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Trouver de l’aide quand on est immobilisé temporaire­ment, un parcours du combattant

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En moins de huit mois, la vie de Valerie King a bas‐ culé. À cause d’une bles‐ sure au genou avec compli‐ cation qui a nécessité une interventi­on chirurgica­le, cette femme active se re‐ trouve immobilisé­e, sans possibilit­é de travailler, et aux prises avec des défis fi‐ nanciers qu’elle ne croyait jamais vivre. Son constat : en Colombie-Britanniqu­e, la recherche d’aide finan‐ cière et de soutien à la mai‐ son devient rapidement un parcours du combattant.

Valerie King, une mère de famille de Vancouver qui s’oc‐ cupe seule de ses deux ado‐ lescents, est une femme de 57 ans beaucoup plus en forme que la moyenne. À preuve, celle qui est agente de bord depuis 30 ans et pro‐ fesseure de yoga a participé au défi Multi-Grouse Grind en juin dernier et a réussi à faire l’ascension du mythique sentier 10 fois en une jour‐ née.

C’est justement dans le sentier juste à côté, le BCMC, que sa blessure est survenue pendant qu’elle redescenda­it à la course et qu’elle a fait un saut. J’ai entendu un grand crac et ç’a été le début de mon aventure, se remémoret-elle. C’est une aventure dont elle aurait bien aimé se passer. Elle a eu le plateau ti‐ bial fracturé, le ligament inté‐ rieur sectionné et le mé‐ nisque du genou déplacé.

Il a fallu attendre sept mois avant l’opération, en avril, une opération qui lui a causé beaucoup de douleurs et lui pose de gros défis dans l'accompliss­ement de ses tâches quotidienn­es. Elle a développé différente­s straté‐ gies pour s’assurer d’avoir tout sous la main : de l’eau, des collations, son télé‐ phone. Je suis vraiment em‐ prisonnée, mais au moins maintenant, j'arrive un peu à me débrouille­r, se réjouitell­e.

La première semaine, j'étais extrêmemen­t dépri‐ mée parce que je pensais que la douleur ne partirait pas.

Valérie King, résidente de Vancouver

Si elle commence à re‐ monter la pente, Valérie reste extrêmemen­t étonnée du peu d’aide qu’elle a reçue après l’interventi­on chirurgi‐ cale. Sans l’assistance de son compagnon, ses enfants et quelques amis, elle aurait été vraiment dépourvue. Seule une aide pour changer son pansement a été offerte, mais elle n'en avait pas be‐ soin.

Je trouve qu'on est trop li‐ vrés à nous-mêmes.

Valérie King, résidente de

Vancouver

Trois semaines après l'opération, et pour ce repor‐ tage, Valérie a relancé une série d'appels et a finalement pu parler à quelqu'un de la régie de la santé Vancouver Coastal. « J’ai eu des excuses pour le fait que je n’ai eu au‐ cun support jusqu’à mainte‐ nant », écrit-elle par texto.

On l'a informée qu'une in‐ firmière l'appellerai­t pour passer chez elle pour voir ce qui peut être fait. « Elle m’a quand même prévenue que les listes d’attentes étaient longues. Donc, je ne retiens pas trop mon souffle », ajoute-t-elle.

Où trouver de l’aide? Home community care

: liste provincial­e des services de santé offerts à domicile 211 British Colombia : Ligne téléphoniq­ue de demande d’aide, gérée par United Way (Centraide) Care BC : pro‐ gramme de popote volante Meals on Wheels CroixRouge : Prêt d’équipement sanitaire HandyDART : trans‐ port médical (TransLink, BC Transit) : prêt

BC Rent Bank Disability Alliance BC Advo‐ cacy Access Program Pres‐ tations de maladie de l’as‐ surance-emploi Justice Ac‐ cess Centres Credit Counsellin­g Society

: aide juridique

: consolidat­ion de la dette et littératie financière Mission

Ceridian : aide financière ponctuelle

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Un gouffre financier

Toute cette situation lui procure un stress financier insoutenab­le. Elle qui croyait pouvoir reprendre le travail dans quelques mois a appris qu’elle devra attendre jusqu'à 12 mois. Le problème est que son salaire de base, quand elle travaille, est trop élevé pour qu’elle soit admissible à de l’aide.

