Radio-Canada Info

Un syndicat pour toute l’industrie du jeu vidéo au Québec? La CSN tente le coup

- David Savoie

La Confédérat­ion des syn‐ dicats nationaux (CSN) lance une campagne pour tenter de syndicalis­er l'en‐ semble de l’industrie du jeu vidéo au Québec. Le sec‐ teur, qui compte peu de syndiqués parmi les 15 000 personnes qui y travaillen­t dans la province, a une va‐ leur de plus de 1,4 milliard de dollars dans l’économie.

Épuisement profession‐ nel, précarité d’emploi, dispa‐ rité de traitement­s : des tra‐ vailleurs du jeu vidéo vou‐ draient que leur industrie change et ils pensent que la formation d’un syndicat pourrait permettre d’y parve‐ nir.

Rida Hamdani a travaillé dans le domaine de l’assu‐ rance-qualité pendant quelque temps avant de quit‐ ter le milieu. Aujourd’hui, il s’implique dans Games Wor‐ kers Unite à Montréal, un or‐ ganisme qui vise à améliorer les conditions de travail dans le domaine du jeu vidéo.

Je pense qu’il y a un re‐ gain d’intérêt envers la syndi‐ calisation parce que les conditions de travail ont changé. On est en crise éco‐ nomique; beaucoup de gens commencent à reconsidér­er leur situation, explique-t-il.

Au cours des derniers mois, il y a eu de nombreux licencieme­nts dans le sec‐ teur.

En collaborat­ion avec la CSN, Game Workers Unite veut créer un syndicat natio‐ nal dans l’industrie. Des tracts seront notamment dis‐ tribués pour sensibilis­er les travailleu­rs. Ceux qui mènent cette campagne de syndicali‐ sation donnent les exemples de Starbucks et d’Amazon, où les syndicats ont fait de pe‐ tites percées récemment.

C’est une industrie très importante au Québec, une industrie qui est capable de bien subvenir aux besoins de ses employés, croit Rida Hamdani. Mais souvent, la passion est une source d’ex‐ ploitation, ajoute-t-il. Il af‐ firme que plusieurs tra‐ vailleurs ne connaissen­t pas forcément leurs droits.

L’industrie des jeux vidéo vendait un milieu de travail supposémen­t cool, pour faire accepter que les heures étaient interminab­les, sou‐ tient la présidente de la CSN,

Caroline Senneville. Beau‐ coup de licencieme­nts et d'heures supplément­aires non rémunérées dans le do‐ maine ont généré davantage d'intérêt pour les syndicats, selon elle.

De rares syndicats

C’est assez exceptionn­el, les studios qui sont syndi‐ qués, note pour sa part Jona‐ than Lessard, chercheur au Départemen­t de design et d’arts numériques de l’Uni‐ versité Concordia. Des efforts de syndicalis­ation sont me‐ nés depuis déjà 10 ans, fait-il remarquer, mais sans résul‐ tats très significat­ifs.

La valeur de cette indus‐ trie repose presque entière‐ ment sur les ressources hu‐ maines, fait également re‐ marquer le professeur et ti‐ tulaire de la chaire de re‐ cherche Behaviour Interac‐ tive en conception de jeux vi‐ déo. La conjonctur­e est plus difficile. On est plus dans une dynamique de restrictio­ns, de mises à pied. Ceux qui sont dans l’industrie sont peut-être plus frileux à l'idée de prendre des risques.

Le monde des technos, comme ça a toujours relati‐ vement bien fonctionné, je n’ai pas l’impression que c’est du monde dont la culture est très sensible naturellem­ent à la syndicalis­ation, résume Jo‐ nathan Lessard.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada