Trop « gourmand », Honda n’a pas réussi à s’entendre avec Québec
Le constructeur japonais Honda a été jugé trop « gourmand » dans ses de‐ mandes pour venir s’établir au Québec, a appris RadioCanada. Le fabricant ira fi‐ nalement s’installer en On‐ tario, qui a déposé une offre plus généreuse. L’an‐ nonce sera faite jeudi.
On aurait voulu les faire venir, mais à un prix raison‐ nable. Et ce n’était pas le cas, a souligné une source bien au fait du dossier à Radio-Ca‐ nada.
Selon nos informations, le montant demandé par Honda excédait celui que va investir le gouvernement dans le méga-projet de Nor‐ thvolt. L’aide financière de Québec est évaluée à 3 mil‐ liards de dollars pour l’entre‐ prise suédoise et comprend des participations dans la so‐ ciété et des subventions à la production.
C’est jeudi que les détails du projet de Honda seront annoncés, mais déjà le pre‐ mier ministre ontarien Doug Ford souligne qu’il s’agira du plus important accord de l’histoire du Canada, repré‐ sentant le double de la va‐ leur de celui de Volkswagen.
Outre une offre plus géné‐ reuse en Ontario, Honda voudrait aussi profiter de l’écosystème en place, le constructeur possédant déjà des usines dans la plus grande province canadienne. L'entreprise pourra ainsi faire davantage d’économies d’échelle.
L’ampleur de l’aide du gouvernement de l’Ontario n’est pas connue pour le mo‐ ment, mais c’est la province qui assurera l’essentiel de la facture. Le fédéral sera aussi de la partie.
Dans son budget déposé la semaine dernière, le gou‐ vernement de Justin Trudeau proposait un crédit d'impôt de 10 % pour les infrastruc‐ tures liées à la chaîne d'ap‐ provisionnement pour les vé‐ hicules électriques.
Honda n’avait pas encore répondu à une demande de réaction de Radio-Canada au moment de mettre en ligne cet article.
Des retombées insuffi‐ santes?
Après plusieurs semaines de négociations, le gouverne‐ ment du Québec a appris la décision de Honda durant la fin de semaine.
Déjà sous pression avec des finances jugées plus pré‐ caires, le gouvernement ca‐ quiste voulait s’assurer d’ob‐ tenir de solides retombées économiques et fiscales sur 10 ans.
Si on se rend compte que les retombées ne sont pas là, on ne le fait pas, a souligné une source.
Québec peut déjà comp‐ ter sur les usines de ca‐ thodes de Ford et de General Motors à Bécancour, dans ce qui est appelé la « vallée de la transition énergétique ». De son côté, Northvolt va produire des cathodes et des cellules, ainsi qu’implanter une usine de recyclage.
La venue de Honda au Québec était donc vue comme la cerise sur le gâ‐ teau, mais n’était pas néces‐ saire pour l’écosystème en place, nous dit-on.
Il y a quelques semaines, Radio-Canada avait rapporté que Honda était intéressé à installer son usine de ca‐ thodes au Québec et négo‐ ciait une participation dans la minière Nemaska Lithium. Le constructeur souhaitait aussi obtenir un prix attrayant pour le lithium.
Et l’électricité?
Le contexte plus serré des surplus d’électricité au Qué‐ bec n’aurait pas joué dans la balance. Selon nos informa‐ tions, les négociations n’étaient pas rendues assez loin avec Honda pour que le fabricant fasse une demande en énergie.
Toutefois, si le construc‐ teur avait décidé de s’implan‐ ter au Québec, le ministre de l’Énergie et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, aurait dû abandonner d’autres projets, surtout si Honda avait voulu construire une usine de ca‐ thodes et une autre de cel‐ lules.
Pour les cellules, je ne crois pas qu’on aurait eu l’énergie dans le laps de temps… pour les cathodes, ça aurait pu passer. S’ils étaient venus, il y a des pro‐ jets qu’on n’aurait pas faits, a indiqué une source.
L’an dernier, M. Fitzgibbon avait dû renoncer à l’implan‐ tation de Volkswagen en rai‐ son du manque d’électricité disponible.
Si on avait eu le courant électrique, on aurait été au rendez-vous, mais on ne l’avait pas, a-t-il alors admis.
Selon nos informations, la controverse entourant North‐ volt n’a pas refroidi Honda quant à l'idée de venir au Québec, tout comme le contexte de ralentissement dans le secteur des véhicules électriques.
Au cours des derniers
mois, des fabricants ont dé‐ cidé d’appuyer sur le frein de la production de ce type de véhicules. Certains grands joueurs comme Tesla ont vu leurs ventes baisser lors du dernier trimestre.
Honda pourrait d’ailleurs être le dernier gros joueur à venir s’établir au Canada pour produire des compo‐ santes ou des véhicules élec‐ triques.
Selon nos informations, malgré le ralentissement, tous les projets annoncés à Bécancour ou dans la ban‐ lieue montréalaise ne sont
pas menacés.