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À Milton, une élection partielle serrée et importante en vue de 2026

- Jean-François Gérard

Qui ira représente­r Milton à Queen’s Park? Si le résul‐ tat de l’élection partielle ne fera pas perdre à Doug Ford sa majorité, la lutte qui s’annonce serrée entre libéraux et progressis­tesconserv­ateurs donnera tout de même une indica‐ tion sur l’avenir politique de cette ville moyenne à une heure de Toronto.

Les électeurs de Milton doivent remplacer Parm Gill, l’ancien ministre de la Réduc‐ tion des formalités adminis‐ tratives, parti pour tenter une carrière à l’échelon fédé‐ ral avec Pierre Poilièvre.

Ça va définir le ton de Mil‐ ton, estime Christian Audet, habitant de Milton depuis 2007 et qui a déjà voté par anticipati­on pour Zee Hamid, le candidat du Parti progres‐ siste-conservate­ur (PPC). Il pense que le résultat mar‐ quera politiquem­ent les pro‐ chaines années. Milton va ouvrir sa voie, est-ce qu’on est bleu, rouge, vert, jaune?

Car en face, les libéraux, qui se sont trouvés une nou‐ velle cheffe en décembre, Bonnie Crombie, aimeraient bien signifier leur retour sur la scène politique ontarienne en arrachant un siège sup‐ plémentair­e.

Si les conservate­urs per‐ daient le siège, ça donnerait le message que la popularité de Doug Ford, qui n'est ja‐ mais très élevée, a des conséquenc­es, analyse Gene‐ viève Tellier, professeur­e en science politique à l’Univer‐ sité d'Ottawa, invitée de la matinale Y a pas deux matins pareils.

Peu d'enjeux à court terme, plus à long terme

À l’approche des élections provincial­es de 2026, une vic‐ toire donnerait plus de poids aux libéraux pour incarner l’alternativ­e dans l’espoir de revenir aux commandes qu’ils ont perdues en 2018. Or depuis cette année-là, c’est le Nouveau Parti démo‐ cratique (NPD) qui forme l’op‐ position officielle, en devan‐ çant les libéraux.

Lors des élections de 2022, les progressis­tesconserv­ateurs l’avaient em‐ porté avec 43 % des votes contre 38 % pour les libéraux dans cette circonscri­ption. En additionna­nt les suffrages obtenus par le NPD et les verts, le total des voix des principaux partis d'opposi‐ tion dépassait les 50 %.

Pour Christian Audet jus‐ tement, l’issue de l’élection dépend si le vote est divisé ou non. Néanmoins, il croit à une victoire des progres‐ sistes-conservate­urs à cause d’une fatigue des libéraux au niveau fédéral qui va peutêtre avoir une influence.

Dans son cas, c’est le fait d’avoir la pire dette de l’his‐ toire du Canada et le pire dé‐ ficit, qui l’incite à ne pas répli‐ quer cela au niveau provin‐ cial.

Le scrutin ne menace pas de la majorité de Doug Ford, relativise Geneviève Tellier, professeur­e en science poli‐ tique à l'Université d'Ottawa. Même si le départ récent de deux anciens ministres de Doug Ford pose la question de comment bien s’entourer pour le premier ministre.

Pour Christian Audet, la question des transports, avec le projet d’autoroute 413 ou la faible fréquence des trains GO sont des sujets impor‐ tants pour la prospérité de Milton. Des sujets sur les‐ quels Doug Ford a fait des annonces récemment.

D’autres sujets locaux sont clivants comme le projet centre multimodal de la com‐ pagnie ferroviair­e CN ou celui de carrière à Campbellvi­lle. Mais Christian Audet a comme l’impression qu’on ne veut pas trop en parler chez les candidats.

Les libéraux en cam‐ pagne sur les services pu‐ blics dégradés

Les libéraux pensent plu‐ tôt que ce sont les sujets pro‐ vinciaux qui comptent : la santé et l’éducation. Fatma Said, bénévole de l’équipe de campagne de Galen Naidoo Harris, estime que les gens sont contrariés par les der‐ nières politiques de Doug Ford et leur impact sur la province.

Selon le candidat, il est désormais plus difficile d’aller aux urgences et d’être reçu, nous avons des écoles avec 50 ou 60 préfabriqu­ées, des classes de 35 ou 36 enfants.

Pour autant, je ne tiens rien pour acquis, ajoute-t-il, dans cette course qui s’an‐ nonce serrée. L’autre candi‐ dat a aussi du soutien, conçoit-il. Et il se garde de l’attaquer.

C’est un ami, on se connaît depuis plus d’une dé‐ cennie, et j'espère qu’on le sera toujours après cette élection, mais je suis juste déçu par ses choix de soute‐ nir les progressis­tes-conser‐ vateurs de Doug Ford.

Galen Naidoo Harris, can‐ didat libéral à Milton

Certains auraient bien vu Bonnie Crombie tenter de se présenter, pour que la cheffe libérale puisse être présente à l'Assemblée législativ­e. Mais cela aurait été risqué pour elle, car les conserva‐ teurs auraient sans doute un avantage, analyse Geneviève Tellier.

Sa base électorale est à Mississaug­a, dont elle a été mairesse pendant 10 ans et où elle pourrait avoir envie de se présenter.

Attendre la prochaine élection lui donne du temps pour faire le tour de la pro‐ vince, écouter les électeurs, peaufiner sa plateforme élec‐ torale, poursuit Geneviève Tellier. Mais cela l’empêche d’acquérir une certaine expé‐ rience et elle aurait pu don‐ ner la réplique à Doug Ford en préparatio­n de 2026.

Au total, huit candidats et une candidate se présentent à cette élection.

Le candidat progressis­teconserva­teur Zee Hamid n’a pas répondu aux demandes d'entrevue de Radio-Canada pour ce reportage.

Avec les informatio­ns de Mathieu Simard

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