Une bande dessinée sur l’assassinat de Blanche Garneau
Cette histoire un peu ma‐ cabre avait fait la une des journaux dans les années 20 au Québec. Pourtant, après plus d'un siècle, cette enquête criminelle (non ré‐ solue) pique encore la cu‐ riosité. C’est le cas du scé‐ nariste Michel Viau et du bédéiste Jocelyn Bonnier qui ont jumelé leurs re‐ cherches afin de créer la bande-dessinée La non
vengée Le mystère Blanche Garneau.
Ce roman graphique de 150 pages est une immersion dans cette enquête qui avait créé tout un scandale au sein du gouvernement Tasche‐ reau et de l’opinion publique. L’auteur du livre, Michel Viau, a vu en cette enquête judi‐ ciaire une manière de recon‐ textualiser les différentes ru‐ meurs et le déroulement du procès à l’époque.
La rumeur publique s’en est mêlée dès le départ [...] On s’est mis à imaginer que c’était des jeunes dévoyés de la Haute Ville qui l’avait agressé (Blanche Garneau).
La capitale est divisée, les citoyens moins nantie de la Basse Ville donnent le blâme aux riches de la Haute Ville, et s'en suit un procès compli‐ qué, où les deux suspects se‐ ront finalement acquittés.
Les personnages de la bande-dessinée ont pour la plupart tous existé. Le scéna‐ riste qui se passionne pour l’histoire québécoise s’est re‐ plongé dans le processus d’enquête grâce à différents documents d’archives tels que des articles de journaux de ces années-là.
J’ai lu beaucoup de jour‐ naux et il y a quelques ou‐ vrages qui existent sur le su‐ jet, entre autres M. Éric Veillette qui a fait un livre monumental sur cette af‐ faire-là. ajoute l'auteur Mi‐ chel Viau.
Des échos avec l’époque d’aujourd’hui
Si le scénariste s’est inté‐ ressé à cette enquête, c’est aussi parce-qu’il a pu déceler de nombreuses similarités avec la société d’aujourd’hui. La liberté de presse bafouée, les théories du complot criées au grand jour, des journalistes en mal d’atten‐ tion… La mort de Blanche Garneau aura aussi servi les intérêts publics et politiques.
Le journal Le Franc Par‐ leur inventait des choses alors que le type ne savait rien. Ça m’a fait penser aux gens qui font des blogs et des vidéos sur YouTube qui imaginent toute sorte de complots.
Et il ajoute : Dans le fond, c’est malheureux pour Blanche, c’est un fait divers relativement banal mais qui est devenu une affaire d’état.
La ville de Québec sur dessin
Autre aspect intéressant; celui de redécouvrir la ville de Québec dans les années 1920, avec son château Fron‐ tenac (sans sa grande tour centrale), le parlement ou la gare du Palais.
J’aime bien que les lec‐ teurs puissent se retrouver dans les bande-dessinés, puisse reconnaître des lieux.
L’illustrateur Jocelyn Bon‐ nier a utilisé ses techniques habituelles en noir et blanc avec des grisés qui donnent des reliefs aux dessins. Viau et Bonnier avait déjà réalisé un premier livre ensemble sur l'histoire du meurtrier des années 70, Richard Blass.