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Grande manifestat­ion pour le financemen­t de la culture à Montréal

- Charles Rioux

Des centaines d'artistes et de profession­nels de la culture se sont rassemblés jeudi après-midi pour ma‐ nifester devant les bureaux du ministre québécois de la Culture, Mathieu Lacombe, à Montréal. La comédienne Sophie Cadieux et plusieurs autres ont pris la parole pour dénoncer l’insuffi‐ sance des sommes allouées à la culture dans le budget provincial 2024-2025.

L’attributio­n des budgets provinciau­x a été votée le 12 mars dernier et ce qui a été accordé à la culture est catas‐ trophique. Ce vote acte un renoncemen­t du gouverne‐ ment à considérer l'impor‐ tance de la culture dans un projet de société, a écrit dans un communiqué la Grande Mobilisati­on des artistes du Québec (GMAQ), le regroupe‐ ment qui a organisé cette manifestat­ion.

Le milieu des arts confirme que ce budget plonge l'écosystème artis‐ tique québécois - institutio­ns, compagnies et artistes - dans une urgence absolue.

On est dans une urgence absolue en ce moment, avec la peur au ventre. Et je pèse mes mots.

Tania Kontoyanni, prési‐ dente de l’Union des artistes

La Grande Mobilisati­on des artistes du Québec (GMAQ), créée en mars 2024, réunit des artistes et des tra‐ vailleurs culturels en arts. Ils militent pour une augmenta‐ tion du budget provincial al‐ loué à la culture et pour une revalorisa­tion des arts dans la société québécoise.

Le ministre Mathieu La‐ combe est descendu de son bureau pour rencontrer les artistes qui manifestai­ent sous la pluie.

Je comprends qu’ils au‐ raient souhaité davantage dans le budget, j’aurai aussi souhaité davantage évidem‐ ment même si on a priorisé cette demande et même si c’est un bon point de départ. C’est le premier geste le bud‐ get. Maintenant […] le deuxième geste est de trou‐ ver des sommes à l’intérieur des budgets qui me sont im‐ partis au ministère de la Culture pour venir bonifier davantage, a expliqué le mi‐ nistre au micro de notre jour‐ naliste Louis-Philippe Oui‐ met.

100 millions de dollars sous le seuil minimal viable

Au cours des dernières se‐ maines, plusieurs organisa‐ tions du milieu des arts ont sonné l’alarme devant le manque à gagner, notam‐ ment le Conseil québécois du théâtre (CQT), l’Associatio­n profession­nelle des diffu‐ seurs de spectacles (RIDEAU) et le Regroupeme­nt québé‐ cois de la danse (RQD).

La GMAQ donne l’exemple du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), le plus important conseil des arts provincial du pays, qui dispose de 160,46 millions de dollars pour 2024-2025.

Au dernier exercice, avant l’inflation, le CALQ avait reçu 161,18 millions. C’est moins d’argent, et ce, en pleine pé‐ riode d’explosion des coûts. Surtout, c’est 100 millions de moins que ce que le milieu évalue comme un seuil mini‐ mal viable, a résumé le re‐ groupement.

Selon celui-ci, la fin des mesures d’urgence et dégres‐ sives d’aide adoptées lors de la pandémie fait particuliè­re‐ ment mal à l'industrie, no‐ tamment l’aide à la billetteri­e, qui prendra fin le 30 juin 2024.

Un salaire médian de 17 300 $ par année

Parmi les principaux pro‐ blèmes auxquels fait face le milieu culturel, la GMAQ évoque la stagnation des sa‐ laires et la hausse des coûts, notamment pour les maté‐ riaux, les assurances, le loyer et le transport.

Tout a augmenté et, dans ce temps-là, ce sont les ar‐ tistes qui réduisent leurs re‐ venus, parce qu’on a la conviction que ce qu’on fait est utile à notre société, est garant de beauté, de poésie, de réflexion, de santé démo‐ cratique, explique la prési‐ dente de l’Union des artistes (UDA), Tania Kontoyanni.

On est toujours prêts à cé‐ der sur nos propres revenus, mais là, le salaire médian d’un artiste est de 17 300 $ par année. C’est 56 % en des‐ sous du revenu médian de la population en général (39 000 $), ajoute-t-elle en citant une étude de 2016 menée pour le Conseil des arts du Canada (CAC).

Le comédien Pierre-Luc Brillant, présent également à la manifestat­ion, estime que les arts vivants ont été com‐ plètement oubliés par le gou‐ vernement.

La manifestat­ion a pris la forme d’un rassemblem­ent devant les bureaux du minis‐ tère de la Culture, rue De Bleury, au centre-ville de Montréal. Parmi les per‐ sonnes qui ont pris la parole, on a entendu la députée de Mercier, Ruba Ghazal, les ac‐

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