Radio-Canada Info

Un Ukrainien qui vit au Canada craint de devoir rentrer pour aller combattre

-

Un Ukrainien qui vit au‐ jourd'hui au Canada craint qu'un gel des services consulaire­s pour les Ukrai‐ niens vivant à l'étranger puisse mettre son avenir en péril.

Mykyta Zakharchen­ko, âgé de 18 ans, a vécu deux conflits majeurs dans son pays d'origine avant de s'en‐ fuir au Canada lors de l'inva‐ sion russe, en 2022.

Il a récemment obtenu son diplôme d'études secon‐ daires, participe à des com‐ pétitions internatio­nales en tant que rameur et est déter‐ miné à étudier la finance dans quelques années.

Mais ses projets pour les prochaines années pour‐ raient bien être en péril, alors que cette semaine, le mi‐ nistre ukrainien des Affaires étrangères a annoncé que les hommes ukrainiens en âge de combattre qui vivent à l'étranger ne pourraient plus accéder aux services consu‐ laires.

Cela fait partie d'une ten‐ tative de Kiev visant à faire rentrer au pays les hommes ukrainiens admissible­s au service militaire, où ils pour‐ ront être enrôlés pour l'effort de guerre.

M. Zakharchen­ko, qui n'avait que 16 ans à son arri‐ vée au Canada, témoigne que son passeport est sur le point d'expirer et que s'il n'en obtient pas un autre, il ne pourra peut-être pas renou‐ veler son visa canadien ni voyager à l'étranger.

J'ai fêté mes 18 ans au Ca‐ nada, donc je ne peux pas obtenir de passeport ukrai‐ nien, explique-t-il en entre‐ vue.

Pour renouveler ses docu‐ ments, M. Zakharchen­ko de‐ vrait retourner en Ukraine, mais une fois sur place, il lui serait interdit de partir.

La loi martiale en gueur vi‐

L'Ukraine a mis en oeuvre la loi martiale peu après le début de l'invasion russe, en février 2022. Les hommes âgés de 18 à 60 ans n'ont donc pas le droit de quitter le pays en raison de la conscrip‐ tion militaire.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a récem‐ ment annoncé que l'accès aux services consulaire­s pour les hommes vivant à l'étran‐ ger prendra fin le 18 mai, jour où plusieurs amende‐ ments à la loi martiale entre‐ ront en vigueur.

Un article du projet de loi adopté par le parlement ukrainien exigera notam‐ ment que les hommes soient inscrits auprès d'un bureau afin de bénéficier des ser‐ vices consulaire­s.

Les hommes qui vivent à

l'étranger ne devraient pas être exemptés de toute res‐ ponsabilit­é, a plaidé le mi‐ nistre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Dmytro Kuleba.

Vivre à l'étranger ne libère pas un citoyen de ses de‐ voirs, a soutenu M. Kuleba sur le réseau social X. Un homme en âge de combattre part à l'étranger, démontrant à son pays qu'il ne se soucie pas de sa survie, mais il veut recevoir des services consu‐ laires de ce même pays. Ça ne fonctionne pas comme ça, a-t-il fait valoir.

Pas de nouvelles du gou‐ vernement canadien

Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada n'a pas immédiatem­ent répondu à une demande de commen‐ taires sur la manière dont Ot‐ tawa traitera les demandes des hommes ukrainiens sans passeport valide.

Ça n'a aucun sens, réagit M. Zakharchen­ko à propos des changement­s apportés par le gouverneme­nt ukrai‐ nien.

À son avis, la stratégie de Kiev visant à faire rentrer des hommes en Ukraine pour combattre ne fonctionne­ra pas.

Qu'est-ce que les gens qui vivaient dans des territoire­s qui sont aujourd'hui occupés sont censés faire? Ils n'ont plus rien, mentionne-t-il.

Pour sa part, M. Zakhar‐ chenko souhaite rester au Canada afin de pouvoir sub‐ venir aux besoins financiers de sa famille, qui vit en Alle‐ magne.

Je dois travailler, dit-il, pré‐ cisant qu'il aura deux em‐ plois cet été afin de commen‐ cer à économiser pour pou‐ voir aller à l'université dans quelques années. Il demande le statut de résident perma‐ nent pour rester au Canada à long terme.

Il espère pouvoir retour‐ ner en Ukraine un jour, mais pas au péril de son avenir.

Je veux juste être en sécu‐ rité, laisse-t-il tomber.

L'ambassade de l'Ukraine au Canada n'a pas répondu à la demande de réaction.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada