l'im‐ partialité des jurés choisis.

Ils attrapent des activistes [de gauche] qui se sont infil‐ trés en mentant au juge afin de faire partie du jury, a re‐ layé l'ancien président.

Garantir l'anonymat des jurés

Pour les protéger d'éven‐ tuelles menaces, le juge Mer‐ chan a décrété que l'anony‐ mat des jurés serait préservé. Les réponses, parfois très précises, aux questions po‐ sées aux jurés potentiels, par exemple sur leur emploi et leur quartier de résidence, peuvent cependant donner des indication­s sur leur iden‐ tité.

Après l'exclusion de la ju‐ rée numéro 2, le juge a d'ailleurs demandé aux jour‐ nalistes de ne pas dévoiler les détails que révèlent les ju‐ rés potentiels au sujet de leur employeur.

Ce n'est pas pour rien que le jury est anonyme et que nous avons pris les mesures que nous avons prises, a-t-il insisté.

Les avocats de la défense et les procureurs ont cepen‐ dant accès à ces informa‐ tions, ce qui leur permet entre autres de scruter à la loupe les publicatio­ns pas‐ sées des jurés sur les ré‐ seaux sociaux.

Trump dénonce un pro‐ cès « ridicule »

Après l'audience, Donald Trump s'est adressé aux mé‐ dias pour dénoncer la tenue du procès, répétant un mes‐ sage martelé à plusieurs re‐ prises, notamment depuis le début de la semaine.

Je suis censé être au New Hampshire, en Georgie, en Caroline du Nord, en Caroline du Sud, a-t-il déploré.

Je suis censé faire cam‐ pagne dans plusieurs en‐ droits différents, mais je suis resté ici toute la journée pour un procès qui est vraiment très injuste.

Donald Trump, ex-pré‐ sident des États-Unis

On gèle dans la salle d'au‐ dience, s'est-il plaint au pas‐ sage.

Le politicien de 77 ans a aussi brandi ce qu'il a pré‐ senté comme des impres‐ sions d'articles et d'éditoriaux qui, d'après ses dires, citent des experts qui estiment que la poursuite intentée contre lui est ridicule.

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