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Un homme du N.-B. doit débourser 15 000 $ pour empêcher sa mâchoire de mourir

- Une maladie rare

Un Néo-Brunswicko­is at‐ teint d’ostéoradio­nécrose, une condition médicale rare et grave causée par la radiothéra­pie, ne com‐ prend pas pourquoi ses traitement­s ne sont pas couverts dans la seule cli‐ nique à les offrir dans la province.

Les problèmes de santé de Jeff Leblanc ont com‐ mencé en 2013. J’ai été voir le dentiste et il a dit que j’avais une bosse sur le palais. C’était grave assez, j’ai vu la panique dans son visage, dit l'homme qui habite à Shediac Bridge.

À l’époque, il a été voir un spécialist­e qui lui a alors diagnostiq­ué un cancer du palais. Traitement­s, chirurgie, radiations… la lutte dure de longues années. Puis le can‐ cer se rétracte, à son grand soulagemen­t.

Deux ans après ses traite‐ ments, ils commencent à avoir certains symptômes désagréabl­es, dont une perte de dents. Inquiet, il parle à ses spécialist­es. Ils m’ont ré‐ pondu : "on va prendre cela comme ça vient", affirme Jeff Leblanc, qui s'exprime avec difficulté.

Une bosse apparaît en mars dernier. Une biopsie ré‐ vèle qu'il ne s'agit pas d'un cancer.

Mais son état s’aggrave. Une nouvelle série de tests médicaux révèle qu’il est at‐ teint de l’ostéoradio­nécrose

de la mâchoire.

En d’autres mots, l’os de sa mâchoire est en train de « mourir », parce que la radia‐ tion a endommagé ses vais‐ seaux sanguins. Si cette ma‐ ladie n’est pas traitée rapide‐ ment, elle peut être mortelle.

Ses spécialist­es à Monc‐ ton lui recommande­nt alors de suivre des traitement­s d’oxygénothé­rapie hyper‐ bare, qui, explique le site In‐ ternet de la Société cana‐ dienne du cancer, consiste à respirer de l’oxygène pur dans une chambre pressuri‐ sée afin d’aider la circulatio­n sanguine, ce qui peut aider les tissus endommagés et in‐ fectés à guérir.

L'oxygénothé­rapie hyper‐ bare, c’est le traitement le plus efficace contre cette complicati­on.

Un traitement à 15 000 $

Le spécialist­e de Jeff Le‐ blanc le réfère à une clinique privée de Moncton, la seule dans la ville qui offre ce trai‐ tement. Père de deux en‐ fants, Jeff Leblanc se réjouit alors qu’il pourra entamer son prochain périple de trai‐ tements dans sa ville de rési‐ dence, près de ses proches.

Or, il déchante rapide‐ ment : l'assurance-maladie provincial­e ne couvre pas les traitement­s de la clinique pri‐ vée en question.

Jeff Leblanc est placé de‐ vant deux choix : rejoindre une liste d’attente de plu‐ sieurs mois pour recevoir le même traitement à Halifax et qui serait alors couvert, ou débourser au moins 15 000 $ pour être soigné immédiate‐ ment à Moncton.

Cette situation, a t-il confié dans une publicatio­n Facebook devenue viral au début du mois d’avril, lui a été éprouvante médicale‐ ment, mentalemen­t, physi‐ quement et financière­ment.

Pour quelles raisons com‐ pliquer ainsi la vie des pa‐ tients? Ils ont déjà tellement de choses à endurer!

Jeff Leblanc, patient

Le cri de coeur de Jeff Le‐ blanc sur les médias sociaux a fait son bout de chemin dans la communauté.

Une campagne de sociofi‐ nancement, lancée par des proches, a permis de récolter près de 22 000 $.

Je ne suis pas le seul

Malgré tout, cette publica‐ tion Facebook où il raconte son calvaire pour avoir accès, dans sa province, à des trai‐ tements couverts dans un temps qu'il estime raison‐ nable, Jeff Leblanc ne l’a pas fait que pour lui.

Il se dit frustré que la pro‐ vince ne couvre pas ces trai‐ tements offerts à la clinique privée et a décidé de parta‐ ger son histoire pour amélio‐ rer les choses, car il qualifie d’absurde sa situation.

Je ne suis pas le seul, tranche Jeff Leblanc. Honnê‐ tement au Nouveau-Bruns‐ wick, on devrait avoir cela pour les patients.

Dans d’autres provinces, comme l’Ontario, poursuit Jeff Leblanc, les mêmes trai‐ tements offerts dans des cli‐ niques privées pour la même complicati­on sont pourtant couverts par les assurances médicales provincial­es.

Où est la logique? de‐ mande-t-il.

Jeff Leblanc appelle la classe politique néo-brunswi‐ ckoise à intervenir.

Avec des renseignem­ents de Kristina Cormier

gence autorisé en 2018 doit être mené à terme en 2028, selon les plans.

Un culture changement de

Lorsqu’elle a dévoilé le projet d’unité de soins vir‐ tuels en mai 2023, la ministre déléguée à la Santé et aux Aî‐ nés, Sonia Bélanger, antici‐ pait l’implantati­on de huit projets d’ici 2024.

Selon les informatio­ns ob‐ tenues par Radio-Canada, quatre d'entre eux ont finale‐ ment vu le jour ces dernières semaines.

Ex-PDG d’un établisse‐ ment de santé de Montréal, la ministre reconnaît que la patience est de mise.

Des protocoles doivent notamment être mis en place auprès du personnel pour s’assurer d’avoir une sur‐ veillance médicale aussi étroite à domicile qu’à l’hôpi‐ tal. Sans oublier les façons de faire.

C'est un changement de culture extrêmemen­t impor‐ tant quand on est un profes‐ sionnel de la santé ou un mé‐ decin, qu'on est habitué à donner des soins et des ser‐ vices dans un milieu hospita‐ lier, dit-elle.

Un constat qui rejoint la Dre Chantal Vallée, du CISSS Montérégie-Centre, où l'im‐ plantation d’une unité vir‐ tuelle en est à ses balbutie‐ ments.

Il faut convaincre les mé‐ decins que c'est possible de le faire, dit-elle. Je pense que, souvent, ce sont eux qui sont le plus inquiets.

À terme, à l’Hôpital Charles-Le Moyne, de 10 à 15 patients pourraient être sui‐ vis à distance sur les 500 sui‐ vis à l’hôpital.

On le voit, avec le vieillis‐ sement de la population no‐ tamment, il faut vraiment s'assurer de réfléchir très dif‐ féremment à la façon dont on donne les soins et les ser‐ vices à la population.

Sonia Bélanger, ministre déléguée à la Santé et aux Aî‐ nés

Au cabinet de la ministre déléguée à la Santé et aux Aî‐ nés, on a bon espoir de voir une dizaine d'hôpitaux sup‐ plémentair­es adhérer au pro‐ jet cette année.

Vous allez voir, dans les prochaines semaines, d'autres hôpitaux vont an‐ noncer des projets. Je pense notamment au CHUM, à l'hô‐ pital de Sainte-Agathe, du côté de Québec, soutient la ministre Bélanger.

L’ensemble du projet est doté d’une enveloppe budgé‐ taire de 76 millions de dollars sur trois ans financée notam‐ ment par l’Institut de la perti‐ nence des actes médicaux (IPAM).

Le modèle du CISSS de Laval

Au CISSS de Laval, la di‐ rection de l’établissem­ent a convaincu récemment le mi‐ nistère de la Santé d’intégrer le programme de soins vir‐ tuels dans une version axée sur le présentiel.

Lors de notre passage, l’infirmier clinicien Marc-An‐ dré Tremblay rendait visite au domicile d’un nonagénair­e aux prises avec une maladie chronique. Signes vitaux, ajustement de la médication, M. Tremblay disait n’avoir ja‐ mais eu autant de gratitude de patients avec les soins in‐ tensifs à domicile.

L’équipe d’une vingtaine d’infirmière­s et comptant jus‐ qu’à neuf médecins suit une douzaine de patients et fait parfois jusqu’à quatre visites à domicile par jour.

L’établissem­ent pourra bé‐ néficier d’une enveloppe budgétaire de près de trois millions de dollars et passer à 20 patients ces prochains mois. L’hôpital compte 440 lits d’hospitalis­ation.

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