Nouveau test VPH : quoi faire après un résultat positif?
Avec la transition du test Pap au test VPH (virus du papillome humain) pour la prévention du cancer du col de l’utérus au Québec, une femme sur 10 pourrait recevoir un résultat positif lors de son prochain dépis‐ tage. Si elle constate qu’un résultat positif préoccupe souvent les patientes, la gynécologue Céline Bou‐ chard relativise les craintes associées à un tel résultat.
Déjà trois régions, dont Chaudière-Appalaches, ont fait la transition et proposent le test VPH pour le dépistage du cancer du col de l'utérus au Québec.
Avec cette nouvelle façon de faire, on teste d’abord la présence de différentes souches de virus du papil‐ lome humain (VPH), avant de rechercher la présence de cellules précancéreuses ou cancéreuses dans les échan‐ tillons positifs, lors d’une cy‐ tologie.
Le test Pap, lui, ne détecte pas la présence du virus, mais plutôt celles des cellules précancéreuses ou cancé‐ reuses. Ainsi, plusieurs femmes reçoivent un résultat positif au VPH, sans que la présence de cellules inquié‐ tantes ne soit observée.
Malgré cela, la docteure Céline Bouchard observe que l’annonce d’un résultat positif génère souvent de l'angoisse chez ses patientes.
Les femmes sont très très anxieuses, parce que c'est une ITS, une infection trans‐ mise sexuellement , constate la docteure. La question la plus fréquente est de qui j’ai attrapé ça? , fait-elle remar‐ quer.
Ne pas se blâmer après un résultat positif
Les infections par les dif‐ férents types de VPH sont les ITS les plus fréquentes. 75 % de la population canadienne sexuellement active et non vaccinée sera infectée par un VPH au moins une fois au cours de sa vie , peut-on lire sur le site Internet du minis‐ tère de la Santé et des Ser‐ vices sociaux.
80 % des gens ont été en contact avec ça dans leur vie sexuelle , explique Céline Bouchard. Or, 90 % vont s'éli‐ miner spontanément, ça va disparaître, et seulement 10 % vont avoir des lésions pré‐ cancéreuses poursuit-elle.
On a toutes été en contact avec ça, la majorité d’entre nous, et on ne le sait pas, on ne l’a pas su.
Dre Céline Bouchard, gy‐ nécologue à la Clinique de Recherche en Santé des Femmes
Les patientes positives n’ont donc pas de reproches à se faire, insiste la docteure Bouchard. C'est ça qu’on veut leur dire : elles n’ont pas à se blâmer, elles n’ont pas à jeter la pierre sur leur partenaire.
Surtout que le VPH ne fait pas partie des tests de dépis‐ tage des ITS généralement offerts en clinique de santé sexuelle.
Souvent, les gens nous disent "On a fait nos testsITS avant d'enlever nos préserva‐ tifs et c’était correct", mais ce test-là ne fait pas partie des tests de détection de routine desITS , souligne la gynéco‐ logue.
Elle explique que le VPH est plutôt détecté pour le risque de cancer, et non pour le danger lié à sa transmis‐ sion, comme c’est le cas pour d’autres ITS.
Le VPH au Québec et au Canada
Au Québec, les différents types de VPH causent près de 100 % des cancers du col de l’utérus et entre 60 et 90 % des autres cancers géni‐ taux (vagin, vulve, pénis et anus) Au Québec, les VPH causent 100 % des condy‐ lomes -verrues- et 85 % sont évitables par la vaccination En 2023, on estimait que 1 550 Canadiennes recevraient un diagnostic de cancer du col de l’utérus au cours de l’année et que 400 en mour‐ raient
Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et Société cana‐ dienne du cancer
Quelles étapes après un résultat positif?
Mais que se passe-t-il quand une femme reçoit un résultat positif au VPH? Cela dépend d’abord de la souche de VPH qu’elle a contractée.
Il y a d’abord le VPH 16 et le VPH 18, qui sont les deux types les plus oncogènes, les plus dangereux , explique Cé‐ line Bouchard. Le VPH 16 est d’ailleurs responsable de la majorité des cancers causés par les VPH, indique le minis‐ tère de la Santé sur son site Internet.
Après un résultat positif à l’une de ces deux souches, la patiente sera directement di‐ rigée pour passer une colpo‐ scopie. La cytologie va être faite, mais même si la cytolo‐ gie est normale, les gens vont aller en colposcopie im‐ médiatement avec ce résul‐ tat-là , explique Dre Bou‐ chard.
La colposcopie est un exa‐ men qui vise à détecter la présence d’anomalies ou de cancer sur le col de l’utérus ou dans le vagin, à l’aide de lentilles grossissantes et d’une lumière.
Une autre possibilité, c’est de recevoir un résultat positif à l’une des 12 autres souches de VPH testées. Dans ce cas, les techniciens de laboratoire feront une cytologie pour dé‐ tecter la présence de cellules anormales.
Si la cytologie est nor‐ male, on va vous référer à votre médecin de famille pour faire un autre test VPH dans 12 mois , explique la gy‐ nécologue.
Si la patiente a toujours un résultat positif au VPH après 24 mois, sans qu’une cytologie ait permis de détec‐ ter des cellules anormales, elle devra subir une colpo‐ scopie.
«90 % de ces gens-là vont l’éliminer » précise la méde‐ cin.
Le VPH : pas un virus à déclaration obligatoire
Après un test positif au VPH, certaines femmes ont affirmé s’être questionnées sur leurs responsabilités à l’égard de leurs partenaires sexuels. Or, le VPH n’est pas une maladie à déclaration obligatoire au Canada et au Québec.
Céline Bouchard explique que le port du préservatif par la suite fait diminuer de 70 % le risque de transmission du virus, mais précise qu’il peut aussi être transmis autre‐ ment que par la pénétration vaginale, notamment lors des préliminaires.
Elle ajoute aussi qu’il est très rare que les hommes soient testés pour la pré‐ sence du VPH, même s’ils sont aussi à risque d’en être porteurs.
Le rôle de la vaccination
D’après le ministère de la Santé, l’efficacité des vaccins contre le VPH pour prévenir les condylomes et les lésions précancéreuses associés aux souches incluses dans les vaccins est de plus de 95 % chez les femmes de 15 à 26 ans et d’environ 90 % chez celle de 24 à 45 ans, lors‐ qu’elles ont été vaccinées avant qu’on ait pu détecter le virus chez elles.
Au Québec, le programme de vaccination scolaire contre le VPH existe depuis l’automne 2008. Les femmes qui ont aujourd’hui 30 ans et moins ont donc majoritaire‐ ment été immunisées lors‐ qu’elles étaient encore à l’école. Les garçons ont com‐ mencé à être vaccinés dès 2016.
Les femmes plus âgées qui souhaitent être vaccinées peuvent demander à leur médecin de recevoir deux doses du vaccin Gardasil, précise Céline Bouchard.
On le conseille fortement à celles qui divorcent, changent de partenaires ou ont des partenaires mul‐ tiples, même tardivement, explique-t-elle.
Les plus jeunes déjà im‐ munisées pourraient aussi renforcer leur protection en demandant une dose du vac‐ cin Gardasil 9, la version mise à jour du vaccin, qui inclut 5 types de VPH de plus que celle disponible en 2008, ajoute la gynécologue. Celuici ne leur serait toutefois pas remboursé par la Régie de l’Assurance maladie, préciset-elle.