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13 % des élus municipaux de Chaudière-Appalaches sont partis depuis les élections

- Félix Morrissett­e-Beaulieu

126 postes d'élus munici‐ paux étaient vacants en Chaudière-Appalaches au début du mois d'avril, soit 13 % des postes existants. Cette région se trouve au deuxième rang du plus grand nombre de départs d'élus municipaux depuis les élections de 2021, selon les plus récentes données d'Élections Québec.

Pour combler ces départs, 98 élections partielles ont dû être organisées entre no‐ vembre 2021 et avril 2024.

C'est 34 scrutins de plus que lors du dernier cycle électoral, soit 2017-2020, pendant lequel 86 élus avaient quitté le navire.

Nous n’avons pas la rai‐ son de la vacance du poste. Il peut s’agir [non seulement] d’une démission pour quitter la vie politique mais aussi d’une démission d’un conseiller qui veut présenter sa candidatur­e au poste de maire devenu vacant ou en‐ core d’un décès, par exemple, explique Gabriel Sauvé-Le‐ siège, porte-parole à Élec‐ tions Québec.

La région du Bas-SaintLaure­nt est celle qui a vu le plus grand nombre d'élus quitter leur poste, avec 141.

Petites communauté­s

Ces chiffres s'inscrivent dans une période de climat difficile où évoluent les élues municipale­s.

C'est d'ailleurs le sujet d'étude de la directrice du Groupe de recherche inter‐ disciplina­ire sur le dévelop‐ pement régional de l'Est-duQuébec (GRIDEQ), Nathalie Lewis, et de Yann Fournis, professeur de science poli‐ tique à l'UQAR.

13 %, c'est supérieur à la moyenne du Québec, constate M. Fournis. La ten‐ dance est plus accentuée dans les régions périphé‐ riques avec un nombre élevé de petites municipali­tés, se‐ lon lui. Chaudière-Appa‐ laches compte d'ailleurs 136 municipali­tés.

Ce sont des communau‐ tés qui sont marquées par une très forte proximité, donc ça peut jouer sur les rapports entre les gens [...]. Les élus municipaux ont un rôle qui est vraiment central, en commençant par les maires, ajoute Yann Fournis.

Les relations difficiles avec le conseil municipal et avec la communauté représente­nt un facteur important de désengagem­ent, selon lui.

Les réseaux sociaux ajoutent eux aussi une pres‐ sion supplément­aire. Les élus sont en permanence sous le regard des autres. L'intimidati­on fait partie des mauvais aspects [...], mais [il y a] aussi toutes les autres pressions, ajoute l'expert.

Accroître l'attractivi­té

Le rôle des élus s'est considérab­lement alourdi au cours des dernières années, selon la professeur­e Nathalie Lewis. Or, très peu d'études sur leur réalité ont été me‐ nées par les chercheurs. Il n'y a pas beaucoup d'études qui se sont intéressée­s réelle‐ ment à ce qui s'est passé au niveau municipal. Depuis les dernières années, on le voit, et on met l'accent sur le dé‐ part des élus.

Devant la lourdeur de la tâche, plusieurs élus sentent qu'ils ne répondent pas aux attentes de la population. Il y a ce poids-là qui pèse sur les élus locaux, ajoute Mme Le‐ wis.

Ces attentes-là ne peuvent pas toujours être comblées et ça crée de la frustratio­n.

Nathalie Lewis, directrice du Groupe de recherche in‐ terdiscipl­inaire sur le déve‐ loppement régional de l'Estdu-Québec (GRIDEQ)

L'enseignant­e propose d'augmenter les salaires et les ressources des élus, qui doivent souvent occuper un autre emploi, afin d'accroître l'attractivi­té de la fonction. Ils doivent travailler à temps plein dans un autre emploi à côté. Ça devient une surtâche qui est peu rémunérée mais qui a les mêmes obligation­s que dans les plus grandes villes, mais avec des équipes réduites.

Le fait que le palier muni‐ cipal permette d'influencer considérab­lement la vie des citoyens devrait continuer d'attirer des élus, selon elle. L'échelon local, c'est peutêtre l'échelon [où] on peut faire bouger les choses et faire des choses directemen­t pour notre communauté. [...] C'est stimulant, conclut-elle.

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