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Des océans plus chauds forcent des espèces à migrer vers le nord

- Alexandre Lepoutre

En plus de mettre en péril plusieurs espèces, le ré‐ chauffemen­t des océans force des poissons à chan‐ ger leurs habitudes et à mi‐ grer toujours plus vers le nord, à la recherche de meilleures conditions. De tels déplacemen­ts per‐ turbent toute une chaîne alimentair­e et risquent de forcer la mise à jour des cartes de l’industrie des pêches.

Sur les quais de Steves‐ ton, typique village de pê‐ cheurs du Grand Vancouver, Judy Nguyen a de plus en plus de mal à exercer son métier. Jadis une industrie prospère sur place, la pêche a considérab­lement changé en une décennie.

Il y a 10 ans, c'était rempli de bateaux collés les uns aux autres sur le quai. Mainte‐ nant, il ne reste qu'une poi‐ gnée de vendeurs. Il ne se passe plus grand-chose, ob‐ serve-t-elle.

Au fil des années, les sto‐ cks se sont amoindris. Faute de poissons ou de crustacés en nombre suffisant dans l’océan, Judy Nguyen et sa fa‐ mille n’ont eu d’autre choix que d’aller là où la ressource est plus abondante : à plus de 1000 km au nord, à Prince Rupert.

Les courtes sorties que permettait la pêche de proxi‐ mité du passé ont fait place à des périples de plusieurs jours.

À l'époque, on ne conge‐ lait pas les crevettes, parce qu'on les pêchait tout près d’ici. On les vendait fraîches, tous les jours. Mais les quo‐ tas ont commencé à dimi‐ nuer, puis le secteur a été fermé à la pêche, raconte Judy Nguyen.

Ce que vit cette pêcheuse est loin d’être anecdotiqu­e. De nombreux pêcheurs disent devoir aller plus loin pour exercer leur gagne-pain.

Comment l’expliquer? Les poissons ont-ils disparu? Se sont-ils déplacés?

La surpêche est une pre‐ mière réponse. Pendant des décennies, elle a lourdement affecté les stocks. Par la suite, des moratoires et des quotas ont permis d’y remé‐ dier en offrant une plus grande protection aux es‐ pèces.

Une autre explicatio­n est celle du réchauffem­ent des océans. Cette nouvelle me‐ nace, qui s’est imposée rapi‐ dement, bouleverse à son tour la répartitio­n des stocks de poissons et de crustacés.

Des poissons à la re‐ cherche de conditions plus appropriée­s

À ce sujet, une étude (pu‐ bliée en anglais) à laquelle ont contribué des chercheurs de l’Université de la Colom‐ bie-Britanniqu­e (UBC) a mon‐ tré que le réchauffem­ent cli‐ matique force des espèces marines à migrer toujours plus vers les pôles. Une ten‐ dance mondiale qui, selon eux, ne fera que s'accélérer dans les prochaines années.

Un poisson va toujours chercher à rester dans sa zone de tolérance thermique. Si l’eau se réchauffe, il va donc migrer vers le nord ou en profondeur pour essayer de rester dans un environne‐ ment qui est optimal pour lui, explique Colette Wabnitz, affilée à l’UBC, et scientifiq­ue principale à l’Université de Stanford, en Californie.

Ainsi, les chercheurs ont pu observer dans les eaux de la Colombie-Britanniqu­e des espèces marines qu’on n’avait pas l’habitude de voir là.

De façon régulière, des calmars ont été pêchés en abondance parce que, tout d’un coup, il faisait plus chaud et que c’était pour eux une températur­e normale ou mieux adaptée, indique Colette Wabnitz. Des pois‐ sons-lunes et des requins y ont aussi été aperçus, de fa‐ çon plus sporadique.

Certains des pays au nord du globe ont pêché des es‐ pèces qui n'y avaient pas été pêchées auparavant.

Colette Wabnitz, scienti‐ fique principale à l’Université de Stanford.

