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La violence dans les écoles « s’est propagée », s’inquiète un syndicat

- Colin Côté-Paulette

« J’ai des gens qui ont peur de rentrer parce que la journée d’avant, ils ont re‐ çu une chaise », rapporte le président de la FPPS-CSQ, Éric Pronovost. Le syndicat qui représente du person‐ nel de soutien dans des écoles s'inquiète de la vio‐ lence qui « se propage » et affirme ne pas sentir avoir l’écoute du gouverneme­nt dans le dossier.

Deux employés de sou‐ tien sur cinq disent avoir subi de la violence dans le cadre de leur travail, selon un son‐ dage Ad hoc réalisé auprès de plus de 5000 d’entre eux qui oeuvrent dans le réseau scolaire québécois. La vio‐ lence physique provient ma‐ joritairem­ent des élèves et de plus en plus d’employés ad‐ ministrati­fs la subissent.

Pas moins du tiers des ré‐ pondants de ce troisième sondage sur la violence com‐ mandé par la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS) disent avoir subi de la violence physique au travail.

La violence, elle, provien‐ drait principale­ment des élèves eux-mêmes. Neuf ré‐ pondants sur dix affirment que l'élève est l’instigateu­r de la violence, autant physique que psychologi­que.

Statistiqu­ement, ce sont les coups et les bousculade­s qui sont proéminent­s. Les technicien­s en éducation spécialisé­e, les préposés aux élèves handicapés ainsi que les éducateurs en services de garde sont les plus visés par ce type de violence.

Pour le syndicat, le son‐ dage représente l’ampleur de la problémati­que dans les écoles québécoise­s.

C’est très préoccupan­t, une école c’est supposé être un milieu sain et sécuritair­e pour les élèves, mais aussi pour les intervenan­ts, estime M. Pronovost.

Nous on doit tracer un portrait pour voir si ça s’amé‐ liore et nous ce qu’on entend du terrain, c’est que ça ne s’améliore pas.

Éric Pronovost, président, FPSS-CSQ

Employés administra­tifs aussi visés

La violence n’a pas dimi‐ nué, elle s’est propagée avec différents corps d’emploi et c’est très préoccupan­t, lance M. Pronovost.

On parle ici de secrétaire­s, d’ouvriers ou encore de concierges. Ces catégories d’emplois étaient moins vi‐ sées dans les précédents sondages de la FPSS, bien que le syndicat précise que la méthodolog­ie était différente dans les autres exercices du genre.

D’ailleurs, les parents d’élèves et les collègues de travail sont les deux autres principale­s sources de vio‐ lence après les élèves. La vio‐ lence vient toutefois très peu des employés des directions d’école.

À propos des parents vio‐ lents, quand il arrive une si‐ tuation qui déborde avec leur enfant, l’émotivité entre et on subit cette violence-là, ré‐ sume M. Pronovost.

Peu de signalemen­ts

Les données démontrent également que peu d’em‐ ployés signalent les incidents. Seulement 10 % d’entre eux remplissen­t systématiq­ue‐ ment un rapport d’incidentac­cident. À l’inverse, près de la moitié (46 %) des répon‐ dants n’en remplissen­t ja‐ mais.

Trop souvent, il y a une banalisati­on. On se dit "à quoi ça sert de remplir un rapport", analyse M. Prono‐ vost.

Des chiffres préoccu‐ pants pour le ministère de l’Éducation

Au cabinet de Bernard

Drainville, on se dit préoccu‐ pés.

Les cas de violence et d’in‐ timidation dans nos écoles, que ce soit entre élèves ou envers les membres du per‐ sonnel, préoccupe [le mi‐ nistre] et sont inacceptab­les, indique le cabinet du mi‐ nistre de l'Éducation par écrit.

Un plan d’action contre la violence et l’intimidati­on a d’ailleurs été mis sur pied par le ministre de l’Éducation en octobre dernier. Une grande rencontre entre les acteurs du réseau scolaire aura lieu le 24 mai afin d’aborder no‐ tamment cet enjeu.

La mesure est jugée insuf‐ fisante pour le syndicat qui représente les employés de soutien.

Il va falloir absolument que ce ministre-là, avec ses sous-ministres, les gens et nos employeurs, vienne sur le terrain, croit M. Pronovost, qui affirme ne pas sentir avoir l’écoute du gouverne‐ ment dans le dossier.

Méthodolog­ie

Le sondage a été effectué par la firme Ad hoc sous la forme d’un questionna­ire web rempli par 5 127 membres de la FPSS-CSQ, du 6 février au 22 mars 2024. La marge d’erreur maximale as‐ sociée au sondage est de 1,3 %. Deux autres sondages sur le même sujet ont été effec‐ tués en 2018 et 2022 par le syndicat, mais avec une mé‐ thodologie différente.

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