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Sophie Grégoire Trudeau : « Quand on aime quelqu’un, il faut savoir lui céder sa liberté »

- Louis Blouin

Sophie Grégoire Trudeau comprend le désir de son ex-conjoint, le premier mi‐ nistre du Canada, Justin Trudeau, de continuer en politique et l’importance de lui « céder sa liberté ».

Après des années en montagnes russes au cours desquelles sa famille a été propulsée dans les sphères du pouvoir, la militante pour la santé mentale tente de faire oeuvre utile avec son nouvel ouvrage. Elle espère que ses épreuves person‐ nelles pourront servir aux lecteurs.

En entrevue à Radio-Ca‐ nada, elle se confie sur la sta‐ bilité de sa cellule familiale, sa séparation et ses inquié‐ tudes devant la polarisati­on du discours politique.

Dans votre livre, vous in‐ sistez sur l’importance de la résilience. Après avoir côtoyé le monde politique et toutes les pressions qui viennent avec, quelles le‐ çons en avez-vous tirées?

Je ne pense pas que la ré‐ silience, c'est de prendre contrôle de la vie. C'est plutôt de prendre le contrôle de soimême dans la vie. J'ai eu as‐ sez d’obstacles, de nouvelles expérience­s, de nouveaux liens, de moments incroya‐ blement enrichissa­nts et de moments beaucoup plus dif‐ ficiles.

Puis, j’ai regardé plus pro‐ fondément en moi pour me comprendre davantage à tra‐ vers l'adversité et savoir m'asseoir avec ma souf‐ france, l'accepter, me voir sous ma vérité. Ça fait mal.

Ça prend du courage. Je pense que j'en suis sortie grandie, plus calme, plus an‐ crée. Mais ça ne vient pas tout seul, ça prend du travail, faire tout ça.

Vous racontez aussi le tumulte de la vie publique, les insultes et les menaces envers votre famille ces dernières années. Com‐ ment avez-vous réussi à préserver votre bulle fami‐ liale?

Des fois, on peut être dés‐ illusionné par la perception que le monde peut avoir de nous, quand on est une bonne personne. Moi, je suis une personne aimante et je veux le mieux pour l'autre. Donc, des fois on se dit : Cou‐ donc! Qu’est-ce que j'ai fait pour que les gens pensent ça de notre vie ou de nos en‐ fants, ou du père qui est là, qui essaie de faire de son mieux pour instaurer plus de justice dans notre société?

J'ai compris avec le temps que les gens qui s'adressent à nous avec de la critique, souvent, ça en dit plus sur leur posture émotionnel­le que ça en dit sur la nôtre.

La méfiance, la critique constante et le fait d'élever des enfants dans cet environ‐ nement demandent d'autant plus de présence.

Sophie Grégoire Trudeau D'être là, pas juste d'écou‐ ter, mais d'être vraiment là dans l'instant présent.

Je pense que de créer un espace sécuritair­e dans sa fa‐ mille, ça se développe dans les moments les plus diffi‐ ciles. Mes enfants, mon part‐ ner et moi, on a toujours été proches. On s'est toujours dit les vraies choses. On ne garde pas de secrets à l'inté‐ rieur de notre cercle familial.

En avez-vous eu assez du monde politique?

Nous vivons dans un mo‐ ment et une période de l’hu‐ manité qui est très inquié‐ tante face à la perception que les gens ont du service public. Je pense que les gens ont une perception erronée de ce que ça veut dire, vivre dans une maison officielle et être au service des autres. Quand on voit quelques pho‐ tos ici et là, en talons hauts dans des sommets ou entou‐ rés de gens qui ont beau‐ coup d'influence, ce n’est qu’une infime partie de la po‐ litique.

La politique, c’est être au service de l'autre, c'est être à l'écoute de l'autre. C'est prendre des décisions qui vont déplaire, au milieu d’un concours de qui va plaire le plus.

Sophie Grégoire Trudeau Alors je pense qu'il y a une rééducatio­n à faire au ni‐ veau de ce que sont le ser‐ vice public et la politique. Et aussi, il ne faut pas découra‐ ger les gens. Quand on voit le paysage politique, la division et la polarisati­on, les gens avec de bonnes valeurs qui ont le coeur à la bonne place et avec une belle vision du monde, bien ces gens-là ne voudront plus en faire parce que c'est excessivem­ent diffi‐ cile. Alors je pense qu'on a la responsabi­lité de partager la réalité, ce que c'est vraiment.

Croyez-vous que le rôle de « première dame » de‐ vrait être plus valorisé au Canada et reconnu officiel‐ lement, avec des res‐ sources?

Ce n’est pas à moi de déci‐ der si, dans le futur, une per‐ sonne devrait avoir plus ou moins de ressources. Je sou‐ haite que les personnes qui viendront après nous soient bien encadrées pour pouvoir donner le maximum pos‐ sible.

Je n'ai jamais vu ma pré‐ sence sur le chemin connexe des choix profession­nels de mon partenaire comme étant un rôle. Je me suis dit, com‐ ment est-ce que je peux ex‐ primer mon authentici­té, mes qualités, pour pouvoir être davantage au service des autres? Et j'avais déjà commencé sur le chemin de

la santé mentale. Donc, j'ai continué de choisir des causes. C'est comme un grand dénominate­ur com‐ mun universel, le bien-être et la santé mentale, puis la santé du cerveau. Donc, je n’ai jamais vu ça comme étant un rôle.