D’autres études arrivent aux mêmes résultats. L’Agence américaine de pro‐ tection de l’environnem­ent a analysé, par exemple, le cas du homard (en anglais). Sur la côte Atlantique, il s'est dé‐ placé vers le nord d'environ 220 km depuis les années 1980.

Plus encore, au sein même de l'Arctique, des pois‐ sons semblent se déplacer toujours plus vers le nord.

Ingrid Spies, biologiste au Centre de recherche des sciences de la pêche en Alaska de la National Oceanic and Atmospheri­c Administra‐ tion (NOAA), a étudié les dé‐ placements de la morue du Pacifique. Selon ses observa‐ tions, des population­s du sud-est de la mer de Béring ont migré à 1000 km au nord de leur habitat traditionn­el, là encore à la recherche de meilleures conditions.

Le nord de la mer de Bé‐ ring, qui était un milieu arc‐ tique, ressemble de plus en plus à un milieu subarctiqu­e.

Ingrid Spies, biologiste au Centre de recherche des sciences de la pêche en Alaska de la NOAA

Une chaîne alimentair­e perturbée

Certains poissons quittent donc un habitat pour en peu‐ pler un autre. Or de tels changement­s perturbent la chaîne alimentair­e.

Un poisson qui migre en dehors de son habitat tradi‐ tionnel, c’est en effet une proie de moins pour un pré‐ dateur, qui sera, lui, forcé de migrer aussi ou de changer son régime alimentair­e.

À Nanaimo, sur l'île de Vancouver, Thomas DoniolValc­roze, directeur du pro‐ gramme de recherche sur les cétacés de Pêches et Océans Canada, étudie de près le comporteme­nt des mammi‐ fères marins. Et un constat s’impose : leur bonne santé est intimement liée à la dis‐ ponibilité de leur nourriture.

Le biologiste cite en exemple le cas de la baleine à bosse. Pourtant sur la voie d’un rétablisse­ment, son par‐ cours a été perturbé.

Les récentes vagues de chaleur marine en ColombieBr­itannique ont affecté la productivi­té des planctons, dont ils se nourrissen­t. On a perdu des milliers de ba‐ leines. On pense que la po‐ pulation a diminué de 20 %. C’est un impact beaucoup plus important que ce à quoi on s’attendait, déplore Tho‐ mas Doniol-Valcroze.

Tout est lié, dans l’océan : toute perturbati­on dans les écosystème­s marins a un ef‐ fet boule de neige sur la chaîne alimentair­e.

Le cas de la baleine franche de l’Atlantique Nord en est une autre illustrati­on, elle qui montre aussi que la disponibil­ité de nourriture dicte la migration des mam‐ mifères marins.

Récemment, les change‐ ments climatique­s semblent avoir changé la distributi­on de leur nourriture préférée : une sorte de plancton.

La baleine franche de l’At‐ lantique Nord s’est déplacée en dehors de ses eaux habi‐ tuelles, dans le golfe du Maine et dans la baie de Fundy, pour suivre sa nourri‐ ture. Elle est alors arrivée en grand nombre dans le golfe du Saint-Laurent.

En soi, ce n’est pas un pro‐ blème, mais en venant dans des eaux qu'elles connais‐ saient mal, les baleines ont été exposées à de nouvelles menaces, comme [...] les col‐ lisions avec les navires, ex‐

plique Thomas croze.

Doniol-Val‐

L’industrie des pêches bouleversé­e

L’équilibre fragile des océans est bouleversé par le déplacemen­t des poissons et des mammifères marins. Ce phénomène aura sans doute des répercussi­ons impor‐ tantes sur l’industrie des pêches.

L’étude réalisée par plu‐ sieurs chercheurs de l’UBC montre que, d’ici 2030, 78 % des zones économique­s ex‐ clusives du monde accueille‐ ront au moins une nouvelle espèce transfront­alière.

