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Le désastre se confirme sur le quai de Rivièreau-Renard

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Un mois après le début de la saison, le pire se réalise pour les pêcheurs de cre‐ vette du Québec. Seule‐ ment quatre pêcheurs qué‐ bécois sont en mer en rai‐ son de la crise qui frappe l’industrie.

Le bateau Pierre-Marc Du‐ fresne aurait dû être en mer depuis plusieurs semaines, mais il trône sur des blocs de bois à Rivière-au-Renard.

Le pêcheur a dû se rési‐ gner à mettre en vente son crevettier, construit en 2005, avec l’objectif de le léguer à ses deux fils.

Je suis sorti d’une prére‐ traite l’an passé pour donner un coup de main à mon gar‐ çon pour essayer de rentabi‐ liser le bateau avec la situa‐ tion qu’on vivait, raconte-t-il. Mon garçon qui drivait le ba‐ teau s’est trouvé une autre job. Il s’est écoeuré et c’est normal.

Pierre-Marc Dufresne n’est pas le seul. À Rivière-auRenard, qui compte la plu‐ part des 26 pêcheurs de cre‐ vette québécois, quatre cre‐ vettiers sont en vente et la majorité des bateaux ne sont pas à l’eau.

La mise à l’eau d’un ba‐ teau pour commencer à pê‐ cher, on parle d’une dépense d’environ 100 000 $, donc c’est facile [à comprendre] que quelqu’un qui a seule‐ ment 40 000 ou 50 000 livres de quota, même en ne comp‐ tant pas les dépenses d’opé‐ ration, n’ait même pas assez de revenus bruts pour justi‐ fier la mise à l’eau du bateau, explique le directeur de l'Of‐ fice des pêcheurs de cre‐ vette du Québec, Patrice Ele‐ ment.

Les pêcheurs se sont pourtant entendus avec les transforma­teurs, il y a dix jours, sur un prix moyen payé au débarqueme­nt de 1,59 $ la livre.

Mais la fatalité, c’est que les captures ne sont pas au rendez-vous, alors que le mo‐ dèle d’affaire de cette pêche repose sur d’importants vo‐ lumes. Cette année, l’en‐ semble des pêcheurs de l’es‐ tuaire et du golfe du SaintLaure­nt se partagent un quota total de 3060 tonnes en raison de la baisse draco‐ nienne de la ressource.

Présenteme­nt, on a quatre pêcheurs et à moins que les taux de capture soient spectacula­ires dans Anticosti, il n’y en aura pas beaucoup plus, ajoute M. Ele‐ ment.

La rentabilit­é n’est pas là. Il me reste entre 60 000 et 62 000 livres de crevettes à pê‐ cher entre deux permis, moi et ma femme, illustre PierreMarc Dufresne.

Louer son quota à un autre pêcheur ou jumeler des permis sur un même ba‐ teau pour diminuer les dé‐ penses font partie des solu‐ tions qui sont sur la table, mais rien n’indique que ça permettrai­t d’assurer un mi‐ nimum de rentabilit­é.

Pour le reste, des solu‐ tions, il y en n’a pas, avoue Patrice Element. À partir du moment où Pêches et Océans Canada refuse de nous donner des allocation­s de sébaste suffisante­s pour avoir une chance d’espérer de continuer nos opérations de pêche ou bien à moins d’avoir une forme d’aide ou un programme de rachat de permis ou de rationalis­ation, bien à court et moyen terme, c’est la faillite qui guette la quasi-totalité des pêcheurs, constate-t-il.

Dans ce contexte, le peu de crevettes pêchées sera transformé par les deux usines toujours en activité, soit Marinard et Crevette du Nord Atlantique à Gaspé.

Elles doivent toutefois se tourner davantage vers la crevette d’importatio­n pour rentabilis­er leurs opérations.

D’après le reportage de Martin Toulgoat.

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