Guyane : l’ONU demande à la France de respecter les droits des Autochtones
Un comité des Nations unies a envoyé une lettre aux représentants de la France à l’ONU pour leur rappeler que leur gouver‐ nement doit consulter et respecter le consentement libre et éclairé du peuple Kali’na, des Autochtones en Guyane française qui s’op‐ posent vivement à la construction d'une cen‐ trale électrique.
Cela fait des mois que les Kali’na du village de Prospé‐ rité se battent pour exprimer leur opposition au projet de Centrale électrique de l’Ouest guyanais (CEOG) dont la construction a débuté en 2019 dans ce département français d'Amérique du Sud.
Dans une lettre de trois pages qui détaille le projet, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies se dit préoc‐ cupé par […] le fait qu’il n’y aurait pas eu de consultation ni de consentement libre, préalable et éclairé du peuple kali’na avant l’appro‐ bation du projet.
Il ajoute s’inquiéter aussi des allégations de recours excessif à la force par les forces de l’ordre, de déten‐ tion, de poursuites judiciaires et de condamnations pénales à l’encontre de dirigeants et de membres du peuple kali’na.
Le yopoto (chef coutu‐ mier) Roland Sjabere a luimême été placé en détention provisoire et les manifesta‐ tions virent parfois à de vio‐ lents affrontements avec la police, comme l’ont montré plusieurs vidéos tournées sur les lieux.
Le chantier nécessite le déboisement de 78 hectares de forêts qui ont une impor‐ tance culturelle pour les Ka‐ li'na.
Par ailleurs, les terres concédées pour ce projet se situent dans des zones sur lesquelles ils disposent d’un droit d’usage collectif depuis 2020.
Malgré un accord signé entre les deux parties en juillet 2021, qui obligeait les responsables du projet CEOG à reconnaître et honorer les droits, les coutumes et la culture des habitants de Prospérité, l’ONU estime que l’entreprise ne l’a pas res‐ pecté. Roland Sjabere s’est même déjà rendu à Paris pour rencontrer des repré‐ sentants du gouvernement français afin d’exposer ses points.
La communauté n’est pas opposée au projet lui-même, mais au choix de son empla‐ cement.
Le comité souhaite rece‐ voir des informations sur les mesures prises pour proté‐ ger les droits du peuple Ka‐ li'na […], ainsi que sur les me‐ sures adoptées ou envisa‐ gées pour modifier l'empla‐ cement ou suspendre le pro‐ jet CEOG jusqu'à ce que le consentement libre, préa‐ lable et éclairé soit obtenu des peuples autochtones af‐ fectés par ce projet, peut-on encore lire.
Cette lettre est envoyée un peu plus d’un mois après la saisie du comité par les ha‐ bitants de Prospérité.