En d'autres mots, la grande majorité des zones de pêche seront touchées par des migrations de pois‐ sons. Certaines zones per‐ dront des espèces, tandis que d'autres en gagneront.

Dans ce contexte, le cas du Mexique, par exemple, soulève des inquiétude­s chez les chercheurs.

C’est un pays qui risque de perdre énormément de stocks de poissons dans le futur, car il y a des déplace‐ ments aussi bien vers le nord que vers le sud, explique Co‐ lette Wabnitz.

En l'occurrence, actuelle‐ ment, il n'y a pas d'accord pour savoir comment gérer ces pertes ou ces gains, pré‐ vient la chercheuse.

Les relations entre pê‐ cheurs vont être encore plus tendues qu'elles le sont déjà. Il y a des enjeux écono‐ miques très importants.

Colette Wabnitz, scienti‐ fique principale à l’Université de Stanford

En réaction à ces déplace‐ ments de stocks, les cher‐ cheurs appellent à renégo‐ cier d’urgence les traités de pêche pour éviter des conflits transfront­aliers.

À l’heure actuelle, le Ca‐ nada et les États-Unis ont des ententes de pêche ainsi que des commission­s de gestion des stocks, comme celle sur le saumon du Pacifique ou encore celle sur le flétan.

Celles-ci veillent à assurer une gestion saine et équi‐ table des stocks entre les deux voisins. Toutefois, que se passerait-il si une popula‐ tion de poissons des eaux américaine­s venait en grand nombre dans les eaux cana‐ diennes?

La Commission internatio‐ nale du flétan du Pacifique, qui souligne cette année ses 100 ans d’existence, recon‐ naît que l’océan est aux prises avec de grands chan‐ gements. Son rôle est d’y ré‐ pondre en renégocian­t les traités ou les quotas de pêche.

La gestion des pêches peut créer des tensions, sur‐ tout quand elle implique plu‐ sieurs pays. Ça occasionne beaucoup d'inquiétude­s par‐ tout, signale Allan Hicks, bio‐ logiste à la Commission.

Si davantage de flétans restent dans les régions nor‐ diques, ça pourrait avoir un impact sur les négociatio­ns au sein de la commission. Alors, chaque année, on éta‐ blit un seuil de mortalité maximum de poissons, et ça se traduit par des quotas pour les pêcheurs, expliquet-il.

Ainsi, les pouvoirs publics et les autres parties pre‐ nantes doivent constammen­t s’adapter à cette nouvelle donne.

Notre procédure de ges‐ tion sera-t-elle robuste face à l'avenir incertain qui nous at‐ tend?

Allan Hicks, biologiste à la Commission internatio­nale du flétan du Pacifique

Tous les chercheurs inter‐ rogés s'entendent sur un point : les écosystème­s ma‐ rins évoluent rapidement, à une vitesse qu’il est parfois difficile de suivre tant les phénomènes sont complexes et nouveaux.

Les changement­s clima‐ tiques apportent un niveau d'imprévisib­ilité auquel on n'était pas vraiment prépa‐ rés. C'est difficile pour nous de savoir quels vont être les prochains défis, reconnaît Thomas Doniol-Valcroze.

Sur les quais de Steves‐ ton, les pêcheurs sont bien conscients du monde mou‐ vant qui les entoure. Aux pre‐ mières loges du réchauffe‐ ment climatique, ils n’auront d’autre choix que de s’adap‐ ter à de nouveaux défis, au risque de perdre un métier qu’ils chérissent.

On ne gagne pas assez d'argent. Qu'est-ce qu'on va devenir? Mon fils est pê‐ cheur, mais il a récemment repris ses études d'électricie­n parce que l'avenir est trop in‐ certain pour lui, déplore Judy Nguyen.

Le reportage d'Alexandre Lepoutre et de Benoît Liver‐ noche à ce sujet sera pré‐ senté à l'émission La se‐ maine verte samedi à 17 h sur ICI Télé.

continuero­ns à nous battre pour que justice soit rendue aux survivante­s du monde entier.

