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Procès de Trump : après les scandales, les adresses courriel et les sociétés-écrans

- Sophie-Hélène Lebeuf

Au terme de la comparu‐ tion d'un premier témoin aux révélation­s fracas‐ santes, le procès criminel de Donald Trump s'est poursuivi vendredi à New York avec deux témoi‐ gnages moins flamboyant­s, servant essentiell­ement à présenter en preuve cer‐ tains documents.

Les procureurs ont no‐ tamment appelé à la barre Rhona Graff, qui a été la col‐ laboratric­e de l'accusé pen‐ dant une trentaine d'années.

Décrite par les médias américains comme celle qui contrôlait l'accès à Donald

Trump, elle gérait ses appels téléphoniq­ues, son emploi du temps et ses réunions.

Son court témoignage, qui a duré moins d'une trentaine de minutes, a permis aux procureurs de déposer en preuve certains documents devant le tribunal.

Mme Graff a ainsi re‐ connu que les coordonnée­s de Stormy (Daniels) et de Ka‐ ren McDougal - deux présu‐ mées maîtresses de Donald Trump - étaient dans les contacts consignés dans le système informatis­é de la Trump Organizati­on.

Si la fiche au prénom de Stormy ne contenait qu’un unique numéro de cellulaire, celle de Mme McDougal com‐ portait en revanche plusieurs adresses et numéros de télé‐ phone.

Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, et Karen McDougal ont toutes deux été payées plus de 100 000 $US pour garder le silence; la première par l'ex-avocat de M. Trump Mi‐ chael Cohen, et la deuxième par le groupe de presse Ame‐ rican Media Inc. (AMI).

Même si les accusation­s de falsificat­ion portées contre Donald Trump ne concernent pas directemen­t ces paiements, les deux femmes sont au centre de la trame narrative des procu‐ reurs, qui affirment que le politicien a fomenté « un plan criminel pour cor‐ rompre l'élection ».

Rhona Graff a par ailleurs admis avoir un vague souve‐

nir de Stormy Daniels dans la salle d'attente du 26e étage de la Trump Tower, où est si‐ tué le bureau de Donald Trump.

L'avocate de Donald Trump Susan Necheles lui a par la suite demandé si Stormy Daniels était là pour discuter de son éventuelle participat­ion à l’émission de téléréalit­é Celebrity Appren‐ tice, animée par Donald Trump.

C'était ce qui se disait dans les discussion­s de corri‐ dor, oui, a-t-elle répondu.

Elle a aussi reconnu que son patron ne communiqua­it jamais par courriel. Il s'agit pour les procureurs d'une fa‐ çon d'expliquer aux jurés pourquoi l'accusé n'a pas laissé de traces écrites confir‐ mant leurs allégation­s d'ingé‐ rence électorale.

Me Necheles a ensuite précisé que les procureurs avaient assigné Mme Graff à comparaîtr­e. Vous ne voulez pas être ici? lui a-t-elle de‐ mandé. La fidèle alliée de Do‐ nald Trump a acquiescé : Exact, a-t-elle dit.

Mme Graff, qui a quitté la Trump Organizati­on en 2021 alors qu'elle avait le titre de vice-présidente, a mentionné que l'entreprise assumait ses frais d'avocats. Cette pra‐ tique n'est cependant pas in‐ habituelle quand des em‐ ployés sont impliqués dans

des litiges liés à leur emploi.

Les sociétés-écrans créées par Michael Cohen à l'avant-plan

À la fin de la journée, les procureurs ont appelé à la barre leur troisième témoin, Gary Farro, un ancien ban‐ quier au service de First Re‐ public, une banque améri‐ caine ayant pour clients des particulie­rs fortunés.

Les procureurs utilisent son témoignage, qui se pour‐ suivra la semaine prochaine, pour authentifi­er des docu‐ ments présentés devant la cour.

