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Le Franco-Manitobain Alexis Auréoline participe à une exposition à New York

- Véronique Morin

Alexis Lagimodièr­e-Grisé, de son nom d’artiste Alexis Auréoline, participe, à par‐ tir de jeudi, à une foire d’art visuel à New York. L'artiste qui est originaire de Lorette au Manitoba présentera des oeuvres à la frontière entre la peinture et la photograph­ie.

Ce sera un retour dans la Grosse Pomme pour l'artiste qui a vécu à cet endroit avant la pandémie de COVID-19.

J'ai étudié quelque temps à New York. [...] Et puis j’[y] ai travaillé très longtemps comme technicien d'art et puis dans le transport d'art, alors j'ai fait plein de liens dans ce domaine-là, ex‐ plique-t-il.

Alexis Auréoline participe à la dixième édition de la foire de la New Art Dealers Alliance (NADA), sous la ban‐ nière de la galerie d'art Eli Kerr qui le représente à Mon‐ tréal.

L'événement se déroule du 2 au 5 mai et réunit 92 ga‐ leries d’art et organismes culturels provenant de 15 pays dont l’Argentine, la Grèce et la Corée du Sud.

Rencontré dans son stu‐ dio de Winnipeg à quelques jours de son départ vers les États-Unis, Alexis Auréoline se dit heureux de retrouver cette ville qu’il a bien connue.

J'ai toujours des amis très chers qui sont francophon­es et puis qui vont venir visiter la présentati­on alors je suis très excité, dit-il.

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La force d’être franco‐ phone

Avec du recul, l’artiste constate que le fait d’être Franco-Manitobain l’a aidé à percer lorsqu’il était à New York. Selon lui, parler la langue de Molière est une aptitude en demande dans cette ville américaine.

Une fois qu’une galerie comprenait [...] que je pou‐ vais parler en français, j'étais [appelé à faire] différente­s tâches pour communique­r avec des artistes français, des technicien­s d'art français ou des collection­neurs fran‐ çais, explique Alexis Auréo‐ line. C'est comme ça que j'ai pu survivre à New York.

C’est également dans cette ville qu’il a développé la pratique artistique qu’il pour‐ suit aujourd’hui.

Éloge de la lenteur

Alexis Auréoline décrit son travail d'artiste comme étant très calme.

C'est pas bruyant puis ça prend beaucoup de temps, raconte le Franco-Manito‐ bain. J'ai une relation avec les matériaux qui est un peu plus lente, alors j'aime beau‐ coup toucher le canevas, puis travailler avec le papier.

Sur ses toiles, il applique notamment une formule chi‐ mique liquide qui, une fois exposée à la lumière, prend une teinte bleue. Il s’agit du cyanotype, un procédé pho‐ tographiqu­e avec lequel l'ar‐ tiste expériment­e depuis près de dix ans.

C'est un mode de photo assez ancien avec un liquide que je peux mettre sur le ca‐ nevas. Ça prend un peu de temps pour sécher et puis je l’apporte dehors [pour l’expo‐ ser au] soleil, explique-t-il.

Le résultat : une impres‐ sion indigo composée de mo‐ tifs choisis par l'artiste.

Je suis très attiré par cette couleur-là, confie Alexis Au‐ réoline. C'est une couleur très émotive et puis très pro‐ fonde.

Ce travail avec le cyano‐ type rejoint la fascinatio­n d'Alexis Auréoline pour la photograph­ie. Il souhaite d'ailleurs inviter le public à réfléchir à c'est quoi une peinture et c'est quoi une photo. Il estime que son tra‐ vail se situe à la limite de ces deux pratiques.

La photograph­ie a tou‐ jours eu une grande place dans la vie de l'artiste.

J'ai grandi dans les livres, des livres de photograph­ie, des livres d'art. Et puis [...] j'étais toujours avec une ca‐ méra.

Alexis Auréoline

Il continue cette pratique aujourd’hui et développe ses clichés dans une chambre noire, autre marque de la lenteur qu’il souhaite inclure dans son travail.

Transférer le bois sur la

toile

Le kiosque de la galerie d’art Eli Kerr à la foire NADA permettra également à Alexis Auréoline d'exposer des ta‐ bleaux qu’il crée avec du charbon.

Pour ces toiles, il utilise le bois d’érable du Manitoba. Les morceaux sont ensuite cuits dans une ferme près de Winnipeg. La températur­e choisie pour la cuisson af‐ fecte la couleur du charbon une fois appliquée sur la toile. L'artiste marie diffé‐ rentes couleurs de charbon dans ses toiles.

Pour dessiner sur le cane‐ vas, Alexis Auréoline passe les morceaux de charbon sur une toile déposée sur une table en bois, ce qui révèle la texture de sa surface.

C’est un peu comme une imprimante, mais moi je de‐ viens l'imprimante, dit-il.

En plus de sa participat­ion à la foire NADA, une exposi‐ tion des oeuvres de l’artiste

Alexis Auréoline est prévue à la galerie d’art Eli Kerr de Montréal l’automne prochain. Il s’implique également au Platform Centre for Photo‐ graphic & Digital Arts à Win‐ nipeg.

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