Deux Acadiennes veulent faire revivre le « vieux style de danse » de l’Î.-P.-É.
Hélène Bergeron et sa fille Megan, toutes les deux mu‐ siciennes et danseuses, veulent documenter le vieux style de danse de la région Évangéline. Soute‐ nues financièrement par la Fédération culturelle de l'Île-du-Prince-Édouard, les deux Acadiennes réalisent un documentaire et sou‐ haitent proposer des ate‐ liers afin que ce vieux style continue à vivre.
Moi, je connaissais même pas le fait qu'il y avait un vieux style de danse jusqu'à plus récemment, lance Me‐ gan Bergeron.
Avec sa mère Hélène, elle explore depuis plusieurs se‐ maines des archives, des vieux journaux, questionne un historien, cherche dans des fonds universitaires, afin de faire remonter à la sur‐ face les vieux pas de ce que toutes les deux nomment le vieux style de danse.
Le style de danse d'un en‐ droit est un reflet du style de violon. Le vieux style de vio‐ lon, ici, le coup d'archet était vraiment particulier à cette région. La danse reflétait ça, c'était léger, c'était très spon‐ tané, explique Hélène Berge‐ ron.
Plus improvisé et moins chorégraphié, aux influences irlandaises, mi'kmaq et appa‐ lachiennes, ce style a laissé la place au cours des années 1960 et 70 à un style plus scénique et impressionnant, selon les deux danseuses. C'est la gigue telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Ça fait que là on com‐ mence à avoir des chorégra‐ phies où ce que tout le monde faisait la même chose, puis ça devenait beau‐ coup plus fait pour des per‐ formances sur les estrades, complète Megan Bergeron.
Une danse plus proche
Mais ce vieux style, même improvisé, avait ses propres codes, ses propres mouve‐ ments, son langage corporel.
Le talon est utilisé bien plus, détaille Hélène Berge‐ ron, avant d'en faire une dé‐ monstration. Contrairement à la gigue, elle utilise beau‐ coup moins la pointe des pieds, saute moins haut, fait trainer ses pieds sur le sol beaucoup plus.
Le plus gros défi pour moi, et je pense pour d'autres danseurs, d'ap‐ prendre le vieux style, c'est de vraiment désapprendre l'idée des pas spécifiques, mettre certains pas dans des certains ordres, avoir un plan quand tu vas danser ou même faire des pas planifiés parce que le vieux style, c'est improvisé, complète sa fille Megan, en soulignant le lien plus fort entre le vieux style et la musique qui était jouée. C'était juste à l'intuition. Hélène Bergeron
Transmettre une part de
En plus du documentaire, les deux passionnées aime‐ raient transmettre ce vieux style de danse au sein de la communauté.
Ça, c'est en discussion. Comment est-ce qu'on va en‐ seigner ça?, s'interroge Hé‐ lène Bergeron. Ça serait com‐ ment enseigner à quelqu'un comment rire spontanément, plaisante-t-elle.
Hélène Bergeron évoque une plateforme en ligne, où le monde pourrait voir le vieux style, en apprendre un petit peu, et la possibilité de créer des ateliers en per‐ sonne.
Toutes les deux insistent sur l'importance à leurs yeux de transmettre ces connais‐ sances, à l'image de la langue.
J'aime notre français, notre vieux français. Pour moi, c'est la même chose, c'est les vieux pas. C'est parti de notre héritage, notre iden‐ tité. C'est ce qui nous a for‐ més, confie Hélène Bergeron.
Le documentaire, subven‐ tionné par la Fédération culturelle de l'Île-du-PrinceÉdouard, devrait être prêt pour mars 2025. Le volet transmission, quant à lui, de‐ vrait débuter dans les pro‐ chains mois.