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Marché de la bière québécoise saturé : la régionalis­ation est-elle la clé?

- Paul Fontaine lieu des dé‐

En marge de la troisième Semaine des bières de mi‐ cro du Québec, des bras‐ seurs de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent doivent s’adapter à un marché qué‐ bécois qui, selon eux, ar‐ rive à satiété. Certains misent aujourd’hui sur une clientèle locale et touris‐ tique, au taillants.

Après avoir connu une ef‐ fervescenc­e durant la pandé‐ mie, le marché brassicole ap‐ pression qu’il y a eu une sur‐ estimation de ce que le mar‐ ché pouvait prendre, dit-il au microphone de l'émission Même fréquence. nombre stagne, oscillant entre 320 et 330.

Émile Béland Fournier constate que plusieurs dé‐ taillants de bière ont fermé boutique dans les deux der‐ nières années. Ça a fait mal à plusieurs microbrass­eries, parce que c’est de l’argent qui a disparu.

Une lecture à laquelle s’accorde le copropriét­aire du Malbord, à Sainte-Anne-desMonts, Félix Labrecque. On espère que ça va arrêter, parce que c’est dommage pour tous ces gens-là qui avaient de belles boutiques.

À cela s’ajoute le coût de la vie qui est à la hausse, dit-il à l’émission Au coeur du monde. Le portefeuil­le a ré‐ tréci, le pouvoir d’achat a di‐ minué un peu. Les gens font de plus en plus attention [au prix] des produits qu’ils vont acheter. Ce n’est pas toujours facile pour des petites entre‐ prises qui ont des produits qui coûtent plus cher à fabri‐ quer.

Pour s’ajuster à un mar‐ ché provincial qui cherche son équilibre, une des solu‐ tions ne serait-elle pas plutôt de miser sur une clientèle lo‐ cale et touristiqu­e?

Oui, à en croire Félix La‐ brecque. Lui-même est pré‐ sentement en démarche pour obtenir à nouveau un permis de bar pour son éta‐ blissement, après l’avoir rési‐ lié il y a quelques années.

Je pense que dans chaque petit village, il y aura toujours de la place pour un lieu de rassemblem­ent agréable où on peut prendre une bière.

Félix Labrecque, copro‐ priétaire de la microbrass­erie Le Malbord

C’est le cas notamment à Pohénégamo­ok, où Le Secret des Dieux s’est installé dans un ancien monastère il y a huit ans pour y vendre le fruit de ses brassages. La mi‐ crobrasser­ie vend d’ailleurs à son pub 80 % de ses 75 000 litres de bière brassés an‐ nuellement.

On mise beaucoup sur notre pub et sur la clientèle touristiqu­e, explique le co‐ propriétai­re, Daniel Blier. À Pohénégamo­ok, c’est assez intense l’été. On a dix belles grosses semaines.

Les bières inédites ou li‐ mitées ont aussi la côte chez certains consommate­urs, ob‐ serve-t-il. On fait beaucoup de bières collaborat­ives avec d’autres brasseries. On a aussi misé sur le créneau des bières spéciales pour des événements et des entre‐ prises, et ça fonctionne très bien.

Bien que le marché qué‐ bécois ait atteint un plateau avec quelque 330 microbras‐ series - plateau qui est aussi un sommet -, chacune des 17 régions du Québec peut se targuer d'en compter une et d'en tirer profit, fait remar‐ quer la directrice générale de l’Associatio­n des microbras‐ series du Québec, Marie-Ève Mira au microphone de Bon‐ jour la Côte.

Et fait à noter, on a le tiers de ces microbrass­eries-là qui sont dans des petites munici‐ palités de moins de 10 000 habitants, ajoute-t-elle.

Des signes qui suggèrent que le marché de la bière québécoise est appelé à se régionalis­er.

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