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À Tofino, l’accès au logement abordable serait « sur la bonne voie »

- Mélinda Trochu

Le maire de Tofino, Dan Law, assure que sa commu‐ nauté est sur « la bonne voie » pour atteindre l’ob‐ jectif de 150 logements supplément­aires d’ici 2030. Au début du mois d'avril, des habitants de Tofino ont pu emménager dans un de deux nouveaux bâtiments à loyer abordable, les im‐ meubles Headwaters, qui proposent en tout 72 ap‐ partements.

Ces immeubles ont été créés par la Catalyst Commu‐ nity Developmen­ts Society sur un terrain loué auprès de la Tofino Housing Corpora‐ tion et ont notamment été fi‐ nancés par le fonds commu‐ nautaire de BC Housing.

La directrice générale de Tofino Housing Corporatio­n, Kelly Lin, explique que cette dernière a été créée pour ré‐ soudre le problème du loge‐ ment à Tofino. Alors que l’im‐ meuble Headwaters nord est désormais habité par d’heu‐ reux élus sélectionn­és par ti‐ rage au sort, l’immeuble sud devrait lui être opérationn­el à la fin de juillet.

Kelly Lin raconte que les logements ont été attribués selon différents critères, dont le nombre de mois de rési‐ dence des candidats. Cela s'est très bien passé [mais] je pense que beaucoup de rési‐ dents ne savaient pas si c'était réel, dit-elle en riant. Les gens ne croyaient pas que le gouverneme­nt voulait fournir des logements abor‐ dables.

Parmi les règles d'habita‐ tion, la directrice générale précise que, si un locataire reste plus longtemps que 30 jours, ses revenus doivent être vérifiés pour garantir l’équité entre les locataires et respecter les limites de reve‐ nus qui ont été prises en compte dans l’attributio­n des logements.

Les appartemen­ts ont été attribués à 20 % à des per‐ sonnes à revenu fixe, et à 50 %, à des personnes ayant des revenus plus faibles. Le prix des derniers 30 % sera aligné sur le prix moyen du marché.

Philippe Lefrançois, un ambulancie­r de 25 ans, se considère comme chanceux d'avoir été sélectionn­é. Il a emménagé il y a quelques semaines dans l’immeuble nord avec son frère. Les ini‐ tiatives comme Headwaters [sont] vraiment géniales pour la communauté. [...] C'est vraiment super [...] on voit que tout le monde est vrai‐ ment content d'être là, tout le monde se salue.

Arrivé il y a un an et demi dans la région, Philippe Le‐ françois a d’abord dormi chez un ami, puis trouvé une chambre sur Facebook. Il se réjouit de la propreté et de l’état neuf de son nouveau lo‐ gement. C'est vraiment fonc‐ tionnel [et il] y a beaucoup de lumière dans notre [ap‐ partement].

[Ça a été] un petit peu complexe quand même. Il y avait beaucoup de documen‐ tation à faire, beaucoup de critères aussi à remplir. Donc, c'était quand même [de] la grosse paperasse.

Philippe Lefrançois, loca‐ taire de l'immeuble nord Headwaters

Le fait d’avoir un bail à long terme a changé son état d'esprit et lui permet de se projeter. Quand tu es à To‐ fino, tu [ne] sais jamais quand tu vas te faire [expul‐ ser]. [Avant] je me disais tou‐ jours que je [serai] là le temps que ça va pouvoir du‐ rer [mais maintenant] je me vois vraiment rester plus [à] long terme.

Philippe Lefrançois ex‐ plique que la majorité des personnes qu’il connaît à To‐ fino ont des staff accom, c'est-à-dire un hébergemen­t lié à leur travail et qu'ils sont un peu vulnérable­s par rap‐ port à leurs employeurs.

À écouter :

Gardien de phare du logement à Tofino

: crise

« Un risque existentie­l »

Le maire de Tofino, Dan Law, explique qu'une fois que les différents projets immobi‐ liers en cours auront trouvé leurs locataires ou proprié‐ taires, cela représente­ra 86 logements sur la cible de 150. Cela concerne notam‐ ment des petites maisons unifamilia­les, dont le prix et le nombre de résidents sont limités pour que les gens puissent posséder leur propre maison, mais ne puissent pas la vendre au taux du marché.

À l'heure actuelle, une fois que tous nos projets seront terminés cette année [...] jus‐ qu'à 10 % de notre popula‐ tion sera dans des logements en dessous du prix du mar‐ ché. Donc, c'est très enthou‐ siasmant pour Tofino.

Dan Law, maire de Tofino Le maire reconnaît qu’une grande partie de la popula‐ tion éprouve une anxiété im‐ portante liée au logement et dit que le fait de voir des per‐ sonnes obtenir des loge‐ ments à long terme est fan‐ tastique. Ils ne risquent pas que leur maison soit vendue et d’être expulsés,. C'est donc une formidable victoire pour Tofino.

Dan Law regrette néan‐ moins qu’une partie de la fo‐ rêt ait été coupée pour les immeubles Headwaters et promet que les prochains projets seront plutôt construits sur des terrains déjà industrial­isés.

La suite, confirment Dan Law et Kelly Lin, sera sûre‐ ment un partenaria­t avec d’autres agences, comme la Régie de santé de l’île de Van‐ couver, pour fournir des lo‐ gements abordables à des travailleu­rs essentiels. Nous avons constaté que des mé‐ decins sont partis, que des infirmière­s sont parties, et des enseignant­s, expulsés, explique le maire. Étant donné que l'obtention du fi‐ nancement de BC Housing est difficile, nous recher‐ chons d'autres bailleurs de fonds ainsi que des partena‐ riats, précise Kelly Lin.

Si la communauté a bien accueilli les immeubles Head‐ waters, Dan Law reconnaît qu'une partie de la popula‐ tion pense qu'il ne devrait pas y avoir de logements so‐ ciaux abordables. Or, pour lui, il n’y a aucun doute, le lo‐ gement pensé uniquement comme un investisse­ment est un risque existentie­l pour sa communauté.

Je pense que la plupart des villes connaissen­t les pressions en matière de loge‐ ment que nous vivons. Si elles ne l'ont pas déjà fait, elles vont s'efforcer de garan‐ tir un logement aux tra‐ vailleurs essentiels, car c'est la seule façon pour ces villes de survivre et d'avoir tou‐ jours des hôpitaux et des écoles qui fonctionne­nt.

Dan Law, maire de Tofino Le maire veut continuer de se battre et assure que, d’une manière ou d’une autre, Tofino fera tout pour garantir que les logements accueillen­t [ses habitants].

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