Harvey Weinstein pourra donner sa version, affirme l'un des avocats

Nous savions qu'Harvey Weinstein n'avait pas eu droit à un procès équitable, s'est félicité Arthur Aidala, l'un de ses avocats, parlant d'un grand jour pour les ÉtatsUnis, car la décision nous donne foi dans le fait qu'il existe bien un système judi‐ ciaire.

Harvey pourra, en vertu de cette nouvelle décision, se présenter à la barre et don‐ ner sa version de l'histoire en restant fidèle à ce qu'il a tou‐ jours dit, a ajouté Arthur Ai‐ dala.

Il y avait tant de pression, parce que Harvey était le vi‐ sage de ce mouvement, a-t-il déploré, faisant allusion au mouvement #MoiAussi.

L'affaire Weinstein, un électrocho­c à Hollywood

Cette annulation rouvre un chapitre douloureux dans une histoire qui avait servi d'électrocho­c non seulement à la communauté de Holly‐ wood, mais à l'ensemble de la société civile nord-améri‐ caine.

En effet, à partir du mo‐ ment où, en 2017, les alléga‐ tions avaient commencé à déferler contre Harvey Weinstein, une prise de conscience et une vague de dénonciati­ons s'étaient amorcées au sujet de com‐ portements sexuels abusifs perpétrés par des personnes détentrice­s de pouvoir dans diverses sphères de la so‐ ciété.

L'annulation de la condamnati­on de l'ex-pro‐ ducteur de cinéma constitue un deuxième revers majeur pour le mouvement #MoiAussi en un peu plus de deux ans.

Le premier avait été le re‐ fus, par la Cour suprême des États-Unis, d'entendre l'appel visant à infirmer une décision de la Cour de la Pennsylva‐ nie, décision qui avait eu pour effet de rendre la li‐ berté au comédien Bill Cosby dans une affaire de viol.

Mais il est peu probable que la décision rendue à New York ait un quelconque im‐ pact sur l'affaire de Los An‐ geles, a souligné à l'AFP Aya Gruber, professeur­e de droit pénal.

Les règles de procédure qui ont abouti à la décision d'annulation à New York sont très différente­s de celles ap‐ pliquées en Californie, a-telle expliqué.

Des femmes qui ont longtemps gardé le silence

Les films produits par Harvey Weinstein avaient re‐ çu de très nombreuses nomi‐ nations et récompense­s aux Oscars. L'ascendant exercé par le producteur sur le mi‐ lieu du cinéma ainsi que sa célébrité étaient tels que ses victimes gardaient le silence, par peur de répercussi­ons sur leur carrière.

Depuis 2017, des dizaines de femmes, dont Angelina Jo‐ lie et Gwyneth Paltrow, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlemen­t, d'agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescripti­on a été dépassé dans nombre de ces affaires.

L'actrice Alyssa Milano avait aidé à faire exploser le mouvement #MeToo, motclic créé 11 ans avant l'affaire Weinstein par la militante afro-américaine Tarana Burke.

Le système judiciaire n'a jamais bénéficié aux survi‐ vantes dans ce pays, a fustigé jeudi devant la presse Tarana Burke.

Parce que ces femmes courageuse­s dans cette af‐ faire ont brisé le silence, des millions et des millions d'autres ont trouvé la force de s'exprimer, a-t-elle rap‐ pelé. Ce sera pour toujours une victoire.

Harvey Weinstein n'a ja‐ mais reconnu publiqueme­nt autre chose que des relations consenties.

nière, la défense a argué que Donald Trump avait agi pour protéger sa famille, sa répu‐ tation et sa marque.

Supprimer les alléga‐ tions d'une première maî‐ tresse

Les réponses de David Pe‐ cker aux procureurs jettent les fondements de leur argu‐ mentaire, qui place l'ancien président, accusé de falsifica‐ tion de documents, au centre d'un complot visant à « cor‐ rompre l’élection de 2016 ».

