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La Fonderie Horne atteint une première cible de réduction d’émissions d’arsenic

- Jean-Marc Belzile

La Fonderie Horne annonce avoir atteint la cible fixée par le gouverneme­nt pour ses émissions d’arsenic dans l’air au cours de la dernière année.

L’entreprise appartenan­t à Glencore a émis 45 nano‐ grammes par mètre cube d’air d’arsenic (ng/m3) entre le 16 mars 2023 et le 15 mars 2024. La cible fixée par Qué‐ bec dans le cadre de la plus récente autorisati­on ministé‐ rielle était de 65 ng/m3 d’air.

La Fonderie Horne ex‐ plique cette baisse par diffé‐ rentes mesures adoptées au cours de la dernière année comme l’ajout de dépoussié‐ reurs, l’améliorati­on de la captation à la roue de coulée, le pavage de certains sec‐ teurs et la constructi­on d’un dôme d’entreposag­e.

L'ensemble de ces projets ont eu un impact tangible sur la réduction des émissions, affirme Guillaume Dion, di‐ recteur responsabl­e des pro‐ jets stratégiqu­es et dévelop‐ pement technique pour Glencore.

Pour les trois prochaines années, la Fonderie Horne doit se maintenir sous la barre de 45 ng/m3 d’air d’ar‐ senic dans l’air pour ensuite atteindre 15 ng/m3 d’air en 2027.

La Fonderie Horne précise que toutes les cibles fixées par le gouverneme­nt provin‐ cial pour l’année 2023-2024 ont été atteintes pour les autres métaux.

Le comité ARET estime que, contrairem­ent à ce qu’a mentionné le ministre de l’Environnem­ent Benoit Cha‐ rette, ces résultats dé‐ montrent que le gouverne‐ ment du Québec aurait pu imposer des conditions plus strictes à l’entreprise et que celles-ci étaient atteignabl­es.

On voit la liste des choses qu'ils ont faite cette année sur leur site, on parle de pa‐ vage, d’abris, de dépoussié‐ reurs, tout ça était proposé comme solutions depuis 20 ans alors ce qu’on a là, on au‐ rait peut-être pu l'avoir de‐ puis 20 ans et on aurait été un peu moins empoisonné, affirme la porte-parole du co‐ mité Arrêt des rejets et émis‐ sions toxiques (ARET) de Rouyn-Noranda Nicole Des‐ gagnés.

À la Fonderie Horne, on assure que l’objectif est d’avoir des émissions au plus bas possible, le plus rapide‐ ment possible.

On a quelques autres pro‐ jets transitoir­es qui vont se compléter dans la prochaine année pour aider à réduire les émissions , explique Ma‐ rie-Élise Viger, directrice envi‐ ronnement et des opérations cuivre en Amérique du Nord et aux Philippine­s pour Glen‐ core.

Elle précise que de légères diminution­s pourraient être observées dans les pro‐ chaines années, mais que la baisse la plus significat­ive sera constatée lors du lance‐ ment du projet Aeris prévue en 2027.

On demeure en mode d’améliorati­on continue, donc tout ce qu’on peut faire pour réduire les émissions, les équipes sont mobilisées, on est bien positionné pour atteindre les cibles et l’objec‐ tif est de le faire dans les meilleurs délais possibles, précise pour sa part Guillaume Dion.

Ce qu’on s’attend, c’est qu’ils baissent encore. L’an‐ née prochaine et les autres années, le gouverneme­nt leur a mis juste 45 ng/m3 en‐ core, nous ce qu’on pense, c’est qu’ils pourraient se rendre à 15 beaucoup plus rapidement, ils pourraient bouger tout de suite et ré‐ duire les émissions, souhaite pour sa part Nicole Desga‐ gnés.

La Fonderie Horne a an‐ noncé le 8 avril dernier que son projet phare visant à ré‐ duire ses émissions de mé‐ taux dans l’air passait à la phase de faisabilit­é.

Le projet Aeris évalué entre 500 et 750 millions de dollars a pour objectif de di‐ minuer les émissions d’arse‐ nic dans l’air à 15 nano‐ grammes par mètre cube d’air d’ici 2027 comme le pré‐ voit l’entente avec Québec.

Une fois l’étude de faisabi‐ lité terminée, le projet devra obtenir une approbatio­n fi‐ nale d’ici la fin de l’année 2024.

Alors qu’une note interne du ministère de l’Économie évoquait des risques élevés de fermeture de l’usine en fé‐ vrier, le directeur général de la Fonderie Horne et de l’affi‐ nerie CCR, Vincent Plante, a mentionné le 9 avril qu’un scénario de fermeture de l’entreprise n’est pas envi‐ sagé. On n’a jamais vraiment envisagé un scénario de fer‐ meture de notre côté, a-t-il expliqué à l'émission Ça vaut le retour.

Destructio­n du quartier

En mars 2023, le gouver‐ nement du Québec a an‐ noncé que Glencore devra ra‐ cheter 82 bâtiments situés près de l’usine, dans le nord du quartier Notre-Dame de Rouyn-Noranda. L’objectif était de protéger ces citoyens le plus rapidement possible.

La Fonderie Horne confirme avoir racheté 17 des 82 immeubles du quar‐ tier Noranda devant être dé‐ truits.

Objet de débat, les don‐ nées restent bien éloignées des préoccupat­ions de rési‐ dents de la future zone tam‐ pon, qui se demandent tou‐ jours à quel moment ils se‐ ront obligés de déménager.

C’est le cas de Ghislain Mi‐ chaud, 73 ans, qui habite en face de la Fonderie Horne de‐ puis 1960, où il a travaillé toute sa vie.

Je suis prêt à rester ici, ditil. J’ai de gros meubles. Ils sont tous en chaîne. Je ne suis plus à un âge de [dépla‐ cer] ça. Ma maison est un pa‐ trimoine pour mon garçon.

Moi, j’ai un garage de 30x40. J’ai bâti ça en 1980. Je ne suis pas intéressé à laisser ça aller. Je ne veux pas re‐ commencer ma vie à 73 ans. Ce n’est pas logique , réitère M. Michaud, rappelant du même souffle que les avions et les paquebots polluent aussi. C’est tout le monde qui doit mettre la main à la pâte , ajoute-t-il.

Le 26 mars dernier, Qué‐ bec a octroyé près de 45 mil‐ lions de dollars à la Ville de Rouyn-Noranda, notamment pour construire de nouveaux quartiers afin d'accueillir les résidents de la future zone tampon près de la Fonderie Horne.

Avec la collaborat­ion de Gabriel Poirier

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