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Un projet de résidence pour aînés en perte d’autonomie abandonné à Témiscamin­g

- Bianca Sickini-Joly

La troisième phase des Ré‐ sidences Témiscamin­g qui prévoyait la constructi­on de 21 logements avec ser‐ vices pour personnes en perte d'autonomie tombe à l'eau.

En 2017, le coût de constructi­on était évalué à 3,8 M$ pour une nouvelle an‐ nexe. Sept ans plus tard, la facture a plus que doublé. 8,9 M$ est un montant consi‐ déré trop élevé pour pour‐ suivre le projet.

La pandémie est venue et tout s’est détricoté, se désole Pierre Bérubé, gestionnai­re des résidences et chargé de projet pour la phase trois.

La hausse importante des taux d’intérêt a planté le der‐ nier clou dans le cercueil.

Ce n'aurait pas été ren‐ table, à 21 lits, pour 8,9 mil‐ lions. Ce seraient plusieurs milliers de dollars par per‐ sonne pour être capable de rencontrer nos obligation­s fi‐ nancières.

Pierre Bérubé, gestion‐ naire des Résidences Témis‐ caming

Si le comité de l’organisme avait été de l’avant, le chargé de projet estime que le loyer aurait été trop élevé pour le marché locatif de Témisca‐ ming.

Un retour à la case dé‐ part douloureux

Au fil des ans, la commu‐ nauté s'était impliquée en temps et en argent pour me‐ ner à terme l'agrandisse‐ ment. Près de 800 000 $ avaient été amassés avec des campagnes de financemen­t. La MRC de Témiscamin­gue et la Ville avaient chacune pro‐ mis 200 000 $.

J'aurais cru qu'on aurait mis tout en place pour être capable de réussir, mais en bout de ligne, il s'est passé autre chose, constate triste‐ ment Pierre Bérubé.

La phase trois aurait ac‐ cueilli des aînés en légère ou moyenne perte d’autonomie. Des services d’hygiène, de re‐ pas et de surveillan­ce en continu dans l’édifice de‐ vaient être offerts.

On pensait vraiment qu’on finirait par l’avoir.

Pierre Gingras, maire de Témiscamin­g

Le maire, Pierre Gingras, pointe du doigt la lourdeur bureaucrat­ique. Tout ce que [les bénévoles] ont eu au long du processus, c’est des embûches, au lieu de l’aide du gouverneme­nt, dénoncet-il. Il y a un manque, au gou‐ vernement, pour faciliter les choses.

Un besoin qui ne dispa‐ raît pas

Le manque d’héberge‐ ment avec services n'est pas réglé, loin de là. On se pose la question : qu'est-ce qu'on va faire?, lance M. Gingras.

La problémati­que est la même du côté des loge‐ ments pour aînés auto‐ nomes. J'ai présenteme­nt 97 personnes ou couples sur la liste d'attente. Il y en a que ça fait plus que 10 ans qu’ils sont en attente d’un loge‐ ment, témoigne Pierre Bé‐ rubé.

Les deux hommes es‐ timent que les grandes villes se voient avantagées pour de tels projets. Selon le maire, les coûts de constructi­on à Témiscamin­g sont 35 % plus élevés qu’ailleurs.

Des services attendus

Une salle à manger devait éviter aux résidents, tous âgés de 75 ans et plus, de de‐ voir préparer des repas.

La résidente Léonne La‐ londe Héroux aurait aimé, à 97 ans, profiter des services de préposés promis dans la nouvelle phase. Je ne suis pas pire, mais je commence moi aussi à être aveugle. J’ai de la difficulté à marcher, ex‐ prime-t-elle, son déambula‐ teur derrière.

Mme Lalonde Héroux se débrouille bien avec l’assis‐ tance de ses proches et la vi‐ site du personnel soignant, mais l’abandon de la phase trois l’attriste.

À Laverlochè­re, à Ville-Ma‐ rie et tout ça, ils ont bâti des affaires. Pourquoi pas nous autres?, se questionne-t-elle.

Déracineme­nt

Le chargé de projet Pierre Bérubé rêvait que ses pa‐ rents puissent vivre et termi‐ ner leurs jours dans leur ville. Un souhait qu’il n’a pas pu réaliser. Je souhaite à d’autres que leurs parents puissent continuer de vivre auprès de leurs enfants, dans leur village natal.

Le maire Pierre Gingras s’inquiète pour la population anglophone, qui représente plus du tiers de la popula‐ tion. Ils vont être envoyés où? À Ville-Marie, à Rouyn, à La Sarre, à Val-d’Or? Ils vont être déracinés de leur milieu et en plus, ils ne pourront pas communique­r convena‐ blement, estime-t-il.

Un autre projet?

Le conseil d'administra‐ tion des Résidences Témisca‐ ming cultive l’espoir de pré‐ senter un nouveau plan, qui viserait la constructi­on de lo‐ gements plutôt que d’héber‐ gement avec service. Les sommes recueillie­s dans le passé sont conservées pour un éventuel projet.

Pierre Bérubé compte ob‐ server la suite des choses d’un peu plus loin. Qui sait, peut-être qu’un jour un en‐ trepreneur privé va vouloir en faire une constructi­on, suggère-t-il.

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