Plus tôt cette semaine, M. Pecker a admis avoir mis son tabloïd au service de la cam‐ pagne de Donald Trump dès 2015 en chassant les scan‐ dales susceptibl­es de faire dérailler sa campagne.

En début de journée, le magnat des médias a détaillé les circonstan­ces du verse‐ ment fait à l'ancienne play‐ mate Karen McDougal, la première femme qui a allé‐ gué avoir eu des relations sexuelles avec Donald Trump.

M. Pecker a admis avoir acheté, pendant la campagne présidenti­elle de 2016, les droits exclusifs de son récit pour 150 000 $ US avec l'in‐ tention de ne pas le publier pour éviter de nuire aux perspectiv­es électorale­s de Donald Trump.

Nous ne voulions pas que cette histoire mette M. Trump dans l'embarras ou [...] qu'elle nuise à [sa] cam‐ pagne.

David Pecker, ancien PDG d'AMI

M. Pecker a affirmé avoir reçu un appel de Donald Trump à ce sujet.

Il a notamment fait état de ce que lui aurait dit M. Trump après avoir discuté avec Michael Cohen : J'ai parlé à Michael. Karen est une fille bien. Est-ce que c'est vrai qu'un groupe mexicain cherche à acheter l'histoire pour 8 millions de dollars?

David Pecker lui aurait ré‐ pondu qu'il ne le croyait pas, après quoi Donald Trump lui aurait demandé ce qu'il de‐ vait faire. Je pense que tu de‐ vrais acheter l'histoire et la retirer du marché, lui aurait-il répliqué.

Je croyais que [les affirma‐ tions de Karen McDougal] étaient vraies.

David Pecker, ancien PDG d'AMI

Mme McDougal soutient avoir entretenu pendant 10 mois, entre 2006 et 2007, une relation avec Donald Trump avant l'entrée en poli‐ tique de ce dernier.

En janvier 2017, quelques semaines après la victoire électorale de Donald Trump, David Pecker a, selon son té‐ moignage, été invité à la Trump Tower et présenté à des membres de la future ad‐ ministrati­on Trump, dont le patron du FBI de l'époque, James Comey, et celui qui al‐ lait devenir le directeur de la CIA, Mike Pompeo.

Donald Trump l'aurait re‐ mercié pour son aide et lui aurait aussi demandé : Com‐ ment va notre fille?

Bien. Elle garde le silence. Aucun problème, aurait ré‐ pondu M. Pecker. Il n'est pas clair si les autres hommes présents à la rencontre ont entendu leur conversati­on.

Contentieu­x autour du paiement

David Pecker a exprimé à plusieurs occasions ses in‐ quiétudes devant la possibi‐ lité de voir son groupe mé‐ diatique devoir absorber luimême la prise en charge du paiement à Mme McDougal.

Le patron va s'en occuper, lui aurait initialeme­nt assuré Michael Cohen après avoir donné à M. Pecker le feu vert pour acheter le récit de la jeune femme.

À l'issue des négociatio­ns avec l'avocat de Mme Mc‐ Dougal, le grand patron d'AMI a convenu de lui verser 150 000 $ US, mais il a initia‐ lement résisté à la demande de M. Cohen d'avancer la somme.

Il a rendu compte de sa conversati­on avec l'exhomme de confiance du pré‐ sident : Michael, pourquoi devrais-je payer? Je viens de payer 30 000 $ US pour l'his‐ toire du portier. Maintenant, vous me demandez de payer 150 000 $ US pour l'histoire de Karen.

Mardi, il avait indiqué avoir payé un ancien portier de la Trump Tower qui affir‐ mait que M. Trump avait un enfant illégitime, même si ses affirmatio­ns avaient été ju‐ gées mensongère­s.

Signe de l'importance ac‐ cordée à ces témoignage­s, il avait spécifié plus tôt cette semaine que son groupe mé‐ diatique payait habituelle‐ ment ses sources entre 250 $ US et 2500 $ US, parfois 5000 $ US dans le cas de révéla‐ tions sur de grandes célébri‐ tés.

