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Faire découvrir l’écriture et le jeu aux jeunes d’Ivujivik, au Nunavik

- Félix Lebel

Les élèves de l’école Nu‐ vitti, à Ivujivik, se sont lancé le défi de créer un livre jeunesse à partir d’élé‐ ments de la tradition orale des aînés du village, qu’ils ont adaptés au théâtre et ayant pour titre « The », ou « L'oeuf de

earth egg la terre », en français.

Cinq classes, de la troi‐ sième année du primaire à la première du secondaire, ont été impliquées dans ce projet de création.

L’album jeunesse tourne autour du concept des grands oeufs mystérieux, au coeur d’un récit traditionn­el qui leur a été transmis par un aîné du village.

Ça fait longtemps qu’on dit qu’on a besoin de maté‐ riel culturel pour nos jeunes étudiants, auquel ils s’identi‐ fient. C’est quelque chose dont ils seront fiers et vou‐ dront partager, explique le directeur de l’école Nuvitti, Thomassie Mangiok.

Ça va aussi augmenter leur intérêt dans la littératur­e et j’en suis bien heureux, ajoute-t-il.

C’est la deuxième année de suite que le projet va de l’avant, grâce à la collabora‐ tion du départemen­t d’études littéraire­s de l’Uni‐ versité du Québec à Mon‐ tréal (UQAM).

L’enseignant­e de littéra‐ ture Geneviève Lafrance et l’étudiante Azucena PellandOrt­iz se sont rendues au vil‐ lage pour participer aux ate‐ liers.

Tous les jeunes étaient impliqués dans le processus de création, en proposant des idées de péripéties.

Les élèves émettent orale‐ ment leurs idées, ce qui les aide à libérer leur imaginaire. Notre étudiante allait ensuite mettre en texte l’histoire. Il y a eu différente­s versions suc‐ cessives, qu’on validait au‐ près d’eux au fur et à me‐ sure, explique Geneviève La‐ france.

Les élèves étaient aussi au coeur de l’illustrati­on du livre, en collaborat­ion avec l’étu‐ diante Charlotte Roussel, aussi de l’UQAM. Ils ont uti‐ lisé cette année des tech‐ niques de collage, qui per‐ mettent une grande liberté dans le choix des textures et des images.

Chacun pouvait travailler sur une page, ce qui est à leur portée, de manière à ce que tout le monde puisse être fier. C’est un des aspects les plus réussis cette année grâce à la technique de col‐ lage, ajoute l’enseignant­e Ge‐ neviève Lafrance.

Initiation au théâtre

Pour ouvrir davantage l'horizon artistique de ces étudiants, l'oeuvre a aussi été adaptée en pièce de théâtre. La compagnie de théâtre du Nunavik, Aaqsiiq, a été impli‐ quée dans la mise en scène du texte, qui a été présentée le 25 avril dernier.

La salle était pleine, toute la communauté est venue voir la pièce, se réjouit le di‐ recteur de l’école Nuvitti, Thomassie Mangiok.

Plusieurs membres de la communauté ont participé d’une manière ou d’une autre à la création de la pièce de théâtre.

Des couturière­s du village ont conçu les costumes né‐ cessaires, alors que d'autres personnes ont aidé les jeunes acteurs à maîtriser leur texte en inuktitut.

On a un besoin de revitali‐ ser notre culture et la com‐ préhension de notre langue. Le théâtre c’est une magni‐ fique façon de le faire, ajoute Thomassie Mangiok.

En plus de renforcer les liens entre les jeunes et leur culture, l’exercice les a aussi aidés à se dépasser person‐ nellement.

Plusieurs étaient au dé‐ part gênés à l’idée de monter sur scène, mais ils ont été en mesure de surmonter ce défi.

C’est ça le plus grand sen‐ timent d’accompliss­ement pour les élèves, c’est d’avoir persévéré et puis d’arriver à ce résultat de manière collec‐ tive, explique le coordinate­ur général d’Aaqsiiq, Gabriel Lé‐ ger-Savard.

Un grand travail de créa‐ tion sonore a aussi été réa‐ lisé dans le cadre de cette pièce avec l’aide de la compa‐ gnie de théâtre.

Dans un petit studio mo‐ bile, les jeunes ont enregistré des narrations et de l’ha‐ billage sonore. Il est donc possible d’entendre une ver‐ sion audio du livre, traduite en français et en inuktitut.

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