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Aller à la rencontre de l’autre à Memramcook par l’entremise de l'appareil photo

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Le photograph­e acadien Maurice Henri travaille sur un nouveau projet de pho‐ tographie Caméras pour guérir avec une dizaine de retraités à Memramcook, au Nouveau-Brunswick. L’objectif : bâtir un réseau et aller à la rencontre par l'entremise de l'appareil photo.

Le projet est issu d’un par‐ tenariat avec la Société cultu‐ relle de Memramcook. On a commencé à travailler avec les aînés. C’est un projet très spécial et différent de ce que je suis habitué à faire, ex‐ plique Maurice Henri.

Pendant sa carrière, Mau‐ rice Henri s’est rendu dans plusieurs régions du monde frappées par la guerre ou des catastroph­es naturelles, comme en Sierra Leone ou en Haïti. Ainsi, dit-il, il tra‐ vaille normalemen­t avec des gens qui ont des difficulté­s émotionnel­les ou mentales.

Mais, à Memramcook, la donne est différente. C’est des gens qui ont vécu leur carrière, élevé leur famille, qui ont tout fait cela et, main‐ tenant, ils sont à la retraite, dit Maurice Henri.

Les participan­ts explorent maintenant, à travers l’image : comment peuvent-ils conti‐ nuer à s’exprimer? L’idée c’était d’être capable de sortir ensemble, d’être capable de bâtir un petit réseau, ex‐ plique Maurice Henri.

Les photograph­es ama‐ teurs se sont ainsi rendus au centre d’Eco Vision Memram‐ cook, afin de prendre en photo les jeunes adultes avec un handicap intellectu­el qui y travaille.

Au début, il n’y avait pas nécessaire­ment une peur, mais peut être une crainte de comment je vais connecter avec quelqu’un qui, premiè‐ rement, n’est pas capable de vocaliser, deuxièmeme­nt, s’exprimer et aussi a une cer‐ taine déficience mentale, mais la connexion était ins‐ tantanée, relate Maurice Henri.

La présidente du Club photo de la Société culturelle de Memramcook, Claudine Bourque, confirme ses dires. Les participan­ts sont telle‐ ment gentils. Ils rient tou‐ jours, sourient toujours. On n’a eu aucun problème à leur parler, ça fait vraiment chaud au coeur, affirme-t-elle.

Créer des liens dans la communauté

Selon la responsabl­e des communicat­ions à la Société culturelle de Memramcook, Marie Bordet, le groupe a créé des liens solides par l'entremise des séances de photograph­ie.

[On a aimé] que les aînés puissent avoir des contacts avec différente­s génération­s et groupes sociaux dans la communauté de Memram‐ cook, dit-elle.

Une membre du groupe, Martine Dupuis, se réjouit des bienfaits de cette expé‐ rience. J'aime de prendre des photos, partage-t-elle. On est devenu une famille, on s’est fait de nouveaux amis.

Même son de cloche pour Gilles Bourgeois. Asteur, on se connaît toute. Là, quand on se voit, on se dit : "Allô, comment ça va?" Avant cela, on savait que ça venait du coin, mais là, ça nous donne une connaissan­ce aussi des gens, on se rapproche, af‐ firme-t-il.

Le projet a aussi permis aux participan­ts de dévelop‐ per leur rapport avec la pho‐ tographie.

Ils ont pu comprendre la photo, remettre en question la pratique, relate Marie Bor‐ det.

Au lieu de toujours penser à comment créer une photo au niveau technique, c’était le fun de penser qu’on allait faire des photos basées sur nos sentiments et qu’est-ce que notre coeur disait, dit la présidente du club Claudine Bourque. C’était vraiment merveilleu­x de participer dans le cours de Caméra pour guérir. Ça m’a apporté un certain calme.

D'être capable de tra‐ vailler ensemble du point de vue d’apprécier certaines choses, c’est aussi simple que d’une photo d’une autre per‐ sonne. Ça ouvre les yeux, ça ouvre le coeur de vouloir non seulement aider, mais accep‐ ter, conclut Maurice Henri.

D’après le reportage de Kristina Cormier

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