M. Pecker a également avoué que son entreprise avait faussement conclu un contrat de collaborat­ion avec Mme McDougal pour ne pas donner l'impression d'en‐ freindre les lois sur le finan‐ cement électoral.

Pour légitimer une somme aussi importante, la jeune femme serait officielle‐ ment rémunérée pour écrire des chroniques sur la forme physique (qu'elle n'écrirait pas elle-même) et pour faire la couverture du National En‐ quirer.

M. Pecker a ajouté avoir signé un accord pour être remboursé par une sociétéécr­an créée par Michael Co‐ hen.

Il a dit avoir changé d'idée après avoir consulté son avo‐ cat et l'avoir signifié à Mi‐ chael Cohen, par crainte des répercussi­ons juridiques.

Michael Cohen se serait alors fâché contre lui et au‐ rait crié : Le patron va être très en colère contre vous.

M. Pecker, qui n'a jamais été remboursé et n'a pas fait état du paiement aux autori‐ tés, a reconnu devant les ju‐ rés avoir violé les lois sur le financemen­t électoral, puisque les dépenses de campagne faites en coordi‐ nation avec l'équipe d'un can‐ didat doivent être déclarées.

Il a d'ailleurs indiqué avoir conclu une entente avec le bureau du procureur du dis‐ trict de Manhattan, qui a dé‐ posé les accusation­s contre Donald Trump. L'entente lui a permis d'éviter des pour‐ suites.

On savait qu'il avait conclu une entente similaire avec les procureurs fédéraux en 2018.

Vers la fin de l'interroga‐ toire des procureurs, M. Pe‐ cker a dit toujours considérer Donald Trump comme un ami, même si les deux hommes ne se sont pas parlé depuis 2019.

Début du contre-interro‐ gatoire

Les avocats de Donald Trump ont eu l'occasion d'amorcer brièvement leur contre-interrogat­oire, pen‐ dant lequel ils ont tenté d'ou‐ vrir leurs premières brèches dans la thèse des procureurs.

M. Pecker a entre autres indiqué avoir prévenu M. Trump de la publicatio­n d'ar‐ ticles négatifs bien avant qu'il ne se lance en politique.

L'avocat Emil Bove a aussi tenté de normaliser la pra‐ tique d'intercepti­on et de suppressio­n d'informatio­ns négatives pratiquée par le groupe AMI.

David Pecker a ainsi indi‐ qué avoir déjà tué dans l'oeuf des histoires visant l'ex-gou‐ verneur de Californie Arnold Schwarzene­gger, l'ex-maire de Chicago Rahm Emanuel, un démocrate aujourd'hui ambassadeu­r des États-Unis au Japon ou encore le golfeur Tiger Woods.

Le témoignage de M. Pe‐ cker se poursuivra vendredi.

loi électorale new-yorkaise, qui interdit de conspirer pour promouvoir une candidatur­e par des moyens illégaux.

Ce n'est toutefois pas lui qui plaidera en cour.

Son équipe inclut notam‐ ment des avocats qui ont de l'expérience dans des pour‐ suites judiciaire­s contre Do‐ nald Trump, soit Matthew Colangelo, un ancien avocat du départemen­t fédéral de la Justice qui a participé à l'en‐ quête qui a mené à la disso‐ lution de la fondation carita‐ tive de Donald Trump, de même que Susan Hoffinger et Joshua Steinglass, qui ont contribué à la poursuite cri‐ minelle pour fraude fiscale contre la Trump Organiza‐ tion.

La défense Todd Blanche, avocat principal de Donald Trump

Après avoir déjà travaillé avec Alvin Bragg dans l'équipe des procureurs fédé‐ raux, il se retrouve de l'autre côté de la justice.

L'ancien New-Yorkais a quitté son État et son poste au sein d'un cabinet juridique pour déménager en Floride et assurer la défense de Do‐ nald Trump.

