Une Journée de la robe rouge marquée par la guérison
En cette Journée nationale de sensibilisation aux femmes et aux filles au‐ tochtones disparues et as‐ sassinées, des familles et des survivants se sont ras‐ semblés à Calgary pour se soutenir et se remémorer celles qui ont disparu.
Aujourd'hui, nous ne mar‐ chons pas, nous ne défilons pas, nous ne nous rassem‐ blons pas pour demander justice. Aujourd'hui, il s'agit de guérir, dit Deborah Green, aussi connue comme Kakike manitohkan iskwew (Femme à l’esprit sacré en langue crie).
Ma propre soeur a été tuée par la police, poursuit l’organisatrice principale de l’événement. C'est pourquoi elle insiste sur le fait qu’il s'agit d’un moment pour que les familles qui souffrent des conséquences d’un système raciste puissent se réunir.
Elle ajoute que les alliés sont les bienvenus. Nous avons besoin d’une prise de conscience du public.
Nous sommes ici pour prier, chanter, danser et nous rappeler de bons sou‐ venirs de nos proches. Deborah Green
Devant la centaine de per‐ sonnes rassemblées au Champ de croix sur Memorial
Drive, elle a présenté les chanteuses, les danseuses de jingle et les percussionnistes qui ont ponctué les prières et les témoignages.
Parmi les chanteuses, son amie, l'autrice-compositriceinterprète Wendy Walker, était présente. Elle a partagé une de ses chansons, If I ne‐ ver come home (Si je ne re‐ viens pas à la maison, en français).
Elle raconte avoir com‐ posé cette chanson pour ses enfants. Je voulais qu’ils sachent que je reviendrai toujours à la maison, mais que si je ne revenais pas un jour, ce n'était pas par choix.
Si je ne reviens jamais à la maison, ma famille, je veux que vous sachiez que je me suis battue pour ma vie, pour rester en vie.
Traduction en français d'un extrait de la chanson If I never come home
Une chanson qui la rend émotive, alors qu’elle ex‐ prime un sentiment de peur que plusieurs femmes au‐ tochtones ressentent : celui de disparaître abruptement.
Six fois plus
Depuis le dépôt des 231 recommandations [qui ont découlé de l’Enquête natio‐ nale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA)], il y a peu d’actions de la part des différentes institutions, et on a vu les statistiques augmenter, selon Deborah Green.
Selon elle, il faut qu'un changement systémique soit opéré, et il faut agir contre les stéréotypes pour s’assu‐ rer que les femmes autoch‐ tones ne soient plus margi‐ nalisées.
Selon un rapport publié en 2023 par Statistique Ca‐ nada, le taux d’homicides commis contre des femmes des Premières Nations, mé‐ tisses et inuit était six fois plus élevé que celui enregis‐ tré chez les femmes non au‐ tochtones entre 2009 et 2021.
Et pour ces homicides, l'agence fédérale a aussi trouvé que la police était deux fois moins susceptible de porter ou de recomman‐ der une accusation de meurtre au premier degré lorsque la victime était au‐ tochtone que lorsqu’elle ne l’était pas.
Des commémorations ont eu lieu aux quatre coins de la province en l’honneur des femmes, filles et personnes bispirituelles disparues.
La Journée de la robe rouge se tient le 5 mai chaque année depuis 2010.
Avec des informations de Terri Trembath