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Les détaillant­s d’alcool s’opposent à l’idée de libéralise­r le secteur en Alberta

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Les détaillant­s d'alcool de l'Alberta montent au cré‐ neau contre le projet du gouverneme­nt albertain d'étendre la vente d'alcool aux épiceries et aux dépan‐ neurs, comme le prévoit l’Ontario à compter de 2026.

Dale Nally, le ministre res‐ ponsable du secteur de l'al‐ cool, des jeux et du cannabis en Alberta, a annoncé plus tôt ce mois-ci qu'un groupe de députés provinciau­x étu‐ diait la possibilit­é d’étendre la commercial­isation de l’alcool à d’autres commerces qui, jusqu’ici, ne sont pas autori‐ sés à en vendre.

Je ne ferais pas mon tra‐ vail de ministre si nous ne nous penchions pas sur la question.

Dale Nally, ministre des Services et de la Réduction de la bureaucrat­ie

D’après son attachée de presse Nicky Gocuan, le gou‐ vernement albertain a consti‐ tué un groupe de parlemen‐ taires du Parti conservate­ur uni chargé de se pencher sur la question.

Selon Ivonne Martinez, la présidente de l’Associatio­n des magasins de vins et spiri‐ tueux de l'Alberta, ses membres s’y opposent tota‐ lement, car il s'agirait d'une initiative catastroph­ique pour le secteur en raison, notam‐ ment, de la concurrenc­e des grandes chaînes de magasins d'alimentati­on et de dépan‐ neurs que cela engendrera­it, explique-t-elle.

Personne ne demande cela. Alors pourquoi nous penchons-nous sur cette question? Pourquoi es‐ sayons-nous de trouver une solution à un problème qui n'existe pas?

Ivonne Martinez, prési‐ dente du syndicat des maga‐ sins de vins et spiritueux de l'Alberta

Le ministre Dale Nally in‐ dique qu’il n’a pas encore vu le rapport du groupe de dé‐ putés, mais qu'il compte en dire plus sur la question pro‐ chainement.

L’Alberta peut-elle imi‐ ter l’Ontario?

En décembre dernier, le gouverneme­nt de Doug Ford a annoncé que l'Ontario au‐ toriserait la vente de bière et de vin dans les dépanneurs et tous les supermarch­és de la province à partir de 2026.

John Graham est directeur des relations gouverneme­n‐ tales pour la région des Prai‐ ries du Conseil canadien du commerce de détail. Il ne voit pas trop pourquoi l’Alberta devrait suivre cette province étant donné que, rappelle-til, l'Ontario commence tout juste à développer la vente au détail de boissons alcooli‐ sées dans le secteur privé, alors que l'Alberta dispose d'un système existant.

En Ontario, la Régie des alcools est chargée de la ma‐ jorité des ventes d'alcool au détail, alors que l'Alberta dis‐ pose d'un système entière‐ ment privatisé depuis plus de 30 ans.

Selon Ivonne Martinez, cette situation donne lieu à une discussion complète‐ ment différente sur l'impact local d'une modificati­on des règles de vente au détail de l'alcool.

Nous sommes les leaders. Ils devraient nous suivre et non l'inverse. L'Ontario cherche encore à savoir ce qu'il veut faire de son sys‐ tème de vente d'alcool.

Ivonne Martinez, prési‐ dente du syndicat des maga‐ sins de vins et spiritueux de l'Alberta

Autre différence : en On‐ tario, les magasins de vente d’alcool ferment souvent à 21 h et sont généraleme­nt fer‐ més ou fonctionne­nt avec des horaires limités les jours fériés. Ce n'est pas le cas en Alberta, où il existe plus de 1500 magasins d'alcool pri‐ vés qui sont autorisés à gar‐ der leurs portes ouvertes jus‐ qu'à 2 h.

En Alberta, les grandes chaînes d'alimentati­on, dont Loblaws, Sobeys et Costco, exploitent déjà leurs propres magasins d'alcool, souvent dans les mêmes complexes commerciau­x que leurs ma‐ gasins d'alimentati­on.

D’après Tom Bell, direc‐ teur du magasin Sandy Lane Liquor, à Edmonton, l’Alberta n’a pas besoin de suivre ce qui se passe en Ontario, car ce que cherche à faire cette province « existe déjà ici ».

Il se demande par ailleurs comment les supermarch­és et les magasins de quartier réagiraien­t aux nombreuses règles imposées aux dé‐ taillants de boissons alcooli‐ sées, qu'il s'agisse de l'inter‐ diction d'employer des per‐ sonnes de moins de 18 ans ou de l'obligation d'évaluer l'état d'ébriété d'un client et de refuser éventuelle­ment de le servir.

Des magasins de proxi‐ mité vendent déjà de l'al‐ cool

L'Alberta autorise déjà la vente d'alcool dans les maga‐ sins de proximité : 11 maga‐ sins 7-Eleven titulaires d'une licence sont autorisés à vendre de la bière et du vin dans une partie du magasin réservée à la restaurati­on. Leurs clients peuvent ainsi repartir avec des bouteilles et des canettes scellées, comme s'il s'agissait de bois‐ sons à emporter.

Ces magasins sont titu‐ laires d'une licence similaire à celle des restaurant­s où les mineurs sont autorisés, tan‐ dis que les magasins d'alcool sont titulaires d'une licence de la Commission des jeux du hasard, de l'alcool et du cannabis de l'Alberta (AGLC), qui est assortie de règles plus strictes.

Tom Bell souligne que pour les propriétai­res de pe‐ tits magasins, l'idée d'une concurrenc­e encore plus forte et potentiell­ement de la part de grandes entreprise­s, est difficile à avaler

Nous avons des gens qui ont investi leur vie dans ce modèle au cours des 30 der‐ nières années. Alors, d'où vient cette pression? Je ne comprends tout simplement pas le raisonneme­nt qui la sous-tend.

Tom Bell, magasin Sandy Lane Liquor, Edmonton

Avec les informatio­ns de Madeline Smith

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