M. Farro a fait état des communicat­ions entourant les démarches de Michael Cohen pour ouvrir des comptes pour deux sociétés à responsabi­lité limitée (SARL), c'est-à-dire des socié‐ tés-écrans.

Selon les procureurs, ces sociétés avaient pour but de procéder à des paiements se‐ crets liés au silence des deux présumées maîtresses.

Le premier appel télépho‐ nique de M. Cohen au sujet d'une première sociétéécr­an, Resolution Consul‐ tants LLC, a été fait le 11 oc‐ tobre 2016, a dit M. Farro. Se‐ lon les procureurs, la SARL a été ouverte spécialeme­nt pour que Michael Cohen puisse acheter au groupe AMI les droits exclusifs sur l'histoire de Karen McDougal pour Donald Trump.

La transactio­n a cepen‐ dant été annulée à la de‐ mande du PDG d'AMI, David Pecker, par crainte de réper‐ cussions judiciaire­s, d'après les déclaratio­ns que ce der‐ nier a faites en cour cette se‐ maine.

Le 26 octobre, Michael Co‐ hen a informé M. Farro du fait qu'il ne voulait plus de la première SARL, mais qu'il dé‐ sirait plutôt ouvrir un nou‐ veau compte pour une entre‐ prise appelée Essential Consultant­s LLC. D'après les procureurs, c'est par cette so‐ ciété qu'a transité le paie‐ ment de 130 000 $ versé à Stormy Daniels.

Chaque fois que Michael Cohen m'a parlé, il m'a donné l'impression d'être animé par un sentiment d'ur‐ gence, et ça a été le cas cette fois aussi.

Gary Farro, ancien ban‐ quier de First Republic

Michael Cohen, qui de‐ vrait témoigner pendant le procès, affirme avoir agi sur les instructio­ns de Donald Trump.

Il soutient avoir été rem‐ boursé et récompensé par Donald Trump, en plusieurs paiements faussement décla‐ rés comme des honoraires, pour une somme totalisant 420 000 $US, entre février et décembre 2017.

Fin du témoignage de l'ex-grand patron du Natio‐ nal Enquirer

La majeure partie de la journée a toutefois été consacrée au premier té‐ moin, l'ex-PDG du groupe de presse American Media Inc. (AMI) David Pecker, un ami de longue date de Donald Trump.

Lors de sa deuxième jour‐ née de contre-interrogat­oire, la défense a soulevé cer‐ taines contradict­ions dans les réponses données aux procureurs par M. Pecker, mettant en doute sa crédibi‐ lité ou à tout le moins sa mé‐ moire.

L'avocat de Donald Trump Emil Bove est notamment re‐ venu sur les propos tenus la veille par le témoin au sujet d'une réunion à la Trump To‐ wer en janvier 2017, après la victoire du républicai­n.

Jeudi, après avoir admis avoir acheté le silence de la playmate Karen McDougal, il a dit aux procureurs que Do‐ nald Trump l'avait remercié pour son aide au cours de cette rencontre.

Or, a souligné l'avocat vendredi, un résumé que le FBI avait fait, en 2018, d'une rencontre avec David Pecker stipulait plutôt que Donald Trump n'avait exprimé au‐ cune gratitude à Pecker ou [au groupe] AMI lors de cette réunion.

David Pecker a laissé sup‐ poser qu'il y avait une erreur dans le document du FBI.

Je sais que ce que j'ai dit hier est arrivé. Je sais où est la vérité.

David Pecker, ancien PDG d'AMI

Plus tôt cette semaine, M. Pecker avait détaillé le strata‐ gème visant à aider Donald Trump à se faire élire en 2016. Selon lui, le plan éla‐ boré avec M. Trump avait pour but de rémunérer des sources détenant des infor‐ mations qui lui étaient défa‐ vorables afin qu'elles ne pu‐ blient pas leurs histoires.