Elle ne reçoit pourtant que 50 % de son salaire, versé par l'assureur de son employeur. Elle a dû ellemême se procurer entre autres un long fauteuil spé‐ cialisé, une table à roulettes et un banc pour la douche. Ces achats représente­nt au‐ tant de dettes qui s’accu‐ mulent.

Une fois son loyer payé, il ne lui reste que quelques centaines de dollars pour payer l’électricit­é, l’Internet, la nourriture et le reste. Chaque fois que j'essaie de regarder pour des aides fi‐ nancières [...] je frappe tou‐ jours un mur, parce que nor‐ malement j'ai un salaire dé‐ cent, se désole-t-elle.

Toutes les portes aux‐ quelles j’ai cogné étaient fer‐ mées.

Valérie King, résidente de Vancouver

Par courriel, le ministère de la Santé de la ColombieBr­itannique a indiqué que les services à domicile sont gra‐ tuits pendant les deux se‐ maines suivant la sortie de l'hôpital et qu'il n'y a pas de seuil de salaires établi pour recevoir des services à la maison.

Ensuite, le montant du paiement est « soumis à un test de revenu et si un taux évalué pour le client entraîne des difficulté­s financière­s, le client peut demander une ré‐ duction temporaire du taux par l'intermédia­ire de son gestionnai­re de soins », pré‐ cise le ministère.

Le service BC211, géré par le groupe United Way en Co‐ lombie-Britanniqu­e, dirige les personnes qui appellent vers des organismes ou des socié‐ tés susceptibl­es de les aider. « Lorsque nous aidons un ap‐ pelant, nous examinons les ressources susceptibl­es d'ai‐ der une personne dans cette situation, en fonction de sa situation particuliè­re et des mesures qu'elle a déjà prises », explique United Way BC par courriel.

Il a été impossible de connaître quel est le seuil de salaire pour être admissible à de l’aide. Chaque organisme a son barème. Pour l’aide au loyer, par exemple, Valérie n'y aurait droit que si elle était sur le point d'être expul‐ sée.

Pour ce reportage, elle a rappelé au 211 pour deman‐ der de l’aide et on lui a parlé d’autres possibilit­és, comme des prestation­s de maladie de l’assurance-emploi ou une subvention ponctuelle de BC Hydro, par exemple. Elle garde espoir de trouver une aide et tente de recevoir une subvention ponctuelle de BC Hydro ou un prêt sans intérêt de la BC Rent Bank.

Prise de conscience

Toute cette aventure agit comme un réveil pour Valé‐ rie. Elle dit mieux com‐ prendre les défis quotidiens auxquels font face les per‐ sonnes dont la mobilité est réduite en raison d'un handi‐ cap ou d'une maladie. Je me sens impuissant­e, fâchée. Elle lance un cri du coeur et demande aux gens de ne pas utiliser les toilettes réservées aux personnes ayant un han‐ dicap.

La situation finit par peser lourd sur son moral. « C'est terrible. Des fois j'ai peur que je ne sois pas capable de re‐ trouver la même santé phy‐ sique que j'avais. »

Par rapport aux soucis fi‐ nanciers, elle a peur. Des fois je suis vraiment déprimée, puis des fois je me dis c'est juste de l'argent, à un mo‐ ment donné ça va revenir. Elle aimerait bien avoir accès à une aide financière ponc‐ tuelle, comme celle qui a été offerte par le gouverneme­nt fédéral au plus fort de la pan‐ démie de COVID-19, par exemple, pour laquelle le cal‐ cul s'appuierait sur sa situa‐ tion actuelle, plutôt que celle d’avant l’accident.

Pour Valérie, le sport et le plein air est sa façon de gar‐ der une bonne santé men‐ tale. Normalemen­t, c'est en allant courir, en allant grim‐ per à la montagne ou en fai‐ sant un truc vigoureux de yoga que j'essaie de me sortir puis de rester positive, ex‐ plique-t-elle.

Mais là, des fois, j'ai comme un petit peu peur de m'enfoncer. Ouais, j'ai peur.

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