Un projet de recherche pour mesurer la santé mentale des pêcheurs
Un projet de recherche de l’Université Laval est en cours pour évaluer l'effet des changements clima‐ tiques et des contraintes liées au métier sur la santé mentale des pêcheurs de la Gaspésie et des Îles-de-laMadeleine.
Les
chercheurs
feront bientôt parvenir à ces der‐ niers un questionnaire pour mesurer leurs connaissances sur les changements clima‐ tiques et comment ceux-ci les touchent.
Les chercheurs de l'Uni‐ versité Laval ont aussi assisté ces derniers mois à des groupes de discussion et à des ateliers sur la résilience aux Îles-de-la-Madeleine et à Rivière-au-Renard, à Gaspé, où les pêcheurs de crevettes font face à une crise sans précédent en raison de la di‐ minution des stocks et la hausse des températures de l’eau.
L’impression qui se dé‐ gage des entrevues qu’on a faites pendant ces premiers mois de collecte, c’est que personne ne sait où on s’en va. Il y a beaucoup d’incerti‐ tudes. La science n’est pas exacte en matière de change‐ ments climatiques et d’évolu‐ tion de la biodiversité dans le golfe [du Saint-Laurent] et il se dégage une impression d’improvisation, explique Isa‐ belle Goupil-Sormany, pro‐ fesseure à l’Université Laval en médecine sociale et pré‐ ventive et chercheuse princi‐ pale du projet.
Mme Goupil-Sormany ajoute que beaucoup de pê‐ cheurs sentent aussi que leur expertise du monde mari‐ time et des mouvements d’espèces ne sont pas pris en compte par les instances gouvernementales.
Ils ne savent pas s’ils sont écoutés et ça, ça joue beau‐ coup sur la santé mentale, dit-elle. J’ai eu 16 pêcheurs en entrevues et ils me disent tous : "C’est moi qui est sur l’eau", ajoute la chercheuse.
Ils aimeraient ça contri‐ buer à la connaissance et on leur dit, non, vous êtes biai‐ sés. C’est comme si on n’ac‐ cordait pas de crédibilité à leur expertise, et ça, ce n’est pas bon pour la santé men‐ tale.
Isabelle Goupil-Sormany, chercheuse principale
Elle note également une vaste préoccupation pour le futur des métiers de la pêche et le manque de reconnais‐ sance de leur importance