Il y a 30 ans débutait l’élection qui allait transformer l'Afrique du Sud
C'est le 27 avril 1994 que débutait le scrutin qui al‐ lait porter Nelson Mandel à la présidence de l’Afrique du Sud. En devenant le pre‐ mier président noir du pays, il a cristallisé la fin du régime d’apartheid qui a régné au pays pendant de nombreuses décennies.
À l’aube d’élections natio‐ nales en Afrique du Sud, les victoires - mais aussi les échecs - de la présidence de Nelson Mandela se font en‐ core ressentir.
Correction
Une première version de ce texte indiquait que Nelson Mandela avait été élu à la tête du pays le 27 avril 1994. Or, cette date marquait plu‐ tôt le début du scrutin, qui al‐ lait s'étirer sur plusieurs jours. M. Mandela a officielle‐ ment pris les rênes du pays le 10 mai 1994.
Premier président noir
Avocat de profession et chef de la branche militaire du Congrès national africain (ANC), Nelson Mandela est condamné à la prison à vie en 1964.
Il passera plus de 27 an‐ nées derrière les barreaux, avant d'être libéré en 1990. Il soutient alors la réconcilia‐ tion avec le gouvernement du président Frederik de Klerk, avec qui il partagera le prix Nobel de la paix en 1993. Cette même année, une Constitution intérimaire est adoptée.
Se présentant sous la bannière de l’ANC, Nelson Mandela remporte les pre‐ mières élections complète‐ ment démocratiques.
Le 9 mai 1994, il devient officiellement président de la République. Il assure du même coup que la Répu‐ blique est passée du blanc dominant aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Ainsi, durant son mandat, Nelson Mandela - surnommé Madiba - continue l’ambitieux processus de réconciliation au sein de son pays. Les conditions économiques res‐ tent toutefois très dures pour la population noire, à qui on avait pourtant promis des améliorations.
Cinq ans plus tard, Nelson Mandela se retire de la vie politique avant de s'engager dans la lutte contre le VIH/sida, qui emportera d'ailleurs son fils Makgatho en 2005.
Nelson Mandela s'éteint en 2013 à l'âge de 95 ans.
Le succès de la réconci‐ liation
Les experts semblent una‐ nimes : une des plus grandes victoires de la présidence de Nelson Mandela fut d’instau‐ rer une forme de paix au sein du pays, et ce, notamment par le principe de réconcilia‐ tion.
Professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal et spécialiste des institutions démocratiques de l’Afrique, Mamoudou Ga‐ zibo estime qu’à l’époque, le grand défi du moment était de conserver la paix, le mo‐ dèle démocratique sud-afri‐ cain et l’unité nationale.
Assurer cette transition-là était important et je pense que c'était la figure qui pou‐ vait le faire.
Mamoudou Gazibo, pro‐ fesseur de sciences poli‐ tiques à l’Université de Mon‐ tréal
Aux yeux de Mamoudou Gazibo, cette transition aura été assurée par l’inclusion de l’ancien régime d’apartheid au sein des institutions poli‐ tiques.
[Nelson Mandela] a dit : "J'ai combattu la domination blanche, je combattrai une domination noire. Ce que je veux, c’est le principe d'une personne, une voix."
Le professeur donne ainsi comme exemple la nomina‐ tion de Frederik de Klerk, président de l'État de la Ré‐ publique d'Afrique du Sud de 1989 à 1994, à titre de viceprésident de la République d’Afrique du Sud.
L’ancien militant antiapar‐ theid Dan O’Meara pense aussi que la réconciliation a été au coeur de la présidence Mandela.
Aujourd’hui professeur de sciences politiques à l’Univer‐ sité du Québec à Montréal, l’homme d’origine sud-afri‐ caine est l'un des rares Blancs à avoir milité active‐ ment contre le régime de l'apartheid.
Selon lui, la réconciliation a été un mot d’ordre de la présidence de Mandela.
De faire en sorte que le pays ne retombe pas dans le