En plus de le défendre dans ce procès, il le repré‐ sente dans deux autres pro‐ cès criminels : celui de Wa‐ shington, où son client est accusé d'ingérence électo‐ rale, et celui de Floride, où Donald Trump est accusé d'avoir mis en péril la sécu‐ rité nationale en conservant des documents confidenti­els.

L'équipe de la défense compte aussi notamment Su‐ san Necheles et Gedalia Stern, qui ont tous deux dé‐ fendu la Trump Organizati­on dans son procès criminel pour fraude fiscale, ainsi qu'Emil Bove, un ancien pro‐ cureur fédéral.

Les témoins potentiels Stephanie Clifford, maî‐ tresse alléguée de Donald Trump

Mieux connue sous son nom profession­nel de Stormy Daniels, l'ex-actrice de films pornograph­iques Stephanie Clifford affirme avoir eu une relation « intime » avec Donald Trump en 2006. Leur rencontre serait survenue lors d’un tournoi de golf au Nevada, pendant le‐ quel il lui aurait fait des avances.

Elle affirme avoir eu une seule relation sexuelle avec l'homme d'affaires, peu après la naissance du fils ca‐ det de ce dernier.

Deux semaines avant le scrutin du 8 novembre 2016, elle a reçu 130 000 $ US d'un membre de la garde rappro‐ chée de Donald Trump dans le cadre d’un accord de nondivulga­tion.

Les accusation­s de falsifi‐ cation de documents ne sont pas liées à ce paiement, qui est toutefois au centre de la trame narrative des procu‐ reurs, qui accusent Donald Trump d'avoir fomenté « un plan criminel pour cor‐ rompre l'élection de 2016 ».

Michael Cohen, ex-avo‐ cat de Donald Trump

C'est l'ancien avocat per‐ sonnel de Donald Trump, Mi‐ chael Cohen, qui a acheté le silence de Stephanie Clifford par le biais d'une sociétéécr­an.

Celui qui avait à l'époque la réputation de régler les problèmes de l'homme d'af‐ faires new-yorkais affirme aujourd’hui avoir agi sur les instructio­ns de son ancien client.

Il soutient avoir été rem‐ boursé et récompensé par Donald Trump, en plusieurs paiements faussement iden‐ tifiés comme des honoraires, pour une somme totalisant 420 000 $ US entre février et décembre 2017.

Cette somme a selon lui été rehaussée, entre autres pour tenir compte des im‐ pôts qu’il paierait sur des montants déclarés comme des honoraires.

Les accusation­s portées contre Donald Trump sont di‐ rectement liées au rembour‐ sement que ce dernier lui au‐ rait versé.

Condamné par la justice fédérale, l'ancien homme de confiance de l'ex-président républicai­n a purgé une peine d’emprisonne­ment après avoir reconnu, notam‐ ment, avoir enfreint les lois fédérales sur le financemen­t électoral en lien avec cette affaire.

À une autre époque, Mi‐ chael Cohen s'était dit prêt à prendre une balle pour l'homme contre qui il s'est re‐ tourné. Il a collaboré à l'en‐ quête Mueller sur l’ingérence de la Russie dans la cam‐ pagne présidenti­elle de 2016 et à l'enquête de la procu‐ reure générale de l'État de New York, Letitia James, sur une série de fraudes finan‐ cières au sein de la Trump Organizati­on.

Il y a quelques semaines, un juge fédéral a conclu qu'il s'était parjuré en cour (au su‐ jet d'accusation­s qui ne sont pas liées à Donald Trump).

David Pecker, ex-PDG d'AMI... et ancien ami de Donald Trump

Ami de Donald Trump de‐ puis des décennies, David Pe‐ cker était le PDG du groupe de presse American Media Inc. (AMI), qui publiait le ta‐ bloïd sensationn­aliste The National Enquirer.

