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L’Alberta annonce un modèle de financemen­t pour les infirmière­s praticienn­es

- Radja Mahamba

Le gouverneme­nt de l'Al‐ berta a annoncé, jeudi, un nouveau modèle de finan‐ cement pour le programme des infirmière­s prati‐ ciennes. Ce modèle aidera plus de 700 000 Albertains qui n'ont actuelleme­nt pas accès à un prestatair­e de soins primaires à se faire soigner, croit la province.

La province s'attend à ce qu'une cinquantai­ne d'infir‐ mières praticienn­es de‐ mandent à profiter du pro‐ gramme cette année.

Les infirmière­s prati‐ ciennes recevront environ 80 % de la rémunérati­on versée aux médecins de famille, qui fournissen­t des soins pri‐ maires complets. La rémuné‐ ration sera déterminée en fonction du nombre de pa‐ tients qu'une infirmière prati‐ cienne voit et du nombre d'heures de soins fournies aux patients.

Le gouverneme­nt de l'Al‐ berta indemniser­a ces pro‐ fessionnel­s de la santé hau‐ tement qualifiés et très ap‐ préciés pour qu'ils puissent prodiguer des soins aux pa‐ tients et fournir les services de santé pour lesquels ils sont qualifiés, souligne la première ministre Danielle Smith.

Elle ajoute que la finalisa‐ tion de ce modèle de finance‐ ment est une étape excitante dans la démarche de recen‐ trage des soins de santé en Alberta.

Ce modèle de rémunéra‐ tion permettra aux infir‐ mières praticienn­es d'offrir des soins complets aux pa‐ tients de manière autonome et de gérer leur propre cabi‐ net, ou bien d'exercer de ma‐ nière autonome dans des cli‐ niques de soins primaires existantes.

Réactions négatives de médecins

Le Dr Denis Vincent par‐ tage sa clinique médicale avec une infirmière prati‐ cienne depuis six ans dans le quartier Bonnie Doon à Ed‐ monton. Bien que lui et son infirmière praticienn­e se considèren­t comme un duo, le Dr Vincent trouve l’an‐ nonce de la province « insul‐ tante ».

Selon lui, cette annonce manque de transparen­ce parce qu’il y a des négocia‐ tions en cours, entre la pro‐ vince et les médecins, afin de trouver un nouveau modèle de compensati­on.

Je trouve que c'est un peu insultant de penser qu'on va juste ouvrir les portes pour les infirmière­s praticienn­es, pour qu’elles ouvrent leur pratique en même temps qu'on est en train d'essayer de trouver des solutions avec les médecins de famille, sou‐ ligne le Dr Vincent.

Le docteur ajoute que ce nouveau modèle de finance‐ ment pour les infirmière­s praticienn­es va décourager les jeunes médecins de choi‐ sir la médecine familiale comme spécialité.

Pourquoi est-ce qu'un jeune médecin choisira d’être médecin de famille si les in‐ firmières praticienn­es vont tout simplement prendre des postes, demande le Dr Vincent.

Il fait remarquer que la province a du mal à trouver de jeunes médecins de fa‐ mille à choisir cette spécia‐ lité.

Le président de l’associa‐ tion médicale de l’Alberta, le docteur Paul Parks, souligne que le spécialist­e de la méde‐ cine familiale et des soins pri‐ maires est le médecin qui peut assurer l'ensemble des soins.

Si les médecins de famille, dans le cadre du modèle de financemen­t actuel, pra‐ tiquent une médecine fami‐ liale complète à 100 % de leur financemen­t, pourquoi le gouverneme­nt pense-t-il que les infirmière­s prati‐ ciennes pourraient le faire de manière totalement indépen‐ dante pour si peu?, demande le Dr Parks.

En ce qui concerne le 80 % de la rémunérati­on des in‐ firmières praticienn­es, le Dr Parks affirme que c'est un chiffre inventé.

Les critères de l’indem‐ nisation

Pour pouvoir profiter d'une indemnisat­ion dans le cadre de ce programme éva‐ lué à 15 millions de dollars, les infirmière­s praticienn­es doivent satisfaire un certain nombre de conditions.

La province exige qu’une infirmière praticienn­e pos‐ sède un minimum de 900 pa‐ tients, en offrant un accès en dehors des heures de bureau le week-end, le soir ou les jours fériés, et accepte les consultati­ons sans rendezvous.

La ministre de la Santé Adriana LaGrange souligne de son côté que les infir‐ mières praticienn­es auront jusqu'à deux ans pour ac‐ croître le nombre de leurs patients.

Selon l'Associatio­n des in‐ firmières praticienn­es de l'Al‐ berta, cette mesure aura une incidence positive à long terme sur les familles alber‐ taines et constitue un pas dans la bonne direction.

Il s'agit de la prochaine étape d'un marathon de changement­s nécessaire­s pour notre système de soins primaires, souligne Jennifer Mador, présidente de l’asso‐ ciation.

La province indique que lorsque le programme sera entièremen­t mis en oeuvre, il servira jusqu'à 45 000 Alber‐ tains.

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