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Les urgences de l’Hôtel-Dieu de Québec font bonne figure

- François Pouliot

L’Hôtel-Dieu de Québec fait bonne figure. Malgré une augmentati­on du nombre de visites aux urgences au cours de la dernière année, les opérations demeurent on ne peut plus fluides.

Dans le palmarès des ur‐ gences publié lundi par La Presse, l’établissem­ent hospi‐ talier du Vieux-Québec dé‐ croche même l’enviable note de B+.

Selon les données rappor‐ tées par le quotidien et confirmées par le CHU de Québec, si le nombre de vi‐ sites aux urgences a aug‐ menté de 12 % en un an, le temps moyen d’un séjour, lui, se limite à 12 heures et 17 minutes.

Avec les enjeux de maind’oeuvre et le vieillisse­ment de la population, les condi‐ tions sont complexes, convient Stéphane Tremblay, directeur des soins critiques au CHU de Québec, en entre‐ vue lundi à l’émission Pre‐ mière heure.

Les personnes âgées qui séjournent trop longtemps sur nos civières à l’urgence vont avoir des impacts, ajoute-t-il. Donc c’est sûr qu’on travaille à limiter le temps de passage sur les ci‐ vières.

Aux urgences de l’HôtelDieu de Québec, le CHU de Québec dénombre 15 ci‐ vières.

Malgré la hausse totale du nombre de visites, la propor‐ tion de patients âgés de 75 ans et plus sur civière n’a ac‐ cusé dans la dernière année qu’une légère augmentati­on, passant de 38,1 % à 38,5 %.

Face à de tels constats, M. Tremblay vante le travail col‐ lectif mené à l’Hôtel-Dieu de Québec.

Je vous dirais que c’est l’ef‐ fet collectif de vouloir aider l’urgence en amont [et] en aval pour faire en sorte qu’on a une bonne fluidité ou, du moins, une fluidité qui est améliorée, dit-il.

La proche aidance, va‐ riable déterminan­te

Concrèteme­nt, M. Trem‐ blay note que dans cet effet collectif, la participat­ion des proches aidants est détermi‐ nante pour l’évolution du pa‐ tient, même à l’urgence.

On a travaillé [à] revoir la politique des visites pour les proches aidants, dit-il.

Autrefois, ces derniers étaient limités dans le temps qu’on leur accordait au che‐ vet de leurs proches, ce qui n’est plus le cas maintenant. À leur manière, ils peuvent ainsi soutenir l’équipe soi‐ gnante, indique M. Tremblay.

Avec le vieillisse­ment de la population, ça fait partie des bonnes pratiques d’avenir.

Stéphane Tremblay, direc‐ teur des soins critiques au CHU de Québec

Je pense que c’est une ini‐ tiative de laquelle il faut s’ins‐ pirer, salue Loriane Estienne, directrice générale de Proche aidance Québec, un orga‐ nisme regroupant plus de 120 organismes communau‐ taires qui soutiennen­t plus de 41 000 personnes proches aidantes.

Si en plus elle porte fruit et permet d’alléger le fardeau sur le système de santé, c’est encore plus une bonne me‐ sure, dit-elle, insistant du même souffle sur le rôle si‐ gnificatif [joué par les proches aidants] dans le sou‐ tien à leurs proches.

Cette personne-là va vrai‐ ment s’inscrire comme une alliée, comme une collabora‐ trice, en partenaria­t avec le réseau de la santé, de lancer Mme Estienne. Il faut s’assu‐ rer que les services soient ar‐ rimés autour de cette per‐ sonne-là, et qu’elle reçoive les services dont elle a be‐ soin.

Ceci dit, les proches ai‐ dants sont-ils suffisamme­nt pris en considérat­ion, dans le système de santé québécois en général?

Adoptée en 2020, la Loi vi‐ sant à reconnaîtr­e et à soute‐ nir les personnes proches ai‐ dantes et modifiant diverses dispositio­ns législativ­es té‐ moigne d’un changement de culture, selon elle.

Est-ce qu’on est sur la bonne voie? Certaineme­nt. Est-ce qu’on doit considérer davantage les personnes proches aidantes? Oui. Il faut qu’on les mette au coeur de la réussite de tout ça.

Loriane Estienne, direc‐ trice générale de Proche ai‐ dance Québec

Anticiper les heures sup‐ plémentair­es

Autre aspect sur lequel ont travaillé les équipes de l’Hôtel-Dieu de Québec : la philosophi­e de gestion de la main-d’oeuvre, qui passe no‐ tamment par une autoges‐ tion des horaires, indique Stéphane Tremblay.

En bref, on affiche les plages horaires qui ne sont pas couvertes; le personnel va donc, par lui-même, s’ajouter des quarts de tra‐ vail. Une manière, selon M. Tremblay, d’offrir plus de possibilit­és aux employés de pouvoir anticiper le temps supplément­aire, contournan­t ainsi son caractère obliga‐ toire.

On essaie de compenser l’augmentati­on des volumes par plus de présences, dit-il.

D’un hôpital à l’autre, des écosystème­s différents

Et les autres hôpitaux uni‐ versitaire­s de Québec?

Alors que le Centre hospi‐ talier de l’Université Laval (CHUL) et Centre mère-en‐ fant Soleil, l’Hôpital du SaintSacre­ment et l’Hôpital SaintFranç­ois d’Assise se méritent tous la note de C, l’Hôpital de l'Enfant-Jésus, pour sa part, obtient un C- de la part de La Presse.

Si M. Tremblay affirme que la recette de l’Hôtel-Dieu de Québec est également ap‐ pliquée aux quatre autres hôpitaux universita­ires de la région, il justifie leur score par les disparités qui existent entre ces dernières. Les éco‐ systèmes des urgences sont différents.

Par exemple, si on prend le CHUL, on a évidemment une forte teneur de consulta‐ tions pédiatriqu­es qui im‐ plique [...] des alternativ­es à l’urgence au niveau de la pre‐ mière ligne qui sont en tra‐ vaux actuelleme­nt, expliquet-il.

En revanche, du côté de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, M. Tremblay fait valoir que c’est une urgence avec un carac‐ tère traumatolo­gique.

Néanmoins, ce qui fait la force de l’Hôtel-Dieu de Qué‐ bec, et ce qu’on est en train d’exporter, lance-t-il, c'est la mobilisati­on complète de l’établissem­ent au service de l’urgence.

On souhaite ainsi voir les usagers admis à l’urgence monter sur l’étage plus rapi‐ dement.

Ça, on l’a mieux réussi à l’Hôtel-Dieu de Québec que dans nos autres sites hospi‐ taliers, laisse tomber Sté‐ phane Tremblay. Quoiqu'on s’améliore dans l’ensemble de nos urgences, croit-il.

Avec des informatio­ns de Camille Carpentier

En complément :

Plus de 3000 rendez-vous reportés dans les hôpitaux de Québec en raison de la grève Les travaux du méga‐ hôpital de l’Enfant-Jésus pro‐ longés jusqu’en 2029 (2022)

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