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Des débarqueme­nts record, mais pas de meilleurs prix pour le homard québécois

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Malgré des débarqueme­nts records depuis quelques saisons, le prix du homard québécois est resté relati‐ vement le même depuis une vingtaine d'années. C'est l'un des constats faits par l'Institut de recherche en économie contempo‐ raine (IRÉC), qui publie une fiche technique sur le ho‐ mard d'Amérique. La hausse fulgurante de la va‐ leur des débarqueme­nts s'explique essentiell­ement par l'augmentati­on des prises, et non des prix.

Après le crabe aux pinces d'or, c'est maintenant le ho‐ mard aux pinces d'or. Cette pêche est dorénavant consi‐ dérée comme la plus lucra‐ tive du Québec maritime.

Sur les quais de la Gaspé‐ sie, le prix payé au débarque‐ ment demeure toujours la grande incertitud­e. Mais les attentes sont élevées, sur‐ tout que les quelque 133 ho‐ mardiers gaspésiens sortent en mer, une semaine avant les pêcheurs madelinots et du Nouveau-Brunswick.

Ça devrait être favorable, le prix actuelleme­nt est très bon en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, alors au cours des jours à venir, on va avoir une bonne idée du prix donné aux pêcheurs.

Steeve Lelièvre, pêcheur de homard

Il y a aussi que les prises des derniers mois seraient beaucoup moins importante­s en Nouvelle-Écosse, dans la plus importante zone de pêche au homard du pays.

Ce qui nous fait dire qu'il n'y a pas beaucoup de ho‐ mard sur le marché, sinon peu. On nous a dit ça du côté des industriel­s aussi que le marché était complèteme­nt libre, alors le jeu de l'offre et de la demande devrait s'im‐ poser.

O'Neil Cloutier, pêcheur et directeur général, Regroupe‐ ment des pêcheurs profes‐ sionnels du sud de la Gaspé‐ sie

De 2009 à 2023, les quan‐ tités de homard débarqué au Québec ont explosé.

Ces années glorieuses du homard québécois s'ex‐ pliquent davantage par la hausse fulgurante des débar‐ quements que par l'augmen‐ tation des prix, selon la fiche technique sur le homard d’Amérique qui vient d’être publiée par l’IRÉC.

Des prix qui, à l’exception de certaines conjonctur­es particuliè­res comme durant la pandémie de COVID-19, sont demeurés stables, mais qui ont, du même coup, stag‐ né.

C'est vraiment la hausse des quantités débarquées qui est venu pallier des prix qui sont parfois un peu stag‐ nants. Cela dit, je ne suis pas prêt à dire qu'ils sont bas. Ils suffisent pleinement à assu‐ rer une rentabilit­é.

Gabriel Bourgault-Fau‐ cher, chercheur, Institut de recherche en économie contempora­ine

La hausse de l’offre de ho‐ mard, avec le succès de pêche des dernières années, pourrait expliquer, en partie, la stagnation des prix.

En 2007, on avait 7,80 $ la livre et on est toujours dans cet ordre-là actuelleme­nt, ex‐ plique le pêcheur O’Neil Cloutier.

Mais ces prix demeurent satisfaisa­nts aux yeux du Rassemblem­ent des pê‐ cheurs profession­nels du sud de la Gaspésie, puisqu’ils per‐ mettent d’atteindre la renta‐ bilité avec des captures éle‐ vées. Les pêcheurs gaspé‐ siens sont passés de 10 000 livres à 65 000 livres de cap‐ tures moyennes annuelles en 15 ans.

On pense qu'on ne peut plus pêcher en bas de 6 $ la livre actuelleme­nt, en raison du raffermiss­ement des sa‐ laires depuis 2020. On sait qu'on a une crise de l'emploi au Québec aussi. À cause aussi des intrants qui sont très très chers, comme les appâts, le carburant, la pres‐ sion est forte, reconnaît par ailleurs O’Neil Cloutier.

Autre constat de l'IRÉC : malgré une baisse des cap‐ tures dans le Maine, en rai‐ son de la migration du ho‐ mard vers des régions comme la Gaspésie et les Îles à la recherche d’eau un peu plus froide, les pêcheurs ne doivent pas s'attendre à un meilleur prix moyen que l'an dernier, qui était de 7,65 $ la livre.

Même si les exportatio­ns ont légèrement augmenté ces dernières années aux États-Unis, la ressource a été tellement abondante au Qué‐ bec et les débarqueme­nts ont été tellement abondants, qu’on en commercial­ise aussi, en même temps, de plus en plus au Québec, ex‐ plique le chercheur Gabriel Bourgault-Faucher.

Par contre, cette forte de‐ mande des États-Unis pour le homard canadien assure une plus grande stabilité à moyen terme sur les prix payés au débarqueme­nt, ajoute t-il.

Même si, en poissonner­ie, le homard gaspésien se vend entre 8,50 $ et 11 $ la livre, soit deux fois moins cher que des poissons comme le sau‐ mon d’élevage, le danger de‐ meure une réaction vive des consommate­urs si les prix augmentent de façon trop importante pour le roi des crustacés.

Il y a à peine deux se‐ maines, le homard était très

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