Radio-Canada Info

Grizzly Fuzz : le « chaînon manquant » des salles de spectacles à Québec

- Kathleen Lavoie

Avec l’ouverture du Grizzly Fuzz, une salle de spec‐ tacles dédiée à la relève musicale, BleuFeu espère combler un trou dans l’offre scénique de la ville de Québec. C’est en tout cas l’intention exprimée par le vice-président contenu et direction artis‐ tique de BleuFeu, Louise Bellavance, au moment de dévoiler le nouveau décor du 228, Saint-Joseph, jeudi.

L’âme du lieu, qui a déjà hébergé la Galerie Rouje, Le Cercle et Le D’Auteuil, est ce qui a d’abord intéressé Bleu‐ Feu dans le bâtiment long‐ temps fréquenté par les amateurs de découverte­s musicales. L’organisati­on possède également le deuxième voisin, l’Impérial Bell.

On est très attachés aux lieux qui ont une histoire. On est sensibles à des endroits à l’extérieur, à l’intérieur, où on a l’impression que les gens ont envie de se retrouver. On pense que ces murs-là ont déjà cette portée-là, a fait sa‐ voir Louis Bellavance, lors d’une visite guidée à l’inten‐ tion des médias.

Une rénovation de fond en comble de l’édifice a per‐ mis de préserver son cachet, mais aussi de moderniser ses installati­ons, qui en avaient bien besoin.

On a conservé tant qu'on a pu les morceaux de l’archi‐ tecture d'origine et on l’a re‐ mis aux normes, remis au goût du jour, climatisée. Donc on est quand même dans une salle maintenant qui est à la fine pointe en termes d’infrastruc­ture, au niveau sonore, etc. C’est une salle qui a été refaite de A à Z, même si à l'oeil, ça garde tout le côté rugueux qu’on apprécie de ce lieu-là, a pour‐ suivi celui qui porte égale‐ ment le chapeau de directeur de la programmat­ion du Fes‐ tival d’été de Québec.

En termes de capacité, le Grizzly Fuzz - nom faisant ré‐ férence à une célèbre marque de pédale d’effet pour guitare électrique - ré‐ pond à un besoin criant des programmat­eurs de spec‐ tacles.

C’est peut-être un chaînon manquant entre un Pantoum et un Impérial Bell, d’une ca‐ pacité de 400. C’est quelque chose qui manque, en ce mo‐ ment, en format debout, comme ça, en format plus rock ou urbain ou festif, ou peu importe les types de contenu qui vont être là.

Louis Bellavance, vice-pré‐ sident contenu et direction artistique de BleuFeu

Depuis la fermeture du D’Auteuil, aucune autre salle de cette taille, idéale pour y découvrir des pépites, n’était venue la remplacer dans le marché de Québec.

On tombait dans un trou un peu. Il y a peut-être des artistes qui ont joué dans trop petit ou trop grand dans les dernières années. Depuis le départ de cette salle-là, ça n’a pas vraiment été comblé. Et puis, on est contents de le ramener. On l’aurait fait il y a quelques années si on avait pu, mais ç’a pris les délais qu'on connaît.

Pouvant accueillir quelques centaines de per‐ sonnes tout au plus, le Grizzly Fuzz se consacrera es‐ sentiellem­ent à l’émergence.

Mais une émergence as‐ sumée, nuance Louis Bella‐ vance. Je ne pense pas qu’on est dans l’artiste inconnu, mais dans l’artiste qui com‐ mence et qui est capable par exemple de se faufiler dans l’affiche du Festival d’été de Québec, qui a déjà fait des plus petites salles, qui a un album, qui est sérieux, qui est représenté par une agence, une maison de disques. Mais qui est inca‐ pable évidemment de rem‐ plir l’Impérial Bell ou même de le faire à la moitié.

Risque calculé

Pour BleuFeu, la rentabi‐ lité du lieu ne se calculera pas seulement qu’en argent.

On est ici pour prendre des risques, on est pour faire de la découverte. On n’est pas ici pour faire des sous di‐ rectement, mais indirecte‐ ment oui, dans le sens où les artistes qu’on va développer ici, on ne pouvait pas les dé‐ velopper en ce moment. Et si on ne les développe pas ces artistes-là, ils ne deviennent pas des artistes capables de jouer à l’Impérial Bell, de jouer sur un plus gros pla‐ teau dans un festival, conclut le directeur de la program‐ mation du FEQ, qui juge que c’est dans le mandat de l’or‐ ganisation d’être une pépi‐ nière de talent.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada