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Un parc de Vanier en hommage à une femme inuite retrouvée morte

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La conseillèr­e Stéphanie Plante souhaite changer le nom d’un parc de son quar‐ tier pour y accoler celui de Mary Papatsie, une femme inuite dont les restes ont été retrouvés sur un chan‐ tier de constructi­on, il y a deux ans.

Le frère de Mary Papatsie, qui avait 39 ans lorsqu'elle a disparu en 2017, juge très touchante la propositio­n de renommer le parc Emond en l’honneur de sa soeur.

Les restes du corps de Mme Papatsie ont été retrou‐ vés sur un chantier de constructi­on voisin, il y a deux ans. La douleur de sa mort est encore très vive pour son frère, Tommy.

L'année dernière, nous l'avons enterrée chez nous, à Pangnirtun­g, a-t-il raconté à CBC le week-end dernier.

C'est après les funéraille­s que la conseillèr­e municipale de Rideau-Vanier, Stéphanie Plante, a proposé à la famille de renommer le parc Emond en l'honneur de Mary.

Pour moi, c'est touchant. Très touchant, a réagi Tommy Papatsie. J'espère qu'on se souviendra de Mary.

Une propositio­n très bien accueillie par la com‐ munauté

Mme Plante a fait le tour du quartier samedi pour re‐ cueillir les réactions de ses résidents. Et jusqu'à présent, les réponses ont été posi‐ tives.

Mary vivait dans le quar‐ tier, ils la connaissai­ent donc très bien. Ils ont de très bons souvenirs d'elle, a partagé Mme Plante.

Résidente du quartier, Leaha Schultz applaudit l'idée. Elle raconte sa pre‐ mière rencontre avec Mary Papatsie, qui vivait dans la rue à l'époque.

Elle m'a demandé si j'avais une cigarette et je lui en ai donné une. Elle était un peu déconcerté­e parce que beau‐ coup de gens l'ignoraient et la traitaient comme si elle n'était pas là.

Mme Schultz se souvient de sa prévenance, en particu‐ lier de la façon dont Mme Pa‐ patsie lui posait des ques‐ tions sur sa journée et se promenait avec elle chaque fois qu'elle se trouvait dans le secteur.

Toute la communauté a été frappée par cette tragé‐ die et les circonstan­ces [de la mort de Mary].

Chris Greenshiel­ds, pré‐ sident de l'Associatio­n com‐ munautaire de Vanier

Président de l'Associatio­n communauta­ire de Vanier, Chris Greenshiel­ds ne connaissai­t pas personnell­e‐ ment Mme Papatsie, mais il a assisté à une émouvante cé‐ rémonie organisée par sa fa‐ mille à la suite de la décou‐ verte de sa dépouille.

Sa famille et ses amis ont beaucoup parlé d'elle et de sa contributi­on particuliè­re à la communauté inuite. Toute la communauté a été frappée par cette tragédie et les cir‐ constances [de la mort de Mary].

Il confirme que la proposi‐ tion de Mme Plante a été très bien accueillie par les rési‐ dents de Vanier.

Nous attendons avec im‐ patience que la Ville aille de l'avant dans ce dossier , dit M. Greenshiel­ds.

La politique sur les noms commémorat­ifs est en cours de révision

Mme Plante aura toute‐ fois besoin de plus que l'ap‐ probation des résidents pour faire avancer son projet.

Dans sa forme actuelle, la politique sur les noms com‐ mémoratifs de la Ville com‐ porte des critères spécifique­s qui doivent être remplis pour qu'une demande soit prise en considérat­ion.

Pour renommer un parc en l'honneur d'une personne vivante ou décédée, celle-ci doit revêtir une importance historique pour la Ville d’Ot‐ tawa, s’être dévouée de façon extraordin­aire au service de la collectivi­té, avoir fait preuve d’excellence ou de courage ou rendu des ser‐ vices exceptionn­els, avoir en‐ couragé l’égalité et travaillé à éliminer la discrimina­tion ou encore, avoir versé une contributi­on financière im‐ portante pour un parc ou une installati­on qui procure des bienfaits à la population et au quartier.

Les règles actuelles sti‐ pulent que les noms des parcs ne peuvent pas être utilisés pour des monuments commémorat­ifs.

Mme Plante souligne tou‐ tefois que cette politique est en cours de révision. Elle es‐ père que les résultats de ce travail refléteron­t mieux les résidents d’Ottawa.

Je pense qu'il est impor‐ tant pour la population inuite de voir son nom reflété dans la signalisat­ion de la Ville, juge-t-elle, expliquant que Vanier compte une impor‐ tante population inuite. Si vous regardez des noms comme Ray Friel ou Walter Baker [qui ont été commé‐ morés dans d'autres installa‐ tions], ils ont fait des choses merveilleu­ses pour notre ville. Mais c'est un jour nou‐ veau et nous voulons nous assurer que notre ville repré‐ sente aussi les gens qui y vivent. Le fait de nommer le parc en l'honneur de Mary Papatsie est une façon pour la Ville de faire un pas vers la réconcilia­tion dans le sillage de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autoch‐ tones disparues et assassi‐ nées.

Mary est morte tragique‐ ment dans des circonstan­ces qui la placent dans le cadre [de cette enquête], ajoute Mme Plante. Dans mon équipe, nous pensons que cela mérite d'être commé‐ moré.

Mme Schultz, qui est membre des Premières Na‐ tions, est du même avis.

Je pense que la commu‐ nauté [inuite] a subi de nom‐ breuses pertes, tout comme la communauté des Pre‐ mières Nations. Une certaine reconnaiss­ance est néces‐ saire.

Les résidents ont jusqu'au 31 mai pour faire part de leurs commentair­es au bu‐ reau de Mme Plante.

Avec les informatio­ns d’Anchal Sharma, de CBC News

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