Est-ce que je pense que cette présence du conjoint ou de la conjointe d'un pre‐ mier ministre est impor‐ tante? Oui, tant et aussi long‐ temps que c'est fait avec inté‐ grité et honnêteté. Si cette personne ne veut rien savoir des projecteur­s ou en est in‐ timidée, bien, que cette per‐ sonne-là continue son propre chemin de vie.

Justin Trudeau a fait le choix de continuer la vie politique. Il insiste pour se battre lors de la prochaine campagne électorale. Sans dire si vous êtes d’accord ou pas avec ce choix, est-ce que vous le comprenez?

C'est une belle question. Je pense que je le com‐ prends. Mais surtout, quand on aime quelqu'un, même si ça fait mal, il faut savoir lui céder sa liberté. Et ça, c'est un grand signe d'amour.

Malgré la séparation, vous souhaitez préserver une bonne relation avec le père de vos enfants. C’est important pour vous de préserver ce noyau fami‐ lial?

Je trouve votre question essentiell­e. On a beaucoup d'immaturité relationne­lle dans notre société. Pour nous, le mariage, c'est la réussite, et le divorce, l'échec. Mais la vie, ça se passe entre les deux et les enfants écopent des drames émo‐ tionnels.

De pouvoir grandir dans une relation qui change de structure, ça ne veut pas dire qu'on doit tuer la relation. Et je cite Esther Perel, la grande psychothér­apeute belge, qui dit qu’on a tendance à vouloir terminer ou tuer une relation au lieu de la restructur­er.

On ne devrait pas avoir honte de se dire les vraies choses dans nos relations, on devrait pouvoir exprimer nos désirs, notre honte, nos souf‐ frances, peu importe ce que c'est, en se sentant en sécu‐ rité.

Est-ce qu'on va vous re‐ voir aux côtés de Justin Trudeau pendant la pro‐ chaine campagne électo‐ rale?

Mais là, c'est encore loin! (rires) À ses côtés? Mais bien sûr. On est une famille unie, on a encore plein d'amour qui nous unit. Et il n’y a pas de fin à ça.

Certaines réponses ont été raccourcie­s ou éditées, par souci de clarté et de concision.

tu peux te faire mal avec ton exacto. Et c’est arrivé!, s’es‐ claffe-t-il.

[L’artisanat] m'a aidé à passer à travers le processus [de création du jeu vidéo]. C’était même des moments qui étaient attendus.

Vincent Presseau, direc‐ teur de Carcajou Games

La famille derrière lui

Des moments difficiles, Vincent Presseau en a eu son lot ces dernières années. Je ne veux pas que les gens pensent que ça a été facile. J’ai fait beaucoup de sacri‐ fices pour en arriver là. Des sacrifices auprès de ma fa‐ mille et de mes proches, in‐ siste-t-il, affirmant avoir réa‐ lisé Once a Tale quasi béné‐ volement, avec un budget sous le million de dollars et en ne comptant pas ses heures.

C’est à ma femme que vous devriez parler. C’est elle qui sait mieux que qui‐ conque ce à travers quoi j’ai passé ces dernières années.

Vincent Presseau, direc‐ teur de Carcajou Games

Mais tout au long de son processus créatif, il n’avait qu’une chose en tête : sa fa‐ mille.

Ses années à travailler sur la série qui a contribué à mettre Montréal sur la carte mondiale des jeux vidéo, As‐ sassin’s Creed, l’ont rendu fier, mais il a toujours re‐ gretté de ne pas pouvoir montrer son travail à ses en‐ fants.

J'ai quatre enfants. Je trou‐ vais ça un peu poche de leur dire : "Papa est super cool, il travaille dans l’industrie du jeu vidéo, mais on ne peut pas jouer aux jeux que papa fait [car ils sont trop vio‐ lents]", raconte-t-il.

Avec Once a Tale, un jeu d’exploratio­n pour toute la famille, Vincent Presseau est à l’antipode des titres sur les‐ quels il a travaillé dans les grands studios. On y incarne à la fois Hansel et Gretel, mais très vite, on rencontre d’autres personnage­s d’autres contes de fées, et ça ouvre sur l’univers du conte en général, décrit-il, ajoutant que tout a été pensé pour que ce soit aussi plaisant à jouer qu’à regarder.

Même si ses enfants ont vieilli depuis, il se réjouit pour la prochaine génération de parents, qui pourront compter sur un jeu comme Once a Tale pour divertir leurs tout-petits. Certains dessins de ses enfants se trouvent aussi dans le jeu.

Se décrivant comme un ultracréat­if, Vincent Presseau a plus d’un tour restant dans son sac après Once a Tale, avec une poignée de projets en discussion­s avec des édi‐ teurs. Il ne manque pas d’idées pour une suite éven‐ tuelle du jeu non plus, qui pourrait aborder des contes locaux, comme celui de la Chasse-Galerie, par exemple.

On a un folklore très riche qu’on a complèteme­nt ou‐ blié. Une chance qu’on a des gens comme Bryan Perro pour nous le rappeler, sou‐ ligne-t-il, faisant référence à l’ouvrage Créatures fantas‐ tiques du Québec de cet au‐ teur, un livre recueillan­t plu‐ sieurs légendes issues de l’imaginaire québécois.

À la question de savoir si la suite serait aussi artisa‐ nale, il répond qu’il aimerait bien. Mais tout est une ques‐ tion de budget. En attendant de trancher la question, il continue de bricoler, cette fois avec ses enfants, qui ont eu envie de faire comme papa.

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