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Un défecteur nord-coréen entre à l’assemblée législativ­e sud-coréenne

- Philippe Leblanc

Park Choong-Kwon était un des plus brillants cher‐ cheurs en missile balis‐ tique de la Corée du Nord, un de ceux qui allaient dé‐ velopper le programme nu‐ cléaire de Kim Jong-Un. Après avoir fait défection il y a quinze ans, le voilà membre de l’assemblée lé‐ gislative élue démocrati‐ quement en Corée du Sud.

Avant même le scrutin, l’homme de 38 ans était as‐ suré de faire son entrée à l’assemblée législativ­e. Il était le numéro deux sur la liste du parti au pouvoir pour les sièges au scrutin proportion‐ nel.

Park Choong-Kwon a af‐ firmé en entrevue à la BBC qu’il n’avait jamais songé à se lancer en politique jusqu’à ce que le Parti du Pouvoir popu‐ laire lui fasse signe. Il affirme vouloir redonner au pays qui l’a accueilli et aussi améliorer les conditions de vie de ceux qui font défection et qui ar‐ rivent du Nord.

En tant que personne qui a fait défection, je pense que je devrais jouer un rôle dans les relations intercorée­nnes, a-t-il soutenu en entrevue avec le Washington Post. La Corée du Nord, de par sa na‐ ture, est incapable de mettre fin aux provocatio­ns. Nous devons l’aider à devenir un pays normal, selon les normes mondiales.

Son parcours est digne d’un roman d’espionnage. Park Choong-Kwon avait 23 ans et il venait de terminer trois ans d’études à l’Univer‐ sité de la Défense nationale quand il s'est échappé de la Corée du Nord il y a 15 ans avec un faux passeport. Il ne pouvait plus vivre avec ses doutes sur le régime.

Il n’avait jamais évoqué auprès de sa famille ses plans qui lui ont coûté 10 000 dollars canadiens car il ju‐ geait que c'était trop risqué.

Park Choong-Kwon a fina‐ lement pris la fuite en avril 2009, le lendemain du pre‐ mier tir nord-coréen de mis‐ sile balistique interconti­nen‐ tal. Une arme sur laquelle il avait lui-même travaillé.

En entrevue l’année der‐ nière avec le site web basé à Séoul de nouvelles sur la Co‐ rée du Nord, NK News, il se rappelait avoir ressenti un mélange de liberté et de sen‐

timent de perte après avoir mis son plan à exécution.

Même lorsque j'étais en Corée du Nord, la conscience de la jeune génération chan‐ geait radicaleme­nt. Il y avait beaucoup de rumeurs sur Kim Jong-Un en tant que suc‐ cesseur potentiel de la na‐ tion. Il a à peu près notre âge, mais la Corée du Nord répandait des rumeurs selon lesquelles il était un grand génie. C'était dur à croire, se rappelle Park Choong-Kwon.

Il est devenu le quatrième Nord-Coréen ayant fait dé‐ fection à avoir été élu en Co‐ rée du Sud. Il fait aussi partie de la Génération Jangma‐ dang du nom de marchés agricoles illégaux qui ont vu le jour dans les années 90 lors de la famine mortelle.

Cette génération a non seulement connu la famine, mais elle a aussi eu accès à des nouvelles provenant de Corée du Sud et de Chine et distribuée­s illégaleme­nt en

Corée du Nord.

La professeur­e-associée à l’Université de Carleton à Ot‐ tawa, Sandra Fahy, a étudié les conditions de vie en Co‐ rée du Nord. En entrevue à Radio-Canada, elle explique ce qui motive cette généra‐ tion à risquer sa vie pour fuir.

Nombreux sont ceux qui, dans les années 1990 et de‐ puis, sont partis à la re‐ cherche d’une vie écono‐ mique meilleure. En quittant la Corée du Nord, de nom‐ breux transfuges m’ont dit : le choix était de rester et de mourir ou bien de partir et de peut-être mourir. C’était la même chose essentiell­ement alors ils ont choisi de partir vers la vie inconnue. En arri‐ vant en Chine, beaucoup ont été choqués de voir des chiens manger mieux que leurs enfants, explique San‐ dra Fahy.

Environ 34 000 Nord-Co‐ réens ont pu se rendre dans le Sud depuis la fin des an‐ nées 90. La majorité sont des femmes qui peinent à trou‐ ver leur place dans cette so‐ ciété.

Park Choong-Kwon, lui, a obtenu un doctorat en ingé‐ nierie en Corée du Sud et il a été embauché par le conglo‐ mérat Hyundai.

Il compte aider son nou‐ veau pays à réformer le sys‐ tème de taxation pour le sec‐ teur technologi­que afin de continuer à favoriser l’inno‐ vation.

tances de l’interventi­on sont restées nébuleuses, la police ayant potentiell­ement provo‐ qué les personnes interpel‐ lées.

Tout le monde se fait une opinion d’abord et, ensuite, les faits sortent, constate le professeur Jeffrey Butts. Après, dit-il, il devient difficile de faire changer d’avis les gens. Car, dans les faits, se‐ lon M. Butts, il n’y a pas de vague de crimes perpétrés par des migrants.

Marketing politique

C'est une invention des médias, je ne devrais pas me contenter de rejeter la faute sur les médias, explique Jef‐ frey Butts, car les hommes politiques adorent utiliser la question de la criminalit­é pour mobiliser leurs élec‐ teurs, leur inspirer de la peur, de l'anxiété, de la haine et du racisme, et cela fonc‐ tionne.

Aujourd'hui, les gens prennent des raccourcis, dans leur propre intérêt, afin de mobiliser leurs électeurs malgré les conséquenc­es.

Jeffrey Butts, professeur et chercheur au collège John Jay de justice criminelle, CUNY

Entendre le candidat ré‐ publicain présumé Donald Trump clamer que la crimina‐ lité pullule dans les villes gé‐ rées par des démocrates, alors que le président Joe Bi‐ den avance que l'année der‐ nière, le taux d'homicide a connu la plus forte baisse ja‐ mais enregistré­e, peut semer la confusion chez les élec‐ teurs. Mais cela revient sur‐ tout à l’efficacité du camp à vendre ses arguments à tra‐ vers des techniques de mar‐ keting politique.

Il reste que ces amal‐ games à des fins politiques ont des conséquenc­es selon Jeff Archer. Dans l'esprit de nombreuses personnes, la criminalit­é ne peut qu'aug‐ menter, les crimes violents et les meurtres ne peuvent qu'augmenter. Et si les chiffres disent qu'ils baissent, alors ils sont faux.

C'est vraiment dommage parce que cela crée une si‐ tuation où nous pourrions reconnaîtr­e qu'une tendance est positive, en tirer des le‐ çons et déterminer les poli‐ tiques que nous pourrions mettre en oeuvre pour accen‐ tuer un déclin. Au lieu de cela, nous avons créé une si‐ tuation où nous n'apprenons jamais rien.

Jeffrey Archer, cofonda‐ teur de AH Analytics

Dans le métro de New York, certains usagers restent sceptiques non seulement quant à l'efficacité réelle de la présence policière et militaire des dernières semaines, mais aussi quant à la nécessité d’un tel branle-bas de com‐ bat. Si certains ne sont pas dupes, il reste qu’en cette an‐ née présidenti­elle, tous les coups seront permis pour marquer des points poli‐ tiques. Et cette fois, la cam‐ pagne de peur quant à la cri‐ minalité pourrait bien payer.

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