Jeudi, la défense avait par ailleurs tenté de normaliser la pratique d'achat d'informa‐ tions que le magnat de la presse a expliquée au cours des derniers jours. M. Pecker a ainsi affirmé qu'il avait tué dans l'oeuf des histoires com‐ promettant­es visant d'autres célébrités ou politicien­s en payant des sources.

Lors du réinterrog­atoire, l'étape qui permet aux procu‐ reurs de revenir sur certaines questions soulevées par la défense, David Pecker a ce‐ pendant précisé vendredi qu'il n'avait jamais versé une somme avoisinant les 150 000 $ pour supprimer une histoire.

Il a aussi convenu que la publicatio­n de son témoi‐ gnage aurait constitué pour le tabloïd une affaire en or qui aurait fait exploser ses ventes. Il a répété que cela aurait nui aux chances de Donald Trump d'être élu.

Sa comparutio­n aura duré une dizaine d'heures répar‐ ties sur quatre jours.

vantage d'aide humanitair­e soit acheminée dans le terri‐ toire occupé qui est, a-t-il re‐ connu, au bord de la famine, [...] dans une situation abso‐ lument déplorable.

Cette réponse dénote un manque de courage politique et est à l'image de M. Tru‐ deau qui dit des choses très, très générales en répondant à une question très simple et précise, s'est désolé la Dre Machouf, qui a précédem‐ ment été candidate pour le Nouveau Parti démocratiq­ue.

Dans une lettre achemi‐ née mardi notamment à M. Trudeau, à sa ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et au premier ministre du Québec, François Legault, les membres de la délégation canado-québécoise les im‐ ploraient de faire le néces‐ saire pour les protéger.

Évitant la question, M. Trudeau a réitéré, comme il le fait depuis des mois, que le Canada plaide pour un ces‐ sez-le-feu, et que, d'autre part, le Hamas doit déposer les armes et libérer les otages.

On a besoin de créer les conditions pour avoir la paix, la stabilité et une solution à deux États avec un État d'Is‐ raël "sécure" et un État pales‐ tinien "sécure" pour l'avenir.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Ce sont de belles paroles, a renchéri M. Roy-Valdebe‐ nito, mais elles n'apportent rien de concret, sans comp‐ ter que le premier ministre continue de présenter la si‐ tuation comme une guerre alors que c'est une situation d'occupation militaire qui est en train de procéder à des massacres, qui est en train de détruire des infrastruc‐ tures importante­s, qui fait des déplacemen­ts massifs de population.

La ministre Joly avait indi‐ qué mercredi dans une en‐ trevue à une station régio‐ nale de Radio-Canada qu'elle ferait un suivi avec les organi‐ sateurs de la flottille, mais ces derniers disent qu'ils at‐ tendent toujours le coup de fil.

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Mme Machouf a affirmé qu'une autre lettre a été transmise vendredi à la mi‐ nistre pour solliciter une ren‐ contre.

Au début, on lui deman‐ dait la protection du Canada, mais maintenant, ce qu'on va lui demander, c'est de carré‐ ment accompagne­r la mis‐ sion parce que c'est vraiment en ligne avec la politique ca‐ nadienne et de faire pression sur Israël pour arrêter de mettre des bâtons au niveau de ce genre de mission, a-telle dit.

Sur le front diplomatiq­ue, l'Égypte dit avoir envoyé ven‐ dredi une délégation en Is‐ raël dans l'espoir de négocier un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Le Caire a aussi averti qu'une éven‐ tuelle offensive israélienn­e concentrée sur la ville de Ra‐ fah, à Gaza, pourrait avoir des conséquenc­es catastro‐ phiques pour la stabilité ré‐ gionale.

Plus de 34 000 Palesti‐ niens ont été tués, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza dirigée par le Hamas, dont environ les deux tiers sont des enfants et des femmes.

Israël a déclenché une opération militaire à la suite d'un raid du Hamas au début octobre au cours duquel des militants de l'organisati­on ont tué environ 1200 per‐ sonnes, pour la plupart des civils, et fait quelque 250 otages.

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