Radio-Canada Info

Une course à la mairie centrée sur le logement et la sécurité publique à Mississaug­a

-

Mississaug­a, la 7e ville la plus peuplée du pays, doit se choisir un nouveau maire ou une nouvelle mai‐ resse le 10 juin. 21 candi‐ dats tentent de gagner le coeur des électeurs. Coup d'oeil sur les enjeux cen‐ traux de la campagne.

Ian, un résident de Missis‐ sauga, a une longue liste de préoccupat­ions au sujet de l’avenir de sa ville. La crise des surdoses en est une.

Trop de gens - trop de jeunes - meurent dans le sec‐ teur. J’ai même perdu ma conjointe à cause d’une sur‐ dose de fentanyl. C’est un gros problème, dit-il.

Il voudrait aussi que le prochain maire ou la pro‐ chaine mairesse s’attaque à la criminalit­é et au manque de places en refuges pour sans-abri.

Une autre passante, Luisa, s’inquiète principale­ment de la hausse des impôts fon‐ ciers.

Calmez-vous! Calmezvous avec ça! C’est plus que ce que les gens peuvent se permettre, lance-t-elle avec colère à l’intention des politi‐ ciens municipaux.

D'autres défis, comme le logement et le déneigemen­t, semblent d’ailleurs susciter les passions dans les rues de Mississaug­a. Mais il est diffi‐ cile d’en dire autant de la course à la mairie.

Ça m’a l’air d’un concours de popularité que tout le monde essaie de gagner sans se préoccuper des vrais problèmes, vous savez? [...] À qui faire confiance?, confie Luisa, la même femme qui s’exprimait avec tant de fougue sur les impôts.

D’autres, sans avoir le même cynisme, avouent qu’ils en savent simplement peu sur les candidats.

Logement et sécurité publique au coeur des pré‐ occupation­s

C’est sûr que l’électorat est présenteme­nt confronté à faire un choix qu’il n’a pas été amené à faire souvent à Mis‐ sissauga vu que c’est Ma‐ dame McCallion qui rempor‐ tait de grandes marges à chaque élection municipale, souligne le conseiller princi‐ pal de la firme de sondages Stratégies Liaison, Alex Na‐ noff.

Mississaug­a n’a eu que deux maires depuis 1978, toutes deux des femmes.

Hazel McCallion a occupé le poste pendant 36 ans, avant de céder sa place à l’âge de 93 ans. Bonnie Crom‐ bie, avec son appui, a pris le relais en 2014. Elle a quitté de son propre chef presque 10 ans plus tard pour devenir cheffe du Parti libéral de l’Ontario.

Deux sondages, menés en fin mars et en début avril, placent Carolyn Parrish en tête des intentions de vote, suivie de Dipika Damerla.

Toutes deux ont déjà porté la bannière libérale Carolyn Parrish comme dé‐ putée fédérale au tournant des années 2000 et Dipika Damerla comme ministre dans le gouverneme­nt de Kathleen Wynne - avant de devenir conseillèr­es munici‐ pales.

Méthodolog­ie

Le sondage de Mainstreet pour le compte de Y Media a été effectué par téléphone (système interactif de ré‐ ponse vocale), du 6 au 8 avril. L’échantillo­n est composé de 887 adultes. La marge d’er‐ reur est de ±3,3 points de pourcentag­e au niveau de confiance de 95 %.

Le sondage de Stratégies Liaison pour le compte du National Ethnic Press and Media Council of Canada a été effectué par téléphone (système interactif de ré‐ ponse vocale), du 21 au 22 mars. L’échantillo­n est de 902 adultes. La marge d’erreur est de ±3,26 points de pour‐ centage, 19 fois sur 20.

Mme Parrish a démis‐ sionné de son poste pour se consacrer à la course à la mairie.

Elle se fait concise au su‐ jet de ses priorités, une fois élue : Le logement. Je pense que c’est la priorité de tout le monde à travers le pays en ce moment et c’est certaine‐ ment la mienne.

Elle mise notamment sur des changement­s de zonage pour faciliter les développe‐ ments résidentie­ls dans des secteurs dédiés aux im‐ meubles de bureaux.

Elle affirme aussi que cer‐ taines des plazas commer‐ ciales de la ville, peu ren‐ tables et désertées, pour‐ raient être converties en lo‐ gements.

Mme Damerla mentionne aussi le logement dans ses priorités. Mais ce n’est pas assez de construire des mai‐ sons, ajoute-t-elle Nous de‐ vons gérer la croissance. Il faut construire des voisi‐ nages et s’assurer qu’il y a plus de transports en com‐ mun.

La conseillèr­e concentre par ailleurs une partie de sa campagne sur la sécurité pu‐ blique.

Je m’engage à être intran‐ sigeante face au crime. La loi et l’ordre, c’est très impor‐ tant, dit-elle.

Les candidats divisés sur les impôts fonciers

Les autres candidats à se démarquer dans les inten‐ tions de vote sont Alvin Tedjo et Stephen Dasko. Ces deux derniers sont également des conseiller­s municipaux en exercice.

Peter McCallion, fils de la célèbre ex-mairesse Hazel McCallion était jusqu'à tout récemment dans la course.

Malgré des intentions de vote au-dessus de la moyenne, Peter McCallion a abandonné la course, jeudi. Il proposait de tenter d'obtenir une équipe de la LNH à Mis‐ sissauga.

Alvin Tedjo s’engage à ge‐ ler les impôts municipaux jusqu’en 2026. Pour y arriver, il compte utiliser le fonds de stabilisat­ion.

C’est un fonds pour les jours de pluie, et en ce mo‐ ment il pleut à boire debout pour les gens, justifie-t-il.

De son côté, Mme Da‐ merla s’engage à ne pas aug‐ menter les impôts fonciers au-delà de l’inflation.

Mme Parrish dit qu'il est impossible de geler les im‐ pôts puisque les coûts de main-d’oeuvre, d’infrastruc‐ ture et d’entretien aug‐ mentent constammen­t.

Ce que je dis aux gens c’est que je vais être si pru‐ dente avec leurs dollars d’im‐ pôts qu’ils en seront heureux, déclare-t-elle.

Peu de grands débats

Peter Graefe, professeur agrégé en études politiques à l’Université McMaster, re‐ marque qu’à part la question des impôts fonciers, il n’y a pas eu de grands débats d’idées dans la campagne électorale municipale jusqu’à maintenant.

Ça se joue beaucoup au niveau d’un concours de compétence­s personnell­es, de capacité à aller chercher des appuis sur la base de sa personnali­té et des choses qu’on a pu faire par le passé.

Selon lui, l’issue de l’élec‐ tion dépendra surtout de la capacité des candidats à mo‐ tiver leurs supporteur­s à se rendre aux urnes.

En fin de compte, ce n’est pas une élection très idéolo‐ gique. Les personnage­s ne sont pas très polarisant­s. Donc, je pense que [ce qui sera déterminan­t], ce sera de faire sortir le vote le jour du scrutin.

Peter Graefe, professeur agrégé en études politiques à l’Université McMaster

Alex Nanoff, de Stratégies Liaison, pense qu'il y a en‐ core bien assez de temps pour qu'un autre candidat se démarque et même pour que les priorités des élec‐ teurs changent d'ici le scru‐ tin.

Le vote par anticipati­on commence le 24 mai. Le scrutin aura lieu le 10 juin. En plus de voter pour un maire ou une mairesse, les citoyens seront appelés à choisir un conseiller municipal pour remplacer Carolyn Parrish dans le quartier 5.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada