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Le chef d’orchestre qui taille des « diamants bruts »

- Myriam Eddahia

Baguette à la main, le chef d’orchestre Simon Rivard prépare ses musiciens à leur dernier concert à ses côtés. Samedi, il dirigera 86 d’entre eux pour la der‐ nière fois à l’occasion du 50e anniversai­re de l'Or‐ chestre symphoniqu­e des jeunes de Toronto (TSYO) au Roy Thomson Hall.

Pour le Québécois de naissance, travailler avec ces adolescent­s est un choix.

Il s'intéresse à la relève musicale depuis le début de sa carrière. L'éducation musi‐ cale a toujours fait partie de ses priorités : il cherche à éveiller la passion chez les jeunes.

Son travail au TSYO lui permet de réaliser ses objec‐ tifs. Les instrument­istes sous sa gouverne sont très moti‐ vés, mais ont besoin d'être encadrés, dit-il.

C'est vraiment des dia‐ mants bruts et on doit les fa‐ çonner un peu.

Simon Rivard, chef d’or‐ chestre

L'ultime concert au TSYO est l'occasion pour Simon Ri‐ vard de consolider le travail accompli depuis six ans et de remettre la baguette à son successeur.

Les jeunes y présentero­nt trois oeuvres : l’Ouverture fes‐ tive de Chostakovi­tch, le Concerto pour basson de Ka‐ levi Aho et la Première Sym‐ phonie de Mahler, dite Titan.

C’est d’ailleurs Trevor Wil‐ son - le successeur de Simon Rivard - qui dirigera la pre‐ mière pièce.

Ce ne sont pas des gens qui ont joué chaque oeuvre 20 fois, c'est toujours la pre‐ mière fois qu'ils sont confrontés à ces oeuvres [...] alors on introduit certains concepts [et] une certaine fa‐ çon de jouer qui est très dif‐ férente, raconte Simon Ri‐ vard.

Inspirer la prochaine gé‐ nération

Depuis sa nomination, l'objectif du chef d'orchestre a été de former et d’inspirer la relève dans son apprentis‐ sage des différente­s sensibili‐ tés musicales en leur faisant découvrir de nouvelles pièces.

Je sens à l'Orchestre des jeunes de Toronto un grand désir d'apprendre, mais aussi un désir d'apprendre de la bonne façon.

Simon Rivard, chef d’or‐ chestre

Cela implique d'être pré‐ sent dans le moment, d'exé‐ cuter ce qui est écrit avec une pleine conscience, de ne jamais jouer mécanique‐ ment, mais de toujours se questionne­r sur chaque note, sur son rapport avec les autres musiciens, sur sa ca‐ pacité d'écoute et de pré‐ sence pour améliorer, ex‐ plique le chef d’orchestre.

La Première Symphonie de Mahler, surtout interpré‐ tée par des profession­nels, nécessite d'ailleurs un travail de fond, selon Simon Rivard. Chaque note, chaque soupir, chaque silence est important, soutient le musicien.

La pièce représente un défi imposant pour les jeunes, explique-t-il. Mais la symphonie Titan est une oeuvre à l'image des défis surmontés et de la résilience de ses artistes.

Leur chef Simon Rivard promet qu’ils seront à la hau‐ teur de cette oeuvre.

Revivre sa propre expé‐ rience

Simon Rivard ne vient pas d’une famille de musiciens. Il commence à jouer du violon à l’âge de cinq ans à son école publique sur la RiveSud de Montréal et intègre petit à petit des orchestres pour jeunes.

Son parcours le mène à la découverte de la direction d'orchestre, avec laquelle il tombe rapidement amou‐ reux.

Des années plus tard, il réussit à revivre cette expé‐ rience par l'entremise des 86 musiciens de 12 à 22 ans à qui il enseigne

En groupe, on a beaucoup à apprendre des autres. C'est ce qu'on essaie de faire avec les jeunes de Toronto.

Simon Rivard, chef d’or‐ chestre

Les jeunes qu'il dirige ont dû travailler fort et vivre plu‐ sieurs baptêmes de feu pour bénéficier de ses conseils et de son expérience acquise depuis ses débuts, le proces‐ sus de sélection du TSYO étant exigeant.

Iris Zhang, une jeune vio‐ loniste qui a pu joindre l'or‐ chestre après trois tentatives l'an dernier, participe chaque samedi aux répétition­s de l'artiste québécois.

L’orchestre est la seconde famille de la jeune toron‐ toise, et son violon, une ex‐ tension d’elle-même. Tous mes amis ici sont tous des musiciens très talentueux. On travaille main dans la main [pour créer] de la mu‐ sique, raconte-t-elle.

On a joué beaucoup de pièces, plusieurs répertoire­s très très difficiles, mais c'est magnifique, pense la jeune musicienne.

Mon but serait de for‐ mer la relève

À la tête de l’orchestre, Si‐ mon Rivard dit toujours avoir traité ces jeunes avec le même respect que celui qu’il montre aux musiciens pro‐ fessionnel­s.

Ce que j'ai essayé de faire avec l’orchestre des jeunes, c'est de [créer un] laboratoir­e avec un peu moins de bu‐ reaucratie que dans un or‐ chestre profession­nel, ex‐ plique Simon Rivard.

Cette approche lui a per‐ mis d’introduire plus de changement­s.

Il espère continuer d’en‐ courager ces jeunes musi‐ ciens à se découvrir à l'aide de leur instrument.

Mon but serait de former la relève. C'est une tranche d'âge que j'adore parce qu'ils sont très malléables, indiquet-il.

Il souhaite d’ailleurs que ses efforts en matière de di‐ versité et d’inclusion restent au coeur des valeurs du TSYO et que le choix des pièces, comme la musique contem‐ poraine et des oeuvres com‐ posées par des femmes, continue à inspirer les musi‐ ciens à repousser les limites de leur art.

On représente la ville de Toronto de plus en plus, mais elle est beaucoup plus di‐ verse que l'orchestre. Il existe encore un écart qu’on cherche à réduire, conclut Si‐ mon Rivard.

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