« Terre en scène » ou l’art au service de la planète à Carleton
Le théâtre gaspésien À tour de rôle, en collaboration avec des organismes envi‐ ronnementaux, a organisé samedi à Carleton-sur-Mer une foule d’activités pour souligner en avance le Jour de la Terre.
Performances artistiques et panels d’experts se cô‐ toient dans la programma‐ tion, afin d’offrir différentes perspectives sur les enjeux climatiques et environne‐ mentaux.
La directrice du Théâtre À tour de rôle, Pascale Joubert, croit que les artistes ont le pouvoir d’éveiller les consciences face à la crise cli‐ matique.
« C’est toujours intéres‐ sant d’essayer d’allier l’artis‐ tique avec les mouvements écologiques et les gens, les citoyens qui ont un intérêt pour ça […]. À travers la poé‐ sie, l’humour, le ludisme, on peut aller chercher quelque chose d’autre chez les gens et éveiller un autre type de conscience. Ça rapproche de l’humain et ça donne d’autres pistes de réflexion », sou‐ tient-elle.
Les artistes ont toujours quelque chose d’autre à of‐ frir, une perspective diffé‐ rente. Ça éveille les consciences d’une autre fa‐ çon.
Pascale Joubert, directrice du Théâtre À tour de rôle Warm
L’artiste multidisciplinaire Mykalle Bielinski met concrè‐
up
tement en scène la produc‐ tion et la consommation d’énergie en chantant tout en pédalant dans sa perfor‐ mance intitulée Warm up : un échauffement contre le réchauffement.
Par le mouvement, elle génère de l’électricité qui lui permet d’alimenter un ordi‐ nateur, un haut-parleur ainsi qu’un projecteur.
Il s’orchestre une espèce de danse où je produis, je dé‐ pense, je produis, je dépense jusqu’à percevoir que je dé‐ pense plus que ce que je suis capable de produire, raconte Mykalle Bielinski.
Cet échauffement contre le réchauffement, qu’elle vou‐ lait réaliser avec le moins d’éléments possible, se veut une réflexion sur la produc‐ tion, la consommation, et fi‐ nalement, la surconsomma‐ tion.
Selon elle, les artistes ont un rôle à jouer sur la scène des changements clima‐ tiques.
Les artistes, on est peutêtre des intermédiaires entre la science, les études, les nouvelles, puis les citoyens, parce qu’on travaille avec les sens, donc on peut vraiment passer par d’autres chemins que l’intellect, amener d’autres émotions et rendre sensibles ces enjeux-là, ob‐ serve Mme Bielinski.
Il faut vraiment multiplier les discours sur cette crise-là et sortir du déni et de la peur, des émotions qui para‐ lysent les gens dans l’action et le changement.
Mykalle Bielinski, artiste multidisciplinaire
Si j’avais un char
Est-ce qu’on peut habiter en région sans avoir de voi‐ ture? C’est la grande question à laquelle l’autrice Juliana Lé‐ veillé-Trudel tente de ré‐ pondre à travers le docu‐ mentaire scénique Si j’avais pas de char, qui allie mu‐ sique, écriture et théâtre, présenté samedi après-midi.
Elle a fait la route entre Montréal et Carleton-sur-Mer en autobus pour aller à la rencontre d’experts des questions de mobilité, mais aussi de citoyens et d’artistes pour échanger et réfléchir sur la place de l’automobile dans la société d’aujourd’hui.
Pour Mme Léveillé-Trudel, ses valeurs personnelles - ne pas posséder de voiture, no‐ tamment -, ses expériences et ses questionnements guident sa pratique artis‐ tique.
Je trouve aussi que ce sont de bons moteurs de création, dit-elle. Il a un pro‐ blème au départ et d’y réflé‐ chir, souvent, il faut être créatif pour trouver des solu‐ tions, je trouve que c’est très nourrissant.
L’autrice croit elle aussi que les artistes ont une pa‐ role à prendre au chapitre de la question climatique.
Je pense que ce qui marche le plus, ce n’est pas tellement l’expert du GIEC qui vient t’expliquer à quel point ça va mal, mais c’est un être humain comme toi, qui n’est pas un expert, mais qui te montre les impacts dans sa vie, conclut-elle.
Les deux artistes ont éga‐ lement été invitées à prendre part à deux panels organisés dans le cadre de l’événement, qui abordent les thèmes de la mobilité durable et de la décroissance.
D’après le reportage d’Isa‐ belle Larose
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