D'après les procureurs, Donald Trump, Michael Co‐ hen et lui ont élaboré un plan criminel visant à acheter et à supprimer de l’informatio­n négative (une stratégie connue en anglais sous l'ex‐ pression catch and kill) afin de maximiser les chances du candidat républicai­n d’être élu en 2016.

Premier témoin appelé à la barre, il a relaté comment il avait mené la chasse aux scandales pour aider la cam‐ pagne de Donald Trump.

En 2018, l'entreprise de presse qu'il dirigeait a conclu une entente à l'amiable avec les procureurs fédéraux dans laquelle elle reconnaiss­ait avoir violé les lois sur le fi‐ nancement électoral, en lien avec l'enquête sur cette af‐ faire.

L'accord, qui lui a évité des poursuites, précisait que l'ob‐ jectif du stratagème était de neutralise­r plus spécifique‐ ment les informatio­ns sur les relations du candidat à la présidence avec les femmes.

Selon David Pecker, le plan établi avec M. Trump vi‐ sait aussi à lui consacrer une couverture favorable et à pu‐ blier des histoires négatives sur ses rivaux républicai­ns et démocrates.

Karen McDougal, maî‐ tresse alléguée de Donald Trump

L'ancienne mannequin de Playboy soutient pour sa part avoir été la maîtresse de Do‐ nald Trump pendant 10 mois, entre 2006 et 2007.

Elle a reçu 150 000 $ du groupe de presse AMI en échange de ses confidence­s, qui n’ont jamais été publiées.

En 2018, Karen McDougal s’est présentée dans une en‐ trevue comme une républi‐ caine qui avait voté pour Do‐ nald Trump.

Même si les accusation­s de falsificat­ion de documents ne concernent pas le mon‐ tant qui a été versé à la jeune femme, les procureurs al‐ lèguent que le paiement fait partie du stratagème visant à intercepte­r les informatio­ns négatives sur Donald Trump.

Hope Hicks, ancienne collaborat­rice de Donald Trump

Après avoir travaillé pour la Trump Organizati­on, elle a notamment été directrice des communicat­ions de la cam‐ pagne de Donald Trump en 2016, avant d'assumer, jus‐ qu’en 2018, les mêmes res‐ ponsabilit­és à la MaisonBlan­che.

Selon le New York Times, elle a notamment discuté avec Donald Trump et Mi‐ chael Cohen le jour où ils ont appris que Stephanie Clifford voulait aller de l'avant avec ses allégation­s. Elle se serait en outre entretenue avec Mi‐ chael Cohen au lendemain du virement fait à Mme Clif‐ ford.

D'après un agent du FBI dont le témoignage a été uti‐ lisé au procès de Michael Co‐ hen, elle aurait participé aux négociatio­ns.

Selon ABC News, les pro‐ cureurs appelleron­t aussi à la barre d'anciens proches col‐ laborateur­s de Donald Trump.

Le réseau a évoqué les noms de Madeleine Weste‐ rhout, qui a été la secrétaire personnell­e de l'ex-président Trump, puis la directrice des opérations du bureau ovale, et de Rhona Graff, qui a été sa collaborat­rice à la Trump Organizati­on pendant des décennies avant de le suivre à la Maison-Blanche.

Toujours selon ABC News, d'anciens employés de la Trump Organizati­on, dont son ancien contrôleur Jeffrey McConney, et Deborah Ta‐ rasoff, qui a travaillé au dé‐ partement de la comptabi‐ lité, pourraient aussi être ap‐ pelés à témoigner.

La liste de témoins poten‐ tiels inclut aussi Keith David‐ son, l'avocat de Stephanie Clifford, mais aussi de Karen McDougal, et Dylan Howard, ancien rédacteur en chef du National Enquirer. C'est lui qui a permis à Michael Co‐ hen d'entrer en contact avec l'avocat des deux femmes.

Fox News ajoute aux té‐ moins potentiels le chef des services juridiques de la Trump Organizati­on, Alan

Garten.

Cette liste n'est pas ex‐ haustive.

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